Vœux 2017 de Mgr d’Ornellas : de la miséricorde à la Démarche synodale

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La cérémonie des vœux, à l’Archevêché de Rennes le 16 janvier 2017, se situait juste après la fin de l’Année de la miséricorde et avant le lancement de la Démarche synodale. Mgr Pierre d’Ornellas est revenu sur une année 2016 riche en évènements avant d’évoquer ce grand projet diocésain et de conclure « Je souhaite à tout notre diocèse d’être une famille fraternelle de témoins du Christ qui sont heureux d’avoir été choisis pour annoncer l’Évangile. »

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Laure Brimant Kauffmann

Deux femmes engagées dans le diocèse offrent leur vœux

Deux laïcs avaient été choisis pour offrir leurs vœux à Mgr d’Ornellas, au nom du diocèse. Laure Brimant-Kauffmann s’est d’abord exprimée, venant de la dernière paroisse rencontrée par l’Archevêque lors de ses visites pastorales. Fraichement revenue à la foi, cette jeune mère de famille a souligné la richesse et la diversité de l’Église en Ille-et-Vilaine et l’importance de s’ouvrir aux périphéries, comme dans son quartier populaire de Rennes.

« Et en ces temps où les médias parlent surtout de la contagion de la grippe, je nous souhaite d’être des chrétiens créatifs et engagés, pour que notre foi soit joyeuse et rayonnante… donc contagieuse. »

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Claire Krob

Claire Krob, membre du Comité de pilotage de la Démarche synodale, a ensuite fait le lien avec l’année qui s’ouvre en insistant sur la dynamique de cette démarche diocésaine : « La démarche synodale c’est se mettre en route. Lors de son homélie de l’Epiphanie, le pape François soulignait que les mages ne se sont pas mis en route parce qu’ils avaient vu l’étoile mais qu’ils ont vu l’étoile parce qu’ils se sont mis en route. »

Au vu de la quantité de retour attendus de toutes les fraternités synodales, qui vont se créer dans toute l’Ille-et-Vilaine, elle a souhaité à l’Archevêque « une belle récolte de fruits variés et porteurs des réalités de notre diocèse afin de nourrir les projets pour l’annonce de l’Évangile que vous nous annoncerez dans votre lettre pastorale. »

Une année de la miséricorde « étonnante » pour Mgr d’Ornellas

« Certainement, il y a des fruits invisibles de grâce, de réconciliation qui semblaient imprévisibles voire impossibles. » En revenant sur l’année 2016, Mgr d’Ornellas a partagé son admiration pour les fruits de l’Année de la miséricorde dans le diocèse de Rennes. Par exemple, « le nombre de chrétiens qui se sont mobilisés pour être miséricordieux vis-à-vis de nos frères et sœurs migrants ou réfugiés » dans le cadre de la Diaconie Brétillienne. Ou la redécouverte du sacrement de Réconciliation.

Cette année a aussi été balisée par des évènements liés aux anniversaires de 3 saints : les 800 ans des Frères Prêcheurs fondés par saint Dominique, le 300e anniversaire de la mort de saint Louis Marie Grignion de Montfort, et le 100e anniversaire de la mort du Bienheureux Charles de Foucauld. Enfin, l’Archevêque de Rennes a souligné l’exemple que sont les prêtres âgés et les martyrs de la foi.

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Mgr Pierre d’Ornellas

En décembre 2016, Mgr d’Ornellas a achevé sa 78e visite pastorale, bouclant ainsi le tour des paroisses d’Ille-et-Vilaine commencé il y a six ans. Il a insisté sur le sens spirituel de ces visites : « le Royaume est vivant, plus qu’on ne le pense, dans notre diocèse. Royaume de justice et d’amour, de paix et de sainteté. » « J’ai vu ces petits actes d’amour et j’en rends grâce à Dieu. »

