Histoire du Sanctuaire Notre-Dame de la Peinière

SOMMAIRE DE LA PAGE

 

 

Notre Dame de la Peinière, Saint Didier, Diocèse de Rennes, Ille-et-Vilaine

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L’église du Village de Saint Didier

Imaginez un délicieux petit village de l’Ile et Vilaine, situé parmi d’autres villages pittoresques et fleuris.
C’est le site choisi par Marie pour attirer les pèlerins à ses pieds.
C’est la campagne de Vitré, la grâce délicate et souriante aux molles ondulations soulignées çà et là, par des chaînons de rochers, à travers lesquels la Vilaine limoneuse s’est tracé un sillon pittoresque.

 

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La chapelle de La Peinière, achevée en 1900

La chapelle Notre Dame de la Peinière est érigée dans un vallon encaissé et marécageux, à quelques mètres de la Vilaine et de la voie ferrée Paris Brest.
Lorsqu’on se voyage en chemin de fer et qu’on se trouve entre les Lacs et Châteaubourg ; il faut être attentif pour apercevoir la Vierge dorée qui surmonte le clocher de la chapelle.
C’est à peine si elle se détache au milieu des arbres qui l’environnent.


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Le vocable Notre-Dame de la Peinière

Le culte de Notre Dame de la Pëinière remonte au moins au XVIe siècle.
En 1534, un acte notarié signale pour la première fois l’existence du village de la Peinière appartenant au Seigneur du Val.
Un autre document du 11 février 1630, tiré des registres paroissiaux de Saint Didier, nous apprend qu’il existait déjà une procession au village de La Peinière et à partit de 1678, les registres des comptes de la fabrique parlent très souvent de l’origine de la Painnière, de la Peignère, de la Paignaire ou de la Pesnière.

D’après certaines recherches, le mot Peignière s’entend, d’un lieu où l’on peignait la laine, le chanvre ou le lin, soit d’un lieu où l’on fabriquait des peignes.
Mais le peuple chrétien ne s’embarrasse pas d’explication étymologiques, il s’est servi du mont Peinière pour traduire d’une façon naïve et pieuse sa dévotion à la Vierge Marie qui a connu la douleur et qui est capable de consoler ceux qui sont dans la peine.


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La statue de Notre-Dame de la Peinière

La découverte de cette statue aura comme il se doit sa part de légende et de tradition populaire, qui décèle , sans doute , une part plus ou moins importante de vérité.image003
D’après des fouilles, faites dans les champs qui avoisinent le sanctuaire de la Peinière, le village était autrefois plus important qu’aujourd’hui.
Parmi les constructions découvertes, l’une d’elles devait appartenir à un ermite , c’était une simple maison , près d’une fontaine.


Un jour, un paysan du nom de Chopin, voulant remettre en culture un terrain abandonné, heurta du soc de sa charrue un bloc informe recouvert de terre, intrigué, il gratta l’argile qui adhérait à ce bloc et reconnut une statuette de la Vierge, en bois, assez grossièrement sculptée, qu’il emporta le soir dans sa maison.


Le lendemain, il fut étonné de ne plus retrouver la statuette chez lui.
Elle avait disparu, quand il la trouva près de la fontaine, où la veille, il l’avait découverte.
Le soir de ce même jour, il remporta la statuette dans son logis, le même phénomène se reproduisit.
Il avertit le recteur de Saint Didier.
Celui-ci mit la statue dans sa chambre et prit soin d’en fermer la porte pendant la nuit. Le jour suivant, on retrouva encore une fois, la statue auprès de la fontaine.
La preuve était faite que la Vierge Marie voulait être honorée là où l’on avait exhumé sa statue. Ce fait du se passer vers la fin du XVIe siècle.


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La statue dorée de Notre-Dame

La statue dorée que nous honorons à la Peinière paraît devoir remonter au XVIe siècle :
L’étude de son costume, le voile ou guimpe qui recouvre sa tête et qui descend en pointe au milieu du front, ce qui était à la mode au temps de Catherine de Médicis, permets de dater la statue aux environs de 1550.

