Homélie du 30è dimanche ordinaire a 2017

30è dimanche ordinaire a 2017

Dimanche dernier, les pharisiens voulaient coincer Jésus sur l’impôt payé à César, aujourd’hui ils veulent le coincer sur le grand commandement de l’amour : aimer Dieu et aimer son prochain. On pourrait être tenté de dire : encore ! tant cet évangile revient souvent… Surement parce que ce commandement revenait souvent dans la bouche de Jésus : pour lui, rien n’est plus important que d’aimer Dieu notre Père qui nous aime tant et qui fait de nous des frères.

Les pharisiens cherchent à mettre Jésus à l’épreuve. Ils savent pourtant parfaitement qu’aimer Dieu est le commandement suprême. Tous les juifs pieux ont l’habitude de prier 5 fois par jour avec ce passage de l’écriture : écoute Israël, tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton esprit et de toute ta force. Le piège tendu à Jésus visait son enseignement et ses actes. Ses adversaires le voyaient vivre la proximité avec les gens, avec les blessés de la vie, guérir les malades, même le jour du sabbat. Et voilà, c’en est trop, il ne respecte pas scrupuleusement la loi.

Dans sa réponse à l’un des pharisiens, un docteur de la loi, un maître de la loi, Jésus ajoute : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Jésus met ces deux commandements ensemble pour nous révéler qu’ils sont inséparables et complémentaires. Jésus adresse aux pharisiens une ultime invitation à se conformer vraiment avec la loi qu’ils prétendent défendre et appliquer. Mais en réalité, c’est bien un reproche qu’il leur fait : au nom même de la loi, vous avez oublié le commandement de l’amour. Avec Jésus on n’est jamais sous la loi de la règle, on est toujours sous la seule loi de l’amour.

On ne peut aimer Dieu sans aimer son prochain. Et on ne peut aimer le prochain sans aimer Dieu.

Qu’est-ce qu’aimer Dieu, qu’est-ce que ça implique concrètement dans nos vies ? C’est la grande question, et la grande réponse à donner par la foi chrétienne de tous les temps. Déjà le livre de l’Exode, dans un langage très actuel, vient de nous dire : l’immigré, tu ne l’exploiteras pas, ainsi que la veuve et l’orphelin ; tu ne prendras pas en gage le manteau de ton prochain : il n’a que cela pour se couvrir quand il fait froid… Ca me fait penser aux migrants de Calais qui dorment à même le sol, et à qui la police confisque les sacs de couchage pour les prier de déguerpir… Oui, comment aimer son prochain en vérité dans toutes ses situations de souffrance de notre monde d’aujourd’hui ?

Dieu attire notre attention sur les personnes fragiles qui dépendent de la bienveillance des autres. Il se désolidarise des agissements coupables en déclarant qu’il répondra au cri des humbles. St Paul dans la seconde lecture, dans sa lettre aux Thessaloniciens, nous a parlé d’accueil. Il congratule les chrétiens de cette ville pour l’accueil qu’ils ont réservé à sa prédication et à sa personne. Ils ont accueilli en vérité la Parole de Dieu, ils se sont convertis en se détournant de leurs idoles. Ils ont mis Dieu au centre de leur vie. Ils sont ainsi en quelque sorte, pour ceux qui les entourent, des modèles de foi et d’amour.

Nous aujourd’hui, nous vivons dans une société qui cherche à mettre Dieu en dehors de sa vie, Dieu hors-course, Dieu au loin…. C’est ainsi que fonctionne une laïcité mal comprise, alors qu’une société aurait tellement à gagner de cette foi chrétienne qui se traduit concrètement en actes, où justement aimer Dieu et aimer ses frères ne fait qu’un. Aimer Dieu et aimer son prochain, c’est une manière d’être. C’est une manière d’être croyant, et c’est une manière d’être plus humain. C’est une manière d’être citoyen, père et mère de famille, prêtre, religieuse, et même Pape !… Aujourd’hui de nombreux chrétiens sont tournés en dérision. D’autres sont victimes de persécutions : c’est dans ce monde tel qu’il est que nous avons à témoigner de l’amour qui est en Dieu, et que Dieu nous communique pour aimer en vérité nos frères.

Je crois que tous ces textes de la parole de Dieu aujourd’hui nous invitent à nous tourner vers le Christ lui-même. Ce qu’il nous demande, il l’a vécu lui-même jusqu’au bout. Au soir du Jeudi-Saint, il disait : comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. Il ne s’agit plus d’une simple loi écrite, mais il s’agit de sa propre personne, de sa propre vie qu’il a donnée jusqu’au bout. Et c’est le Christ qui continue à insuffler son Esprit-Saint en nous, pour animer de son amour nos pensées, nos paroles et nos actes. Ce que nous faisons au plus petit d’entre les siens, c’est au Christ lui-même que nous le faisons : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait… Dans notre monde dur et violent, où se multiplient les personnes fragilisées et exclues, à travers chacun et chacune d’entre elles, c’est le Christ qui est là.

Nous nous sentons bien démunis face à toutes ces situations. Alors, comme Mère Térésa, à qui une sœur venait lui confier une situation difficile, Mère Térésa proposa à sa communauté de passer une heure de plus en prière. Oui, c’est auprès du Seigneur que nous apprenons à aimer comme lui et avec lui.

Alors, en prenant la feuille paroissiale, nous pouvons faire monter ensemble cette prière de St François :

Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix, 

Là où est la haine, que je mette l’amour. 

Là où est l’offense, que je mette le pardon. 

Là où est la discorde, que je mette l’union. 

Là où est l’erreur, que je mette la vérité. 

Là où est le doute, que je mette la foi. 

Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.

Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière. 

Là où est la tristesse, que je mette la joie. »