Ordination diaconale de Guillaume Camillerapp : « Diacre veut dire serviteur »

Dimanche 17 janvier 2016, Guillaume Camillerapp a été ordonné diacre en vue de la prêtrise par Mgr Nicolas Souchu, évêque auxiliaire du diocèse de Rennes. La célébration avait lieu à Saint-Malo en l’église de Paramé. Reportage photo et homélie.

Guillaume est actuellement en 6e année de formation au Séminaire Saint-Yves de Rennes.

Il présente rapidement son parcours « J’ai 36 ans. Je suis né à Rennes et y ai grandi pendant 20 ans, puis j’ai travaillé pendant un an au Dinard Golf à Saint-Briac sur Mer. J’ai ensuite passé un an à l’École de la foi de Coutances, un an dans une communauté de l’Arche de Jean Vanier en Charente (communauté N.-D. de la Merci à Courbillac) puis 6 ans de vie religieuse. Finalement, je suis entré au séminaire, et j’ai fais en plus un an de stage, entre l’année de philosophie et celle de théologie, pour m’occuper d’un foyer d’étudiants à Angers. »

 

Reportage photo de Jean-Matthieu Gautier

Ordination diaconale Guillaume Camillerapp

Homélie de Mgr Nicolas Souchu

Frères et Sœurs,

Vous en conviendrez, les textes de ce deuxième dimanche du temps ordinaire qui viennent d’être proclamés, éclairent d’une manière particulière la célébration de l’ordination diaconale de Guillaume Camillerapp que nous sommes en train de célébrer au cours de cette messe. En effet la première lecture tirée du livre du Prophète Isaïe nous invite à devenir la joie de notre Dieu, ce qui est bien le cas pour notre assemblée au jour de l’ordination diaconale de Guillaume. La seconde lecture, tirée de la première lettre de Saint Paul aux Corinthiens, nous permet de comprendre ce Peuple de Dieu dont nous sommes. Celui-ci est animé par l’Esprit et non pas d’abord par nos propres forces, ce qui nous rassure et qui rassurera Guillaume dans l’exercice de son futur ministère. Il distribue ses dons comme il veut, en vue du bien. C’est ce que nous vivons aujourd’hui depuis que Guillaume a été appelé par notre archevêque à être ordonné diacre. Grâce à Guillaume, à tout son cheminement qui l’a conduit jusqu’à ce jour, grâce à sa famille, à ses éducateurs, aux membres des communautés chrétiennes qu’il a connus ou dont il a partagé la vie, comme la paroisse Notre-Dame de Bonne Nouvelle de Rennes, l’Ecole de la Foi, la Communauté de l’Arche, le prieuré Sainte Marie de la Cotellerie et la paroisse Saint Patrick d’Alet ici à Paramé, sans oublier le séminaire Saint Yves de Rennes, nous voici obligés de lire cet évangile des noces de Cana de manière tout à fait particulière.

En effet, diacre veut dire serviteur. Et ceci nous invite à lire cet évangile selon Saint Jean sous l’angle des serviteurs. Ce qui nous permettra de mieux comprendre quel est ce ministère de diacre auquel Guillaume est appelé, dans le cadre de sa formation au ministère de prêtre et de quelle manière nous pouvons ici en être tous témoins.

Pour cela il nous faut examiner tout d’abord la demande de Marie aux serviteurs.
Il nous faudra ensuite regarder les ordres de Jésus aux serviteurs.
Enfin, nous pourrons nous mettre au cœur même de ce que savent les serviteurs.

En cette fête de Notre-Dame de Pontmain, chère au cœur de Guillaume, regardons quelle est la relation entre Marie et les serviteurs. Il faut tout d’abord bien avouer que Marie est comme la maîtresse de maison de ce mariage. Au début de cet évangile, elle est citée avant même la présence de Jésus : la mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. C’est elle qui dit à Jésus : ils n’ont pas de vin. Et malgré une réponse de Jésus un peu dure, elle va s’adresser directement à ceux qui servaient en leur disant : Tout ce qu’il vous dira, faites-le. Marie nous donne donc la mission de ce qu’est le serviteur selon l’Evangile : faire ce que dira Jésus. Guillaume, c’est pour cela que j’aurai la grâce de te donner l’Evangile une fois que je t’aurai imposé les mains. Un Père de l’Eglise disait que l’évangile c’est la mitre de l’évêque puisque celui-ci le reçoit sur ses épaules et sur la tête au jour de son ordination épiscopale. Tu pourras ainsi répondre à cette demande de la Vierge Marie, Tout ce qu’il vous dira, faites-le, qui constitue d’ailleurs sa phrase testament, puisque nous n’avons pas d’autres paroles de la mère de Jésus dans cet évangile selon Saint Jean.