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On croit communément qu’elle aurait appartenu à un ermite qui habitait le village et l’aurait quitté du fait des guerres de religion.
L’actuelle statue, placée habituellement dans la chapelle, est assez petite et sculptée de façon très simple
Jusqu’aux fêtes du couronnement, en 1926, la statue était minuscule, quelques centimètres de bois doré seulement.
En effet, il ne restait plus que la tête et le buste : ceci dû sans doute, soit à une mutilation, datant peut être de l’époque révolutionnaire, soit à une décomposition du bois au cours des âges ; la partie conservée menaçait de tomber en poussière.

Aussi à l’occasion du couronnement en 1926, on lui fait retrouver forme et taille primitives.
Le sculpteur de cette statue n’a sans doute pas pensé qu’elle attirerait les foules à ses pieds.
Comme un iconographe, il a voulu faire passer à travers son œuvre, quelque chose de ses états d’âme.
Qui était-il ? Et qu’a t-il voulu dire à la Vierge ?
Suivant une tradition populaire c’était un ermite qui a voulu montrer Marie, le visage penché vers la terre.

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Elle ramène son bras gauche sur son Cœur, et de la main droite elle retient son manteau.
A la voir on ne peut s’empêcher de penser au passage de l’Évangile :
Marie conservait toutes ces choses dans son Cœur.
On pourrait lui donner le titre de Notre Dame de la Vie intérieure ou de Notre Dame du Recueillement.
Cette attitude répondrait bien aux désirs d’un ermite.
Une autre explication a cependant prévalu :
L’artiste a confié ses peines à la Vierge et c’est pourquoi elle penche vers lui son visage, que l’on dit triste, pour écouter ses enfants de la terre.
Elle ramène son bras gauche sur son Cœur, pour montrer qu’elle garde précieusement tout ce que l’on confie à Son Cœur Maternel, et de sa main droite, elle retient son manteau pour faire voir avec quel soin. Elle protège ceux qui se réfugient près d’elle.
chanoine Durocher

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La chapelle de Notre Dame de la Peinière

Il vaudrait mieux mettre au pluriel car plusieurs chapelles se sont succédées :
Un oratoire existait déjà au XVIIe siècle de dimensions assez restreintes, fait d’une mauvaise charpente supportée par quatre poteaux encadrant des murs ; il abritait un autel que dominait la statuette. On voyait dans cet oratoire des béquilles, guenilles et bâtons que des pèlerins y avaient déposé, en témoignage des guérisons obtenues dans ce lieu.

Que devenait cet oratoire pendant la tourmente révolutionnaire ?
On raconte qu’une bande de bleus arriva un jour au village de la Peinière, il pénétrèrent dans la chapelle et s’emparèrent de la statue qu’ils croyaient en or.
Un des bleus voulant s’assurer de la valeur de la statue, la lança contre le mur.
Au choc, un doigt de celle ci se cassa.
Déçus, les sans-culottes l’abandonnèrent dans la chapelle.

Après le passage des bleus, la statue fut cachée dans une huche par Mme Augeard, propriétaire du Pré de Notre Dame.
Longtemps, on montra cette huche comme une relique.
Des écrits témoignent que pendant la tourmente les pèlerins continuaient à affluer et quand le calme fut revenu, les pèlerinages reprirent de plus belle.

Ce pèlerinage qui était resté, malgré tout local, devint diocésain et régional, sous l’impulsion de divers recteurs qui s’y sont succédé et avec la bienveillance de l’Archevêque de Rennes…
Les pèlerins réclamaient un sanctuaire plus grand.
L’appel fut entendu.
On commença les travaux au printemps 1839, et un an après, une chapelle de trente et un pieds de long et vingt pieds de large fut bâtie près de l’antique fontaine.

A partir de 1842, le pèlerinage de la Peinière fut approuvé chaleureusement par les Archevêques de Rennes.
Ils honorèrent de leurs présence divers pèlerinages.
C’est ainsi qu’on lit dans un procès verbal, du 28 avril 1856 :
Nous avons averti les fidèles que nous nous arrêterions à la Chapelle de la Peinière, toujours visitée par un grand nombre de pèlerins et honorée par des grâces extraordinaires dont la Vierge se plaît à honorer ces fidèles dans ce modeste sanctuaire.