L’esprit de la Démarche synodale en 2017-18

Cela lui a permis de faire la transition avec l’ouverture de la Démarche synodale, début février et d’en préciser l’esprit. « … elle est une simple méthode, une petite organisation pour que soient suscitées des « fraternités synodales ». Mais d’une certaine manière, pour ne pas dire d’une manière certaine, la Démarche synodale est une attention fraternelle, paternelle, amicale au plus discret, au plus fragile, quelle que soit la raison de sa fragilité ou de sa discrétion. » « La Démarche synodale n’est pas une espèce d’élan triomphateur pour que l’Évangile soit annoncé, mais plutôt une humble recherche pour que grandisse la joie de l’Évangile ; celle que j’ai vue dans les Visites pastorales et au cours du Jubilé de la Miséricorde. »

L’Archevêque a fait le lien avec une pensée du pape François, extraite de son encyclique La joie de l’Évangile : « Le véritable missionnaire, qui ne cesse jamais d’être disciple, sait que Jésus marche avec lui, parle avec lui, respire avec lui, travaille avec lui. Il ressent Jésus vivant avec lui au milieu de l’activité missionnaire. » C’est un paragraphe que Mgr d’Ornellas souhaite voir « inscrit en lettres d’or pour que nous reconnaissions à quel point c’est un bien inouï de connaître Jésus, à quel point il nous envoie auprès de ceux qui ne le connaissent pas. »

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Mgr d’Ornellas et une jeune femme de la communauté de l’Olivier, après les vœux

Enfin, il a souligné « l’’inattendu de l’Esprit Saint » dans les projets ! « La Démarche synodale risque de nous faire découvrir des choses auxquelles nous n’avions pas pensé. Votre évêque qui vous souhaite une bonne et sainte année n’a aucune idée derrière la tête sur le résultat de notre Démarche synodale. » Exemple : la récente nomination du père Jean-Michel Amouriaux, supérieur du Séminaire Saint-Yves, comme Supérieur général des Eudistes, sa congrégation. Un appel à ce « qu’en 2017 nous soyons plus attentifs aux vocations sacerdotales et religieuses. »

Pour terminer, Mgr d’Ornellas a évoqué les deux nouvelles églises du diocèse comme une promesse d’avenir : la Résurrection, à Saint-Jacques de la Lande, encore en plein travaux, et l’église Saint-Bernard à la Plaine de Baud à Rennes.

Mes amis, à chacun d’entre vous et à toutes les personnes que vous portez dans votre cœur, pour toutes les personnes du diocèse, je souhaite une année 2017 qui commence par l’action de grâce pour tous les dons reçus. Personnellement, je rends grâce à Dieu pour tout ce que je vois dans le diocèse et je souhaite que notre Démarche synodale – qui, je crois, est une belle inspiration de l’Esprit –  ait cette qualité que j’ai essayé de dire, pleine de bonté, de douceur, d’attentions concrètes à ce frère, à cette sœur, à cet enfant, à ce jeune. Je suis sûr que les jeunes ont plein de choses à dire ; il est bon de leur proposer de prendre la parole. Les familles aussi ! Qu’elles s’expriment. Je souhaite à tout notre diocèse d’être une famille fraternelle de témoins du Christ qui sont heureux d’avoir été choisis pour annoncer l’Évangile. (conclusion du discours de vœux de Mgr d’Ornellas)

> Télécharger :Voeux 2017 – Discours de Mgr d’Ornellas
> Télécharger :Voeux 2017 – Discours de Laure Brimant-Kauffmann et Claire Krob

Vœux de Monseigneur Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes,
au Diocèse de Rennes, Dol et Saint-Malo

Le lundi 16 janvier 2017

Merci beaucoup Laure, qui est à côté de son mari, pour les propos de ce soir. Il faudra embrasser de ma part Myriam et Jonas, vos enfants. Dites-leur qu’ils m’apprennent beaucoup par leurs questions et leur regard. Merci beaucoup Claire de me dire avec tant de justesse la Démarche synodale et de vous y engager au nom des mouvements. Je suis heureux que ces vœux commencent par ma dernière Visite pastorale à la Paroisse Bienheureux Frédéric Ozanam que Laure représente, et par cette perspective de la Démarche synodale qu’annonce Claire qui, au titre des mouvements, est au Comité de pilotage de cette Démarche.

La Démarche synodale commence par un thème proposé : « savoir rendre grâce à Dieu ». Si vous le permettez, je voudrais rendre grâce à Dieu pour 2016. On ne peut pas passer à 2017 sans oser l’action de grâce.

