La paroisse, le manque de prêtres et la participation des laïcs à la vie et à la mission de l’Église

Conférence de Mgr Pierre d’Ornellas, donnée aux nouveaux évêques à Rome, le 12 septembre 2011, à l’invitation du cardinal Ouellet, Préfet de la Congrégation pour les évêques, qui en avait proposé le titre.

 

Introduction

La paroisse, cellule vitale du diocèse

Ma  réflexion  s’appuie  sur  la  situation  des  diocèses  de  France. Quel que soit le nombre de prêtres, la paroisse demeure essentielle à la vie du diocèse. Le concile Vatican II l’enseigne: «Comme l’évêque dans son Église ne peut présider en personne à tout son troupeau, ni toujours ni partout, il doit nécessairement constituer des  assemblées  de  fidèles,  parmi  lesquelles  les  plus  importantes sont les paroisses, organisées localement sous un pasteur qui tient la place de l’évêque; car, d’une certaine manière, elles représentent l’Église visible établie dans l’univers 1 ».

La  paroisse,  confiée  au  curé,  est  «comme  la  cellule»  vitale d’une Église Particulière; le concile Vatican II souligne qu’elle «offre un exemple remarquable d’apostolat communautaire, car elle rassemble dans l’unité tout ce qui se trouve en elle de diversités humaines et elle les insère dans l’universalité de l’Église» 2 . Jean-Paul  II  le  rappelle  dans  ses  deux  Exhortations  apostoliques  post-synodales  Christifideles  laici 3   et  Ecclesia  in  Europa: «Aujourd’hui  encore  en  Europe,  dans  les  pays  anciennement communistes  comme  en  Occident,  la  paroisse,  tout  en  ayant besoin d’un renouvellement constant, garde encore et continue d’exercer une mission indispensable et de grande actualité dans le  domaine  pastoral  et  ecclésial.  Elle  reste  en  mesure  d’offrir  aux  fidèles  le  milieu  adapté  pour  un  exercice  réel  de  la  vie  chrétienne  et  d’être  le  lieu  d’une  authentique  humanisation  et socialisation,  que  ce  soit  dans  un  contexte  de  dispersion  et d’anonymat  propre  aux  grandes  villes  modernes,  ou  dans  les zones rurales peu peuplées» 4 .

Par ailleurs, le «centre» de la paroisse est l’Eucharistie dominicale,  qui  est  «la  source  et  le  sommet  de  toute  vie  chrétienne» 5 . Dès lors, précise Jean-Paul II, «la paroisse est fondée sur une réalité  théologique,  car  c’est  une  communauté  eucharistique» 6 .  La paroisse est aussi un beau lieu de gratuité. En effet, les chrétiens ne se choisissent pas entre eux, pas plus qu’ils ne choisissent leur curé et que ce dernier ne les choisit. Dans une paroisse, tout le monde apprend à se recevoir mutuellement comme des «frères» donnés par Dieu.

La paroisse est donc tout à la fois la communauté où les chré-tiens grandissent dans leur foi, chacun à son rythme et selon la grâce de Dieu, et la communauté chrétienne qui annonce l’Évangile  selon  les  impulsions  de  l’Esprit  Saint.  Cela  signifie  que  les sacrements,  et  en  premier  lieu  l’Eucharistie,  sont  tout  autant ordonnés  à  la  sanctification  qu’à  l’évangélisation.  Il  s’agit  donc pour l’évêque de gouverner le diocèse en érigeant des paroisses (souvent,  elles  sont  déjà  érigées  quand  un  nouvel  évêque  arrive dans  un  diocèse)  de  telle  sorte  qu’elles  soient  missionnaires. Comment faire?

Je  voudrais  évoquer  avec  vous  deux  attitudes  fondamentales auxquelles nous conduit le manque de prêtres: d’une part, l’humilité, source d’espérance (1); d’autre part, l’évangélisation (2). J’ouvrirai ensuite brièvement deux pistes d’organisation pratique (3).

 

Résumé.  —  Comment  un  diocèse  peut-il  s’approprier  la  formule  de saint Paul: «forts d’une pareille espérance, nous sommes pleins d’assurance», quand il manque cruellement de prêtres? Surtout si l’on sait que
la paroisse, fondée sur l’Eucharistie, demeure le lieu privilégié de la vie chrétienne, et de la mission. La «grande espérance», selon l’expression de  Benoît  XVI,  ouvre  la  voie  de  la  nouvelle  évangélisation  qui  est  la juste perspective pour organiser la vie des paroisses, et qui redonne au diocèse une vraie estime du célibat «pour le Royaume».

Summary. — How can a diocese appropriate the formula of St. Paul: «having  this  hope  we  can  be  quite  confident»,  when  there  is  a  cruel shortage of priests? Especially if we know that the parish, founded on
the Eucharist, remains the privileged place of Christian life and mission. The «great hope», according to the expression of Benedict XVI, opens the way of new evangelisation which is the right perspective to organize the life of parishes and which gives back to the diocese a true esteem of celibacy «for the Kingdom».

 

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110912_Conf. Rome Mgr d’Ornellas aux évêques – NRT n.134 (2012)