Mgr Brossais Le 2 août 1864, le Pape Pie IX lui même par une Bulle d’Indulgences, voulut enrichir le sanctuaire de faveurs spirituelles.
L’élan étant donné et les pèlerins affluaient de plus en plus nombreux dans le vallon solitaire qui pendant quelques heures s’animait au chant des cantiques et de la récitation des Avé qui montaient vers Marie.
Pendant les 25 dernières années du XIXe siècle, on verra à la Peinière de magnifiques démonstrations de foi et de piété mariale.

La statue de la Vierge qui surmonte le clocher de la chapelle
Dès 1895, devant la nécessite de grandir vu le nombre considérable des pèlerins, M. L’Abbé Huchet, qui devait être le recteur de la paroisse de Saint Didier, de 1871 à 1900, décida la construction d’une nouvelle chapelle, encore plus spacieuse.
Une nouvelle route va desservir le village pour faciliter les charrois ; la municipalité céda gratuitement une partie du terrain de la famille Dubourg, la prairie dans laquelle on avait retrouva la statue vénérable.
On détruisit la chapelle construite en 1840; non sans un serrement de cœur.

Et on reproduisit, ce que l’on vit au Calvaire de Pontchâteau, du temps du Père de Montfort.
Chaque famille chrétienne de la région considéra comme un honneur de fournir des ouvriers à la Vierge.
On aurait dit une colonie de moines, tellement on y remarquait de bonne volonté, d’endurance et de piété.
Pas un mot trivial, pas une plaisanterie déplacée, mais surtout et chaque jour, cette jovialité, cette entente cordiale entre les travailleurs qui indique que l’on travaille pour Dieu.
Abbé Renault

La bénédiction de la première pierre, le 8 septembre 1895, donna lieu à de grandioses cérémonies, d’autant plus que l’Abbé Huchet célébrait en même temps ses 25 années d’apostolat à Saint Didier.
Mais il n’était pas au bout de ses peines… Qui bâtit, pâtit, dit le dicton.
Il consacra les quatre dernières années de sa vie à mener à bien l’œuvre, au milieu de grandes difficultés.
Les ressources lui manquaient, et pourtant il y avait consacré une partie de sa fortune.
En maintes circonstances, il se vit obligé d’arrêter les travaux , faute de ressources.

Un soir, après la journée, employée à quêter pour la chapelle, il était rentré harassé de fatigue et presque découragé devant l’insuccès de ses démarches.
Il lui fallait trouver 1000 frs pour le lendemain.

Je pris mon chapelet, racontait-il, et bien que je l’eusse égrené, plus d’une fois dans la journée, je priais Notre Dame de la Peinière, de m’inspirer quelque bonne résolution qui me tirât d’embarras.
Je mis tout mon cœur pour dire à cette bonne et puissante Mère, l’espérance qu’elle ne m’abandonnerait pas…

Je n’avais pas terminé ma prière que quelqu’un frappe à la porte du salon.
C’était M. le Comte du X. qui apportait les 1000 f.
Plusieurs fois, ce bon serviteur de Marie renouvela son geste.

La Chapelle Notre dame de la Peinière fut achevée en 1900.
M Huchet n’eut pas la joie d’assister à sa consécration.
Un soir de novembre 1899, il fut gravement blessé par une lourde porte de fer qui clôturait le presbytère.
Cet accident, joint à des deuils qui le frappèrent dans ses affections les plus chères, ébranla sa santé.
La bénédiction de la nouvelle chapelle se fit en l’absence de M Huchet, le 15 avril 1900, ce qui empêcha de donner à cette fête tout l’éclat désirable.
Quelques jours plus tard , le 24 avril, ce pieux serviteur de Marie s’éteignit en murmurant une dernière prière à Notre Dame de la Peinière.


