Pour sauver de l’oubli… l’église Saint Marc !

Communauté Chrétienne n° 182 de Juin 2017

Il y a des Eglises qui poussent dans le paysage urbain et il y a des Eglises qui disparaissent. Ainsi en est-il de l’église St Marc, rasée aux mois de mars-avril derniers.

Je fais partie de ceux qui l’ont vue pousser, là, tout près de la « baraque verte », comme on l’appelait à l’époque ; je fais partie de ceux qui ont habité ce lieu en premier, et– à nouveau – de l’équipe qui la voit disparaître. Alors me reviennent quelques souvenirs, plus ou moins drôles, de cette époque où j’habitais l’une de ces « églises hexagonales » qui poussaient comme des champignons un peu partout dans notre diocèse : St Marc, bien sûr, mais aussi St Marcel, Ste Elisabeth et St Benoît dans le sud de Rennes, puis Fougères, Redon et d’autres encore comme La Baule les Pins… Je peux dire que j’ai aimé célébrer l’Eucharistie dans ce lieu. La proximité des participants était une des caractéristiques. Il est toujours bon de voir les yeux de ceux à qui on parle, et la présidence d’une célébration n’échappe pas à cette règle. C’était un lieu où il m’était facile d’utiliser la guitare, souvenez-vous ! Les 3 « alvéoles » en demi-cercle nous permettaient de communiquer facilement. Et puis nous nous sentions proches des habitants des rues de Guyenne, Saintonge, Gascogne…

Oh bien sûr, ces constructions étaient… fragiles ! Avant de commencer la célébration les jours de pluie, il fallait préparer les seaux, les cuvettes pour éviter d’être inondés. Je me souviens d’une fois où certains avaient dû ouvrir le parapluie ! ! ! Et puis, les portes forcées, cassées, vandalisées…

Après cette première équipe, et vous le découvrirez dans les témoignages qui suivent, le diocèse a demandé aux Spiritains de créer un centre missionnaire Poullart des Places. Tout le monde se souvient de la chorale inter-peuples et des animations qui s’y tenaient. J’étais en banlieue parisienne alors, si bien que je n’ai pas su comment et pourquoi il a été décidé d’abandonner ce lieu d’Eglise. Il s’en est suivi la période un peu tourmentée du squat, je crois, puis l’église a été murée et le terrain vendu. C’est avec un peu de nostalgie que certains d’entre vous se souviendront peut-être d’événements joyeux ou douloureux, de baptêmes, de mariages, d’obsèques célébrés à St Marc. Et ça, on ne le rasera pas !
Gérard, un des 4 premiers prêtres « locataires » du lieu

Témoignage d’une paroissienne qui habite tout près de l’ancienne église Saint Marc 

Saint Marc : un ensemble de petits bâtiments, comme qui dirait des ‘cases en béton’ à la périphérie de Villejean…Voilà ce qui m’a incitée à venir loger dans ce quartier. De mon arrivée en 1998 jusqu’en 2009, j’y ai été témoin de toute une vie, ponctuée d’événements, de rencontres, d’échanges, de fêtes…
A l’église Saint Marc, le dernier samedi de chaque mois, la chorale inter-peuples animait la messe dominicale et on y entendait des chants en lingala, en éwé, en sango, en kiswahili, parfois en tamoul et même… en breton !
La messe de la nuit de Noël était précédée d’une veillée pour les enfants et les jeunes : une année, on a même entendu une conversation entre l’âne et le bœuf de la crèche dans un dessin animé projeté sur l’écran.
Je me souviendrai toujours de cette vigile pascale : dehors, devant l’église, avant que jaillisse le feu nouveau, des tam-tams funèbres ont retenti dans les ténèbres, pour exprimer l’angoisse d’une humanité sans l’espérance de la Résurrection. Plus tard, à l’intérieur de l’église, de magnifiques diapos illustraient la lecture du livre de la Genèse en soulignant la beauté de la Création, puis le récit de la libération d’Israël en exaltant les merveilles de Dieu…soutenant l’attention de tous….
Et que dire de la Pentecôte des Nations, présidée par Mgr Saint Macary : ces bannières représentant 25 nationalités, ces costumes aux étoffes et couleurs éclatantes de divers pays d’Afrique et d’Asie, avec une mention spéciale pour les Hmong du Laos….ce rite tamoul de l’offrande de l’encens par les femmes qui bénissaient le célébrant…ces danses jubilatoires exécutées pendant la procession des offrandes et après la communion, accompagnées de chants de toute beauté et du ‘youyou’ des femmes africaines surprenant les oreilles occidentales !
D’entendre chanter en un même lieu, tous les membres de la chorale Inter Peuples, en langues de différents pays d’Afrique, c’était une occasion privilégiée pour les Africains de prendre conscience d’appartenir à un même continent ! Un prêtre burkinabé de passage me dit à quel point cela l’avait saisi…et enchanté !
Ces célébrations festives attiraient un public international parfois venu de l’extérieur de Rennes…et du département : comme la messe des Rwandais en avril…Elles se prolongeaient dans la grande salle du centre Poullart des Places par un pot d’amitié ou un repas de fête aux saveurs des cinq continents !L’Amérique latine n’était pas oubliée : plusieurs années de suite, en décembre, on a fêté la Guadalupe (Notre Dame de Mexico) avec des chants en espagnol.
La salle du Centre Poullart a vu aussi bien des rassemblements, des rencontres de coopérants de retour, des journées de lancement de l’année missionnaire, des soirées du groupe mennaisien ’Pain-Vie- Partage’, des réunions de l’association ‘l’Afrique en mouvement’ etc. On y a entendu des témoignages bouleversants de chrétiens indiens, vietnamiens…A la question :’après 3000 martyrs en 4 siècles, comment se fait-il qu’il y ait encore des Vietnamiens à devenir chrétiens ?’ Pourrait-on oublier cette réponse :’ Quand on a trouvé un  trésor, on fait tout pour le garder’ ?
De la communauté spiritaine, je retiens l’hospitalité, la collaboration dans la préparation des rencontres, la disponibilité, la simplicité des échanges, le sourire de Bède…la joie communicative d’Augustin !
Septembre 2009 : fermeture de Saint Marc. La communauté spiritaine et le centre Poullart des Places s’en vont dans une maison rue Jean Guéhenno, les paroissiens de l’église St Marc rejoignent St Luc. Et la chorale Inter Peuples ? Elle se trouve dispersée dans la paroisse Bx F.Ozanam (Maurepas), Sainte Elisabeth (Blosne), sans doute des ‘rescapés’ se retrouvent-ils à St Luc ? Ah si ‘l’esprit de St Marc’ pouvait les pousser à se manifester au cours de la liturgie des grandes fêtes qu’elle rendraient encore plus belles, plus joyeuses et plus significatives de l’Eglise Famille…Ce rêve deviendra-t-il réalité ?
Jacqueline C.

