Du mystère à l’œuvre : dialogue sur l’œuvre architecturale de l’Anastasis

Une rencontre architecturale exceptionnelle aura lieu le 10 février 2018, dans le cadre de l’inauguration de l’Anastasis à Saint-Jacques de la Lande, en présence de Alvaro Siza, architecte de la nouvelle église.

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samedi 10 février à 17h

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Les trois intervenants

Le célèbre architecte portugais Àlvaro Siza, prix Pritzker 1992 (considéré comme le « Prix Nobel d’architecture »), qui a dessiné et conçu l’édifice, dialoguera avec l’architecte Odile Decq, connue notamment pour la réalisation du Frac Bretagne à Rennes ou du Musée d’art contemporain de la ville de Rome. Étienne Taburet, ancien élève de l’École des Beaux-Arts de Rennes et fondateur de l’agence Aître, animera cet entretien qui fera se rencontrer deux univers architecturaux hors du commun.

VOIR AUSSI : Inauguration et consécration de l’Anastasis, nouvelle église de St Jacques de La Lande

 

Questions à Etienne Taburet, animateur du débat

Etienne Taburet © Etienne Taburet

Que représente la nouvelle église Anastasis pour vous ?

Monseigneur Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, en choisissant d’accueillir la proposition d’Álvaro Siza pour la Paroisse Saint-Jacques, a choisi le maître d’œuvre d’une église diocésaine et, ce faisant, a peut-être ouvert largement l’imaginaire architectural des chrétiens qui fréquenteront cette paroisse et plus largement de tous les croyants qui pourront s’interroger sur l’architecture des lieux de culte.

L’édification de l’Anastasis est aussi un événement pour les amateurs d’architecture impressionnés par cette forme qui interpelle nos représentations des lieux au ban du rayonnement, centré, des villes mais aussi pour tous les promeneurs, les automobilistes et tous ceux qui croiseront cette forme sans nécessairement avoir choisi de la voir.

Ce que je comprends, c’est que l’Église Catholique en Ille-et-Vilaine ne souhaite pas limiter cette œuvre au programme ou à la nécessité culturelle d’avoir, au cœur d’une ville, un point de repère symbolique. L’enjeu de l’inauguration d’un tel lieu dépasse largement la sphère des usages ou des croyances personnelles et communautaires. Il invite le diocèse à accompagner cette ouverture par une rencontre artistique.

Vue de l’Anastasis à St-Jacques-de-la-Lande, qui sera inaugurée le dimanche 11 février 2018. Œuvre de Alvaro Siza © Diocèse de Rennes (cliquer sur l’image pour l’agrandir).

Comment allez-vous mener l’entretien entre ces deux « monstres sacrés » de l’architecture contemporaine ?

La problématique retenue est : du mystère à l’œuvre. Il s’agit ici d’interroger et de penser le passage, la transmission et l’ouverture d’un dessein à sa matérialité et peut-être aussi, par analogie, de permettre à des champs distincts de se rencontrer. Comment, dans nos images architecturées, peintes et sculptées, au-delà de l’ornement, apparaît un mystère ? Qu’apprenons-nous de cette œuvre ?

Cette rencontre sera un mouvement de la forme aux idées et de l’idée aux formes, un passage d’une interrogation à un processus. Nous converserons de ce que l’architecture matérialise du programme à sa fréquentation par les usagers, du dessin au béton, du site jusqu’à sa perception dans l’espace public.

Les éclairages apportés par ces conversations, que nous souhaitons nécessairement pluriels, prendront peut-être un sens particulier pour les chrétiens. Par analogie, ils y trouveront la matière d’un discernement sur la spécificité radicale du christianisme : le mystère de l’incarnation.

Les deux architectes

Àlvaro Siza © Diocèse de Rennes

Àlvaro SIZA

Né en 1933 à Matosinhos (Nord du Portugal), Siza est diplômé de l’École supérieure des beaux-arts de Porto en 1955, où il suit un enseignement sur la peinture, la sculpture et l’architecture. Les dessins, paysages, portraits et carnets de voyages lui permettent de développer sa capacité à voir, outil de l’architecte.

Siza devient l’élève de Fernando Távora, puis il collabore avec son agence entre 1955 et 1958 où il obtient deux importants projets à sa propre charge: la piscine dans la Quinta da Conceição (1958) et le salon de thé, le Boa Nova à Leça da Palmeira (1958-1963). Ces premiers projets montrent la capacité caractéristique de Siza à intégrer ses créations avec les qualités distinctes de leur environnement.

Il collabore avec Eduardo Souto de Moura, sur le pavillon du Portugal de l’Expo ‘98 à Lisbonne et à l’Expo 2000 à Hanovre, ainsi que sur le pavillon d’architecture de la Serpentine Gallery de 2005. De renommée internationale, Siza participe à de nombreuses conférences et séminaires à travers l’Europe, en Amérique du Nord et du Sud ainsi qu’au Japon. Il a été invité à enseigner à l’École polytechnique de Lausanne, l’université de Pennsylvanie, l’université des Andes de Bogota, et à l’université Harvard Graduate School of Design de Kenzo Tange tout en continuant d’enseigner à l’École d’architecture de l’université de Porto.

Il fait partie de l’École de Porto, qui, avec Carlos Ramos et Fernando Távora, est à l’origine du courant appelé par l’historien de l’architecture Kenneth Frampton le « régionalisme critique ». Ils définiront l’identité architecturale portugaise en considérant que « La tradition est un enjeu pour l’innovation »

Sensible aux paysages, à la topographie, aux agencements spatiaux, Àlvaro Siza poursuit dans ses différentes réalisations une réflexion esthétique très élaborée, par le moyen du dessin il invente le lieu qu’il représente, pour voir ce que le plan et la coupe ne lui disent pas. Il lui arrive de refuser des projets parce qu’il pense que les conditions ne sont pas réunies pour les réaliser correctement.

Odile Decq © Franck Juery

Odile DECQ

Odile Decq, architecte française, a vu sa notoriété et le succès de son agence fondée en 1978 se développer toujours plus. Son travail est un univers complet, au sein duquel se côtoient, s’interpellent, se répondent l’architecture, l’urbanisme, le design et l’art. À son style direct, à sa personnalité affirmée et fantasque, répondent son architecture aux géométries audacieuses et ses créations innovantes dans le domaine du design.

Parmi les réalisations de cette femme pionnière et passionnée, citons le Musée d’Art Contemporain de Rome (MACRO), le restaurant de l’Opéra Garnier de Paris (Phantom), le siège de GL Events à Lyon, le FRAC Bretagne, et l’année dernière un incubateur de startups à Paris, Le Cargo. Engagée dans son art, Odile Decq a reçu en 2016 le prix Jane Drew attribué par The Architects Journal à une personnalité « possédant une force créative, préconisant un dépassement des règles et prônant l’égalité ». En 2017, elle reçoit le prestigieux « Lifetime Achievement Award » d’Architizer pour l’ensemble de son œuvre construite, ainsi que son engagement, sa contribution et son apport au débat sur l’architecture.

Elle a récemment fondé sa propre école d’architecture à Lyon : le Confluence Institute for Innovation and Creative Strategies in Architecture.

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