1 – Les JMJ

Les Journées Mondiales de la Jeunesse à Cracovie ! Cela n’a pas été simplement quinze jours en Pologne, mais toute une dynamique qui a duré une année. Et puis ce furent des Journées Mondiales de la Jeunesse assez exceptionnelles, non pas d’abord par leur contenu mais tout simplement parce qu’elles se déroulaient dans la ville de celui qui les a initiées, Jean-Paul II. Ces JMJ eurent lieu dans « la cité de la Miséricorde », Cracovie, là où sainte Faustine est décédée et enterrée. Elles se déroulèrent en plein cœur du Jubilé de la Miséricorde, avec le thème : « heureux les miséricordieux. » Il y avait donc quelque chose de tout à fait singulier, étonnant dans ces Journées Mondiales de la Jeunesse. Grâce aux moyens de communication, beaucoup ont pu participer.

2 – La Miséricorde

Cette année, ce fut aussi le Jubilé de la Miséricorde. Quand j’interroge Patrick, celui qui sait tout ce qui se passe à la Cathédrale de Rennes puisqu’il en est le sacristain, il me répond qu’il est impressionné de voir le nombre de personnes venues pour passer le long du Chemin de la Miséricorde et franchir la Porte Sainte. Beaucoup de personnes, de Communautés paroissiales bien sûr, de groupes ont fait cette démarche pendant le Jubilé de la Miséricorde. Certainement, il y a des fruits invisibles de grâce, de réconciliation qui semblaient imprévisibles voire impossibles. Grâce à ce Jubilé une compréhension plus grande du mot « miséricorde » est venue[1], comme si ce mot ouvrait des horizons nouveaux, un espace pour l’espérance, pour la relation, pour le regard sur soi et sur les autres, un espace pour la joie, pour un regard nouveau sur Dieu.

Je suis bien convaincu qu’il s’est passé quelque chose de secret et d’étonnant dans les cœurs pendant ce Jubilé de la Miséricorde. Il s’est clôturé le 20 novembre pour que la Miséricorde continue dans notre diocèse ! Quelle joie et quel cadeau que ce Jubilé de la Miséricorde ! Quel génie chez ce pape François ! C’est formidable que l’Esprit Saint l’ait suscité alors que, comme archevêque de Buenos Aires, il avait eu l’idée d’une année du pardon dans son diocèse. Il n’a pas pu le faire parce que l’Esprit Saint voulait que ce soit pour toute l’Église. L’idée qu’il avait comme archevêque de Buenos Aires est devenue l’idée du Successeur de Pierre.

Parmi ces fruits, je pense à la Diaconie Bretillienne. Je trouve étonnant le nombre de chrétiens qui se sont mobilisés pour être miséricordieux vis-à-vis de nos frères et sœurs migrants ou réfugiés. C’est admirable ! Bien sûr, on aurait pu faire plus, on pouvait faire mieux. Mais je rends grâce à Dieu pour ce qui s’est passé pendant cette année 2016 au cours de ce Jubilé de la Miséricorde avec le soutien de la Diaconie Bretillienne. Dans les vœux que beaucoup m’adressent, j’ai reçu ceux de M. le Sous-préfet de Fougères qui m’écrit au sujet des migrants de Calais accueillis près de Fougères : « Je tiens une nouvelle fois à remercier l’Église catholique pour son soutien sans lequel le cours des choses aurait été bien plus compliqué. » Je rends grâce à Dieu – et faites-le avec moi – pour ce que signifie la Diaconie Bretillienne : tous ces chrétiens qui, avec d’autres, se mettent en marche et vont vers l’inconnu en accueillant une famille inconnue avec tout ce que cela demande d’accompagnement.