Maintenant la parole au Père Augustin, qui a laissé en nos mémoires sa  joie communicative !

Quelle  tristesse quand j’ai vu sur la page de Facebook de Yann Leprince, la photo de l’église Saint Marc, taguée de toutes les couleurs, avant d’être démolie. J’ai ressenti une douleur au ventre comme si c’étaient mes 7 années de vie dans le presbytère de cette église qui venaient d’être rayées. Mais cette tristesse n’a guère duré, car aussitôt, le fait de me remémorer ces lieux, m’a rappelé les beaux souvenirs de la vie que j’ai vécue dans cette paroisse entre 2002 et 2009.  Ce souvenir pourrait se raconter en trois volets :

  1. L’insertion pastorale à la paroisse Saint Luc : Cette église Saint Marc faisait partie de la paroisse Saint Luc où j’ai eu un grand plaisir à travailler avec une sympathique équipe pastorale avec le Père Jean Delaunay comme curé. Nous avions comme slogan « aller vers ». Ne pas avoir peur d’aller à la rencontre et d’accueillir humainement les gens tel qu’ils sont. Aujourd’hui, le Pape François dirait « aller aux périphéries », non seulement aux périphéries géographiques mais aussi existentielles. Chaque sortie paroissiale sur la dalle Kennedy était une occasion de rencontres enrichissantes avec les gens qu’on n’aurait jamais pu rencontrer en Eglise.
  2. La communauté inter peuples : La communauté inter peuples avec les pères spiritains ont vécu un temps inoubliable dans cette église Saint Marc. Cette communauté composée des gens de tous les pays avait donné l’occasion aux gens venant d’ailleurs de vivre des célébrations eucharistiques d’une autre façon, avec du rythme et de la chaleur du Sud, grâce à la Chorale inter peuples. La plupart des membres de cette chorale venait de l’Afrique, alors le tam-tam était au rendez-vous.
  3. La communauté Spiritaine : Les pères spiritains ont vécu en communauté pendant plusieurs années dans le presbytère de cette église à la forme « bizarre », mais qui est devenue pendant de nombreuses années un melting pot de toutes les cultures. En communauté, on y vivait une expérience spirituelle et conviviale forte. Le tout, en mangeant la bonne nourriture que la sœur Marie-Michelle nous faisait bénévolement. On avait la responsabilité d’accompagner la communauté interpeuples. Cette responsabilité m’a permis de réaliser pleinement que la différence entre les peuples est une richesse.

Même si cette  église Saint Marc, aujourd’hui, est devenue poussière,  mes souvenirs ne passeront jamais le sablier du temps.
Père Augustin ONEKUTU (spiritain)

Maintenant la parole à Sr Marie-Michelle qui est en communauté, rue du Nivernais, depuis 25 ans.

Pendant 10 ans, j’ai eu la chance d’être maîtresse de maison chez les Spiritains à Saint-Marc. Cela m’a permis d’élargir mes horizons sur la vie de ces missionnaires. J’en ai connu plusieurs dont Pierre Loubier, Raymond Jung, Louis-Marie Retailleau maintenant à Langonnet (56) où il est économe de cette maison de retraite où se trouve François Le Hellaye ; j’ai connu Jean Gardin, actuellement évêque à Impfonso au Congo-Brazza, Christian Cortinovis qui vient de vivre 8 ans dans un ermitage à Saint Guilhem le Désert dans l’Hérault. ; Michel Thomas maintenant en Martinique. Augustin Onekutu qui a marqué les paroissiens de Saint Luc par ses chants quand il venait célébrer. Ils ont dû quitter St Marc à cause de l’humidité des lieux.

Leur fondateur Poullart des Places étant rennais, ils ont acheté une maison rue Jean Guéhenno à Rennes, où vivent Pierre Loubier et Raymond Jung.
Sr Marie- Michelle L.

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Le mardi :

  • à 10 h 15, partage sur l’évangile du dimanche suivant
  • de 15 h 30 à 16 h 30, moment convivial autour du chapelet.

le Vendredi :

  • de 9h30 à 11 h : Café paroissial au cœur du marché, dans les salles sous l’église. Accueil, partage, informations. Ouvert à tous.

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