Léontine Dolivet : Naissance de « l’œuvre des catéchistes volontaires » de Betton

170609 Melle Dolivet et les enfants du catéchisme en procession
Melle Dolivet et les enfants du catéchisme lors d’une procession

Au début du XXème siècle, comme tant d’autres, l’école privée des garçons de Betton fut fermée et la formation religieuse exclue de l’école publique. C’est ce qui motiva « Melle Dolivet » à se donner tout entière pour éveiller et former la foi des petits garçons. A 20 ans, le 20 février 1909, elle s’inscrit à « l’Archiconfrérie de l’œuvre des catéchismes » du diocèse de Rennes. Puis en octobre 1909, elle fonde « L’œuvre des catéchistes volontaires » dans sa paroisse de Betton. Nous présentons ici ses tout premiers pas.

Marie-Anne Boever, Postulatrice – Fiche n°1 – Télécharger le PDF

Elle écrit à la fin de décembre 1909 qu’elle s’est associée trois dames « qui se sont efforcées de verser la science religieuse dans l’âme des petits garçons de la paroisse…  Nos élèves sont très dociles et nous avons beaucoup plus de louanges à leur adresser que de reproches. Ne sont-ils vraiment pas admirables ces pauvres petits qui ont le courage de s’enfermer dans une salle d’étude à l’heure même où ils devraient prendre joyeusement leurs ébats dans la cour de l’école ! »

Voilà déjà campés deux traits de caractère importants de Léontine Dolivet : d’une part, elle ne fera rien toute seule et ne s’appropriera pas son œuvre, et d’autre part elle aura toujours un regard positif plein d’espérance et de tendresse sur les petits. Pourtant dès le début, elle note la difficulté de la tâche : « Il nous faut quelquefois aussi lutter avec le mauvais caractère ou une nature nonchalante, mais il n’y a jamais eu de roses sans épines et l’œuvre des catéchismes ne sera pas sans doute la première. »

Un regard positif plein d’espérance et de tendresse

Forte de cette espérance et de sa foi déjà bien solide, Léontine va franchir courageusement les obstacles dus au manque d’expérience ou les déceptions des premières défections, en s’appuyant toujours sur la beauté de la mission accomplie : « Nous sommes les privilégiées ! Dieu en soit remercié ! Toute plainte serait, je crois, déplacée dans la bouche des catéchistes de Betton car si de temps en temps un enfant nous cause quelque déception, trente nous procurent chaque jour une joie bien douce par leur assiduité et leur application au travail. »

170530 Eglise de Betton vu de chambre Léontine
L’église de Betton, vue de la Maison Dolivet

La marque la plus grande dans l’œuvre de Léontine Dolivet, nous la retrouverons tout au long de sa vie, c’est cet amour extraordinaire, un amour purement maternel, qu’elle a pour les enfants du catéchisme. Elle le dit en juillet 1912 : « Vous voulez savoir le souvenir laissé dans mon âme par ces mois de travail catéchistique et un peu aussi ce qui se passe pendant les heures d’étude ?… Le souvenir ? – Toujours très doux, puisqu’être catéchiste, c’est avoir près de soi des âmes, des âmes d’enfants maternellement aimés, vers lesquelles on se penche pour y déposer le germe qui doit, sous l’influence de la grâce, produire ce qu’il y a de plus noble ici-bas : l’amour, l’amour divin. O Seigneur, comme on ne donne que ce que l’on a abondamment, donnez-nous et à toutes les âmes d’apôtres, pour Vous, un amour surabondant. »

O Seigneur, comme on ne donne que ce que l’on a abondamment, donnez-nous et à toutes les âmes d’apôtres, pour Vous, un amour surabondant.

Cet amour donné et reçu est, pour elle, source de joies profondes, par exemple ce 21 avril 1910 :  « Encore une joie bien douce de pouvoir présenter au Maître aux jours de communion ces jeunes cœurs comme une mère présente ses enfants et de se dire : si Jésus y trouve un peu d’amour, il y a ma part à moi dans cet amour et de trouver dans l’amour des enfants un suppléant à son amour à soi. »

C’est sans doute la Vierge Marie qui lui donna cet amour, maternel et fort en même temps, comme nous le prouve sa prière à Notre-Dame de Lourdes, en 1910, à qui elle associe sainte Jeanne d’Arc : « O bonne Mère, préparez les cœurs de vos enfants à la visite de votre Jésus et vous, vaillante guerrière, armez-les de courage pour les luttes à venir… O Mère, O Sœur, rendez plus intense dans les âmes des catéchistes de Betton la flamme de l’apostolat ; qu’elles n’aient d’autre ambition que de travailler à l’extension du règne de Jésus. »

Déjà se dessine ce qui sera son profil spirituel et missionnaire, dont nous aurons l’occasion de parler plus tard.