Un deuxième fruit visible m’est apparu quand j’ai entendu ceux qui célèbrent le sacrement de Réconciliation à la Basilique Saint-Sauveur. Nombreuses sont les personnes qui sont allées vivre ce sacrement ! Comme un flot nouveau avec beaucoup qui venaient alors qu’elles ne connaissaient plus ce sacrement depuis 20, 30 ou 40 ans. Certainement, il y a une redécouverte de ce grand et beau sacrement de Réconciliation. Pour moi, c’est le sacrement de la joie, mais c’est aussi le sacrement de la mission[2]. C’est précisément parce que Dieu nous envoie en mission que nous avons besoin de recevoir ce sacrement. Ce qui compte, c’est la gloire de Dieu et l’annonce de l’Évangile. Si nous sommes en mission pour annoncer l’Évangile, quel que soit notre endroit pour la remplir et quelle que soit notre vocation, ne serait-ce que dans sa famille, alors ce sacrement est précieux parce que celui qui reçoit l’annonce de l’Évangile a le droit de le recevoir de quelqu’un qui vit le plus possible dans la pureté du cœur, en union avec Dieu, dans la transparence à l’Évangile. Ce sacrement de Réconciliation reçu personnellement, peut-être préparé ensemble par une veillée de prière, est toujours un beau et grand sacrement, un sacrement de la joie et un sacrement de la mission.

3 – Trois figures de sainteté

Pendant ce Jubilé de la Miséricorde, j’ai été frappé que viennent dans notre diocèse trois figures étonnantes, outre celle de Mère Teresa canonisée le 4 septembre 2016.

Le 800e anniversaire de l’émergence, comme un fruit de l’Esprit, de l’Ordre des Prêcheurs, les Dominicains. Pour moi, saint Dominique est l’homme qui voulait être évangélique et qui savait l’évangile de saint Matthieu par cœur. Cet Évangile dévoile d’une façon étonnante la Miséricorde. Il y a quelque chose d’immensément grand dans la Miséricorde chez saint Dominique. C’est d’ailleurs pour cela que son Ordre est celui de la vérité. La vérité, est tout au sommet, miséricordieuse.

La deuxième figure qui a illuminé notre année, de façon plus discrète, est un missionnaire : saint Louis Marie Grignion de Montfort, pour le 300e anniversaire de sa Pâque. Saint-Louis-Marie est missionnaire et, en même temps, rempli de charité. Évangélisation et amour du plus pauvre sont inséparables. C’est sûr, dans notre Démarche synodale, saint Louis-Marie sera présent.

Je pense aussi au Bienheureux Charles de Foucauld en raison du 100e anniversaire de sa mort, le 1er décembre. Le Bienheureux Charles Foucauld, dans notre diocèse et dans notre Province ecclésiastique, trace toujours son sillon. Je pense à la Maison Charles de Foucauld dont je redirai un mot tout à l’heure.

Je souhaite que pendant cette année 2017, nous fassions tous un effort pour se souvenir de la Miséricorde de Dieu comme si le Jubilé continuait de se déployer afin que nous soyons « miséricordieux comme le Père ». Quelle démarche allons-nous faire pour que la miséricorde tisse de vraies relations les uns aux autres, avec les plus pauvres, et avec Dieu, « riche en miséricorde » ?

4 – Les prêtres et les diacres

Ce Jubilé de la Miséricorde a produit un fruit. De mémoire de prêtre, il parait que c’est une première : juste après la clôture du Jubilé de la Miséricorde, les prêtres qui ont moins de 75 ans ont vécu deux jours gratuits de fraternité ensemble pour se rencontrer, prier et réfléchir ensemble sur l’évangélisation. Ce furent deux très belles journées. J’en rends grâce à Dieu.

Puisque je parle des prêtres, je voudrais nommer un prêtre issu de notre diocèse, dans le petit village Le Loroux, qui a été béatifié le 11 décembre dernier et qui est mort « martyr » au Laos : vraiment, je rends grâce à Dieu pour ce prêtre reconnu « martyr »  par le pape François. Bien sûr, nous avons Marcel Callo qui est aussi martyr et qui est missionnaire. Mais, avec Joseph Boissel, voilà un deuxième martyr issu de notre diocèse. Un laïc et un prêtre ! Ce n’est pas rien quand quelqu’un est reconnu par le Saint Père comme « martyr ». Il n’y a rien de plus grand que de donner sa vie à cause de sa foi, selon l’Évangile.

Enfin les diacres. Je rends grâce pour la famille diaconale et pour la retraite vécue ensemble à Landévennec pendant le week-end de l’Ascension.