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Le sanctuaire aujourd’hui

L’aspect extérieur du nouvel édifice est celui d’une église octogonale d’environ 12 mètres de diamètre, percée de huit fenêtres, flanquées aux angles de huit contreforts et entourée dans sa partie basse de huit absidioles dont une fait le porche d’entrée et celle d’en face l’avant chœur.

L’ensemble atteint un diamètre de 16 mètres environ.
En arrière de ce bâtiment, s’élève la tour sous laquelle on a placé le maître-autel. La sacristie est composée de trois parties en forme de croix, assez vaste pour permettre d’y placer un autel et les meubles nécessaires.

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La déclivité du sol a fait construire en avant de la chapelle un perron important ; sous le pallier central est abrité la source bénie qui n’a pas été déplacée :
Une vasque de granit permet aux fidèles de venir puiser l’eau.
Les matériaux employés à l’extérieur sont les grès blanc, la pierre blanche et le granit bleu, couleurs de la Vierge.
A l’intérieur, huit colonnes monolithes de granit bleu séparent les absidioles et portent la haute nef octogonale et sa voûte.

Le maître-autel, construit en pierre blanche rehaussée d’or, se compose de trois arcatures reposant sur des colonnettes en marbre de couleur.
Des panneaux en mosaïques d’or garnissent le fond des arcatures.
Au dessus de l’autel, un rétable à gradins entoure le tabernacle et monte vers le motif central qui se compose d’un dais blanc et or, abritant la statue de Notre Dame de la Peinière.
A gauche de l’autel principal nous trouvons l’autel de Notre Dame de Lourdes et à droite celui de Sainte Anne, tous les deux du même style que le maître-autel.

Le maître autel

 

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Au cours des années qui suivirent la bénédiction de la nouvelle chapelle, des pèlerinages toujours plus nombreux et plus importants virent jour à Notre Dame de la Peinière, si bien qu’il fallut bientôt penser à construire un podium fixe, apte aux grandes cérémonies et un abri du pèlerin.

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La « podium » qui permet de grandes célébrations en plein air, jusqu’à 8 000 personnes

Ce fut chose faite dès 1956 :
De larges allées bordées d’arbres, furent tracées et à environ 150 m de la chapelle, en bordure de l’esplanade, on entreprit la construction du podium.
Son ampleur permet le déploiement des offices pontificaux, les jours du pèlerinage diocésain et les journées diocésaines des malades
Ceux-ci se retrouvent tous les ans avec l’Hospitalité Diocésaine.

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Aujourd’hui, les voitures et les cars déversent les flots de pèlerins pour les grands pèlerinage, et l’on vient de beaucoup plus loin de toute la Bretagne et de la Mayenne.

La chapelle de la Peinière est devenue un centre de récollection.
L’Abri du pèlerin – avec sa grande salle et deux autres plus petites – permet des réunions de toutes sortes, et l’excellent restaurant  établi tout à côté, rend service aux pèlerins ; de plus des mariages assez nombreux se font à la Peinière.

Les jeunes époux et leur invités se font un devoir d’aller à la chapelle implorer la protection de celle que l’on a appelée la Mère du Bel Amour.
Tous les dimanches de l’année, le chapelet y est médité à 15h30 suivi d’un temps d’adoration de 16h15 à 16h45 du Saint Sacrement puis de la messe dominicale à 17h00.


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Conclusion

On peut dire pour conclure que Marie a voulu de toute évidence, être honorée à la Peinière.
Certes les sanctuaires dédiés à Marie ne manquent pas.
Dans chaque diocèse de France, fleurissent d’humbles ou de riches sanctuaires en l’honneur de Marie.
Pourquoi s’en étonner ?
La France n’est elle pas Royaume de Marie ?
Mais pour ce qui regarde le diocèse de Rennes, aucun autre sanctuaire n’a une renommée égale à celui de la Peinière.
C’est là que Dieu y a voulu opérer des merveilles de miséricorde et de bonté et accorder les grâces les plus extraordinaires, pour montrer que c’est là qu’Il veut que sa Mère soit honorée.

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