Les Petites Soeurs de l’Agneau : envoyées dans le monde

Petites soeurs de l'AgneauLes Petites Sœurs de l’Agneau, en communauté à Rennes, ont livré leur témoignage dans la revue Vocations du mois de juin 2016.

La Communauté de l’Agneau appartient à la famille dominicaine. Les frères et les sœurs sont consacrés au cœur de l’Eglise pour vivre et annoncer la joie de l’Evangile dans un propos quotidien de conversion et de charité fraternelle. Leur vie missionnaire livrée à la Providence prend sa source dans une vie contemplative centrée sur la Parole de Dieu. C’est en pèlerins, pauvres et mendiants que l’Eglise les envoie dans les pas de saint Dominique et de saint François, pour annoncer un Dieu pauvre et désarmé qui s’abaisse jusqu’à se faire mendiant de la réponse d’amour de ses créatures.

Trois petites sœurs sont arrivées à Rennes en janvier 2014. Chaque jour, après une matinée consacrée à la prière et à l’étude, nous nous mettons en route pour mendier de porte en porte nourriture et amitié tout en gardant la Parole en nos cœurs et en intercédant pour tous ceux que nous rencontrons en chemin.

Un midi nous sommes accueillies par une famille musulmane originaire du Kosovo, hébergée dans un appartement de «Terre d’asile» La maman s’empresse de nous faire un repas qu’elle nous sert avec grande délicatesse comme à des hôtes de marque. La conversation est limitée à cause de la langue mais une belle grâce d’amitié nous est donnée sans avoir besoin de mots. C’est un moment prophétique porteur de paix et d’espérance pour le monde. Au moment de partir, Bouchra nous offre un sac rempli de nourriture que nous ne pouvons refuser au risque de l’offenser !

A l’entrée d’un camp gitan, une troupe d’enfants accourt à notre rencontre. D’abord hostiles et méfiants, ils vérifient ce que nous avons dans nos sacs et quand ils ont compris que nous sommes vraiment pauvres, ils font le tour des caravanes en mendiant pour nous : « Les sœurs sont pauvres ! Elles cherchent du manger ! » Et quand nous repartons, nous sommes devenus des amis : « Chantez nous encore un cantique de Dieu, un dernier ! Vous reviendrez ? Vous ne nous oublierez pas ? »

Lors d’une mission itinérante de village en village, une femme nous invite très spontanément à entrer pour partager la table du déjeuner avec elle et ses deux garçons. Les enfants sont scolarisés à la maison. Françoise nous invite à bénir le repas et nous chantons sous le regard étonné des enfants. Elle explique que Nicolas et Vincent ne sont pas baptisés et ne connaissent rien de la foi, alors, elle est très heureuse qu’ils nous rencontrent et les invite à profiter de l’occasion pour nous poser des questions. Françoise vient d’un milieu très catholique mais elle a tout laissé à cause des « dégâts que la religion a faits dans la famille ». Cependant, elle fait de la méditation, pratique le yoga, le taï-chi et initie aussi les enfants pour les éveiller à la dimension spirituelle. A la fin du repas très animé avec ces enfants libres et ouverts, Vincent nous dit : « J’ai beaucoup aimé quand vous avez chanté une chanson religieuse tout à l’heure ! C’était très beau !» Alors, nous proposons de chanter encore une bénédiction avant de partir et c’est Françoise qui cette fois, a du mal à cacher son émotion !

 Au « Fourneau » restaurant social où nous allons régulièrement partager la table de nos frères sans abri, nous avons fait amitié avec Alexandre, un jeune biélorusse qui a rencontré le Christ alors qu’il était prisonnier de l’alcool et des drogues dures. Il est devenu amoureux de la Parole de Dieu et spécialement de l’évangile de St Jean qu’il a recopié de sa main verset par verset en russe, sur un beau cahier. Son désir est de l’apprendre par cœur pour un jour « ne plus parler qu’avec la Parole de Dieu »

« Bonjour, mes sœurs en humanité ! » C’est ainsi que nous salue notre vieil ami Mohamed chaque fois que nous le rencontrons à la gare. Il se dit athée mais admire le message de Jésus parce qu’il est pur même si les hommes l’ont défiguré. Lui, l’athée, nous a donné un jour cette belle définition de la foi : « la foi, c’est avoir le paradis dans le cœur ! Sans la foi, on est vide ! » Il laisse couler des larmes de compassion quand il nous parle des malheurs du monde. Un jour, regardant les jeunes punks assis près de lui, il nous a dit : « Nous ici, on a l’espoir mais vous, les sœurs, vous avez l’Espérance. C’est très différent ! » Après chaque rencontre, il remercie de l’avoir écouté « pour moi, c’est comme une thérapie » et il nous fait promettre de prier pour lui.

Un jeudi soir, nous rencontrons une bande de jeunes étudiants qui se sont réunis pour boire sur les pelouses derrière l’église Notre-Dame. Ils nous assaillent de questions très profondes sur Dieu, la foi, la liberté, le mal… puis interrogent chacune de nous sur l’histoire de sa vocation. Ils sont tellement intéressés par cet échange inédit qu’ils en oublient de boire ! Une autre soif s’est tout à coup réveillée dans leurs cœurs. « J’ai encore des milliers de questions ! C’est important que vous alliez comme ça dans les rues ! Il faut que les gens vous voient parce qu’il y en a beaucoup comme nous qui n’ont pas la foi et qui ont besoin de poser leurs questions » dit Boris pour nous retenir plus longtemps. Et nous aurions pu en effet rester là toute la nuit tant ils étaient insatiables !

« Sortons, sortons, pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ ! Tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’Amitié de Jésus-Christ ! » (Pape François, Joie de l’Evangile)

La communauté des Petites Sœurs de l’Agneau de Rennes

www.communautedelagneau.org