5 – Les Visites Pastorales

C’est vrai que j’ai accompli les Visites pastorales des 78 Paroisses. C’était formidable pour moi. Une expérience extraordinaire. Quelles rencontres j’ai fait ! Je peux dire qu’il y a deux phrases qui remontent en moi au terme de toutes ces Visites pastorales. Je les ai commencées au printemps 2010 au Blosne, dans le quartier sud de Rennes, et je les termine au quartier nord, à Maurepas. Plus de six années de Visites pastorales !

La première phrase vient de l’évangile de saint Luc, au chapitre 12. Jésus dit son mot d’encouragement : « Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. » Jésus ne dit pas : « Petit troupeau, il n’y a que tant d’enfants inscrits à la synagogue. » Il ne dit pas non plus : « Petit troupeau, il n’y a que tant d’adultes qui sont fidèles à la loi. » Non ! Mais plutôt : « Petit troupeau tu as reçu le Royaume. » Et le Royaume est vivant, plus qu’on ne le pense, dans notre diocèse. Royaume de justice et d’amour, de paix et de sainteté. Que dieu nous donne des yeux pour le voir et le désirer.

La deuxième phrase qui m’a frappé, après celle de l’Écriture, vient de la Tradition. Elle est écrite par saint Jean de la Croix et sainte Thérèse de Lisieux l’a répétée avec émerveillement : « Le plus petit acte d’amour est plus utile à l’Église que toutes les grandes œuvres réunies. » J’ai vu ces petits actes d’amour et j’en rends grâce à Dieu. Oui, je rends grâce à Dieu pour ces Visites pastorales qui m’ont rendu témoin du Royaume, et qui m’ont permis d’encourager l’amour, la foi et l’espérance.

6 – La Démarche synodale

Ces Visites pastorales débouchent sur la Démarche synodale. Vous le verrez ou vous l’avez déjà vu, elle est une simple méthode, une petite organisation pour que soient suscitées des « fraternités synodales ». Mais d’une certaine manière, pour ne pas dire d’une manière certaine, la Démarche synodale est une attention fraternelle, paternelle, amicale au plus discret, au plus fragile, quelle que soit la raison de sa fragilité ou de sa discrétion. Que ce soit à cause d’une question de foi, de révolte contre Dieu, de rancœur contre l’Église, d’amertume à cause de sa santé, de tristesse à cause de ce qui se passe dans sa famille. La Démarche synodale veut être une attention à ces personnes si discrètes pour leur proposer avec douceur et délicatesse : ne voulez-vous pas exprimer votre souhait ? Ne voulez-vous pas dire votre désir ? Venez et voyez. Venez écouter et prendre la parole. Voilà la Démarche synodale !

Bien sûr, je souhaite à tous les chrétiens actifs de découvrir la joie de la rencontre et des échanges dans les « fraternités synodales ». Mais vous verrez que dans la méthode, il y a précisément cette attention à la personne dont on n’a jamais parlé, à laquelle on ne prête pas attention, pour lui dire : venez, entrez dans ce mouvement, marchez avec nous sur ce chemin et faites le pas que vous pouvez faire.

Vous savez, cela serait vraiment formidable si, par exemple, la Pastorale de la santé permettait aux malades des faire la Démarche synodale. Cela serait vraiment formidable si les personnes âgées dépendantes pouvaient exprimer leurs souhaits, leurs désirs, leurs déceptions, leurs joies. J’ai eu la chance d’aller tout dernièrement à l’Université populaire d’ADT Quart-Monde. Que ce serait beau si le plus pauvre des pauvres pouvait dire son souhait, son désir pour que l’Église apporte l’Évangile aux plus fragiles comme aux plus riches qui sont souvent si riches qu’ils ne savent même pas qu’ils sont pauvres intérieurement.

La Démarche synodale n’est pas une espèce d’élan triomphateur pour que l’Évangile soit annoncé, mais plutôt une humble recherche pour que grandisse la joie de l’Évangile ; celle que j’ai vue dans les Visites pastorales et au cours du Jubilé de la Miséricorde. Cette démarche se veut une extrême délicatesse vis-à-vis de tous pour que tous et chacun, humblement, puissent entrer dans le mouvement suscité : écouter, oser s’exprimer et proposer. Moi qui suis ceci, moi qui suis cela, je suis digne de faire une proposition à notre évêque. Et oui, tu en es digne parce que Dieu t’aime, parce que l’Esprit Saint t’habite.