Quels sont les ordres de Jésus aux serviteurs ? On peut les résumer en trois mots : remplissez, puisez, portez. Il faut être clair ; ce ne sont pas les serviteurs qui transforment l’eau en vin, mais ils font exactement ce que Jésus leur a dit de faire.

Remplir d’eau les jarres : le texte nous fait comprendre que les serviteurs n’ont pas eu peur puisqu’ils les remplirent jusqu’au bord. L’eau était destinée à des jarres de purification. L’eau est celle de la vie nouvelle reçue au baptême et comme ministre de l’Eglise, Guillaume aura la grâce de baptiser, de présider les obsèques puisque c’est une célébration baptismale, et de présider à la célébration des mariages. Comme les serviteurs de l’Evangile, n’aie pas peur de remplir jusqu’au bord les jarres de nos vies qui ont tant besoin d’être purifiées notamment en cette Année du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde.

  • Maintenant, puisez : si les serviteurs doivent puiser, c’est pour distribuer. Guillaume, tu auras à distribuer le don de Dieu : sa Parole, ainsi que tu auras à distribuer le Corps et le Sang du Seigneur, bien sûr au cours de l’eucharistie, mais également auprès de nos frères et sœurs malades, auprès des pauvres et des petits dont ton ordination diaconale en fait tes préférés.
  • Portez-en au maître du repas : c’est lui qui va constater que l’eau est changée en vin. Par leurs actions, les serviteurs vont aider à cette constatation de changement, de conversion. Guillaume, dans ta vie, ta posture de serviteur pourra avec la grâce de Dieu, permettre des constatations de changement, de conversion. Par exemple, tu viens de t’engager au célibat. Suivant la manière dont tu vas le vivre, tu aideras à entrer dans ce processus. Soit, tu seras un « céli-battu » et on n’aura pas envie de vivre ton témoignage, soit, tu seras un « céli-battant » et alors tu pourras mieux conduire ceux qui te seront confiés au Christ. Tel que je te connais et comme je t’ai vu dans certains rassemblements diocésains de jeunes, tu es plutôt un « céli-battant » qu’un « céli-battu » !

Enfin, nous pouvons entrer dans le cœur même de ce que savent les serviteurs. Ceux qui servaient savaient bien d’où venait ce vin, eux qui avaient puisé l’eau, nous dit l’Evangile. A Cana, il n’y a rien à voir. La transformation ne concerne pas la vue, mais le goût. C’est par cette transformation secrète de l’eau en vin que la gloire de Jésus s’est manifestée, dit la fin du texte. Jésus nous transforme aussi secrètement, il touche le plus secret de notre vie. C’est ce qui arrive aujourd’hui pour Guillaume qui va maintenant être ordonné diacre en vue du sacerdoce.

C’est bien par le manque que Dieu nous parle souvent, comme ici à Cana. Les temps de crise peuvent être ceux où nous sommes ramenés aux questions fondamentales qui nous invitent à puiser profond au fond de nos jarres. Car c’est au fond de la cuve, c’est-à-dire dans notre conscience, que nous vivons la transformation silencieuse de la grâce.

Que la Vierge Marie, Notre-Dame de Pontmain, qui connait notre manque, le présente au Seigneur Jésus son Fils, afin que nous nous laissions transformer par sa grâce, comme Guillaume aujourd’hui par son ordination diaconale, et que la foi augmente en nous pour que nous devenions chaque jour davantage des Serviteurs de la Miséricorde.

+ Nicolas Souchu
Évêque auxiliaire de Rennes