7 – Une conviction du pape François

Dans cette Démarche synodale, il y a une conviction que j’emprunte au pape François. Cette conviction fait que nous récoltons tout le fruit de nos devanciers qui ont annoncé l’Évangile jusqu’à nous. Cela fait des siècles que l’on annonce l’Évangile en Bretagne, en Ille-et-Vilaine. Nos devanciers étaient habités par une conviction. Aujourd’hui, je la lis chez le pape François :

« Cette conviction est soutenue par l’expérience personnelle, constamment renouvelée, de goûter l’amitié et le message de Jésus. On ne peut persévérer dans une évangélisation fervente, si on n’est pas convaincu, en vertu de sa propre expérience, qu’avoir connu Jésus n’est pas la même chose que de ne pas le connaître, que marcher avec lui n’est pas la même chose que marcher à tâtons, que pouvoir l’écouter ou ignorer sa Parole n’est pas la même chose, que pouvoir le contempler, l’adorer, se reposer en lui, ou ne pas pouvoir le faire n’est pas la même chose. Essayer de construire le monde avec son Évangile n’est pas la même chose que de le faire seulement par sa propre raison. Nous savons bien qu’avec lui la vie devient beaucoup plus pleine et qu’avec lui, il est plus facile de trouver un sens à tout. C’est pourquoi nous évangélisons. Le véritable missionnaire, qui ne cesse jamais d’être disciple, sait que Jésus marche avec lui, parle avec lui, respire avec lui, travaille avec lui. Il ressent Jésus vivant avec lui au milieu de l’activité missionnaire.[3] »

Ce Jésus « doux et humble de cœur », avec un regard si délicat quand il rencontre une personne, lui qui n’oblige personne, voilà l’ami présent dans le cœur des « disciples-missionnaires ». Voilà Jésus ressuscité qui est « au milieu de nous » pendant la Démarche synodale, et qui nous donne l’Esprit.

Que ce paragraphe tiré de La joie de l’Évangile soit un paragraphe inscrit en lettres d’or pour que nous reconnaissions à quel point c’est un bien inouï de connaître Jésus, à quel point il nous envoie auprès de ceux qui ne le connaissent pas. Nous pouvons tous prier nos trois saints missionnaires pour cette Démarche synodale. J’ai parlé de saint Louis-Marie, et du bienheureux Marcel Callo, martyr, mais je pense aussi au bienheureux Julien Maunoir, disciple de saint Ignace de Loyola.

8 – L’inattendu de l’Esprit Saint

Cette mission, elle est conduite par l’Esprit Saint. Faisons Lui confiance ! C’est lui qui fait toute chose nouvelle. Attendons-nous à la nouveauté. Dieu est bon et vraiment lui-même quand il nous fait découvrir l’imprévu. La Démarche synodale risque de nous faire découvrir des choses auxquelles nous n’avions pas pensé. Votre évêque qui vous souhaite une bonne et sainte année n’a aucune idée derrière la tête sur le résultat de notre Démarche synodale. Demandons à l’Esprit Saint qu’il nous fasse découvrir ce qu’il veut, Lui, pour notre diocèse et pour sa mission d’annoncer l’Évangile.

Cet Esprit Saint est déconcertant puisqu’il a confié, par la médiation de la manière de faire propre aux fils de saint Jean Eudes, une mission inattendue et imprévue au père Jean-Michel Amouriaux : Monsieur le Supérieur général des Eudistes, je vous salue avec beaucoup d’affection ! Quand j’ai lu ton mail m’annonçant ton élection, je dois confesser que mon premier réflexe d’une demi-seconde a dû laisser la place à une action de grâce. Vraiment, je rends grâce à Dieu. C’est inattendu, mais c’est cela l’Église. Il y en a tellement qui vivent cet inattendu dans l’Église ! Cher Jean-Michel, nous te souhaitons tous, par ma bouche, une bonne, sainte et heureuse année 2017 avec ce nouveau service à accomplir pour la plus grande gloire de Dieu et le bien de l’Église, en servant le charisme de saint Jean Eudes. Avant que tu quittes l’Ille-et-Vilaine, nous aurons l’occasion de te dire merci pour le service que tu as accompli au Séminaire Saint-Yves en vue de la formation des Séminaristes de la Bretagne et des Pères de Saint-Jacques.

Il est vrai que, cette année 2016, la rentrée au Séminaire a montré à quel point l’Esprit Saint appelait, ouvrait les cœurs pour entendre l’appel de Dieu. Je vois aussi à quel point l’Esprit Saint ouvre les cœurs à l’appel de Jésus, quand je regarde la rentrée à la Maison Charles de Foucauld en 2016. Il est toujours nécessaire que nos esprits se convertissent à ce que fait l’Esprit Saint. Une vocation sacerdotale, c’est toujours inattendu ! Dieu, le Maître de l’inattendu, s’occupe de l’Église qui est la grande œuvre de ses mains et de sa miséricorde, Dieu appelle, son appel ne dépend pas de raisons humaines.

Oui, le Maître de l’imprévu ouvre le chemin à une vocation. Cela ne correspond jamais à une carrière humainement tracée de telle manière que l’on arrive à ses fins d’une manière ou d’une autre. C’est plutôt une liberté qui répond pour se mettre au service de l’évangélisation selon le dessein de Dieu. Les évêques savent recevoir l’inattendu de Dieu en recevant les vocations. Je souhaite qu’en 2017 nous soyons plus attentifs aux vocations sacerdotales et religieuses. La Démarche synodale qui vous conduit tous à réfléchir sur les voies nouvelles de la mission ne peut pas ne pas intégrer avec joie le fait que Dieu appelle de façon particulière, certains et certaines d’entre nous.

9 – Deux églises nouvelles

Enfin, dans le diocèse, la mobilité des habitants est telle que nous sommes obligés de nous mettre à leur service en particulier dans la Métropole rennaise qui grandit, comme Rennes a grandi il y a 50 ans. Loin d’être au service nostalgique du passé, nous sommes au service de l’avenir. Je souhaite qu’en 2017 une grâce et une bénédiction de Dieu descendent sur « l’Anastasis », c’est-à-dire sur la nouvelle église à Saint-Jacques de la Lande. Elle a trouvé son beau nom : la Résurrection, l’Anastasis. Elle sera l’église de la Résurrection. Et puis, que la grâce de Dieu descende sur la deuxième église qui sera à la Plaine de Baud, là où une grande extension de logements arrive. Pour ses nouveaux habitants, il y aura l’église Saint-Bernard. La plus grande école publique du département se trouve à Saint-Jacques de la Lande. Ces enfants, ces familles ont le droit à un lieu pour prier, pour se rassembler, pour trouver Dieu, pour recevoir le Baptême. Quelle surprise magnifique pour eux à Saint-Jacques et à la Paine de Baud de recevoir le cadeau d’une église.

Mes amis, à chacun d’entre vous et à toutes les personnes que vous portez dans votre cœur, pour toutes les personnes du diocèse, je souhaite une année 2017 qui commence par l’action de grâce pour tous les dons reçus. Personnellement, je rends grâce à Dieu pour tout ce que je vois dans le diocèse et je souhaite que notre Démarche synodale – qui, je crois, est une belle inspiration de l’Esprit –  ait cette qualité que j’ai essayé de dire, pleine de bonté, de douceur, d’attentions concrètes à ce frère, à cette sœur, à cet enfant, à ce jeune. Je suis sûr que les jeunes ont plein de choses à dire ; il est bon de leur proposer de prendre la parole. Les familles aussi ! Qu’elles s’expriment. Je souhaite à tout notre diocèse d’être une famille fraternelle de témoins du Christ qui sont heureux d’avoir été choisis pour annoncer l’Évangile.

[1] Voir les deux catéchèses : Celui qui pratique la Miséricorde, qu’il ait le sourire, du 10 septembre 2015 ; Les Œuvres de Miséricorde « Assister les malades » « Ensevelir les morts », du 11 septembre 2016, données à Notre-Dame de La Peinière. > A lire ici.

[2] Voir mon homélie à Notre-Dame de La Peinière, le dimanche 11 septembre 2016. > A lire ici (en bas de page)

[3] La joie de l’Évangile, n. 266. > A lire ici.