La paix soit avec vous !

Prenons le temps de méditer sur la paix et sur la place qu’elle occupe dans la liturgie de la messe.

La paix, au sens chrétien, n’est pas la simple absence de conflits, comme on dit de deux belligérants qu’ils ont fait la paix en rangeant leurs armes et en se serrant la main. Non, pour le chrétien, la paix est un don de Dieu qui manifeste sa puissance dans l’histoire des hommes en leur donnant la plénitude à même de combler leur cœur et de faire d’eux des artisans de paix. C’est dans le cœur de l’homme que Dieu veut faire rayonner sa paix, car c’est du cœur de l’homme que naissent les conflits et les guerres. Il est beau de nous souvenir de la façon dont Dieu demanda à Israël d’implorer sa bénédiction : « Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! » (Nb 6,26)

Jésus, le prince de la paix (cf. Is 9,5), est le don de Dieu par excellence. En lui, le Père nous a tout donné. Aussi, rien d’étonnant à ce que la paix soit le trait caractéristique qui accompagne la venue de Jésus au milieu des hommes. Dès sa naissance, les anges proclament la gloire de Dieu et la paix sur la terre aux hommes qu’il aime (cf. Lc 2,14). Et une fois qu’il aura été élevé de terre et qu’il aura réconcilié les hommes avec Dieu, Jésus Ressuscité s’adressera à ses disciples en leur disant : « La paix soit avec vous ! » (Jn 20,19). Parce qu’il a donné sa vie pour libérer leurs cœurs de tout germe de discorde, le prince de la paix peut maintenant faire rayonner sa paix dans le cœur de ses disciples et faire d’eux ses témoins.

C’est ce même mouvement que la liturgie de la messe nous invite à vivre. Dès le début de la célébration, lorsque l’évêque préside, nous entendons sur nous la parole du Christ Ressuscité : « La paix soit avec vous ! » Nous lui ouvrons nos cœurs pour qu’ils les purifient par le don de sa paix et nous rendent capables de chanter avec les anges la gloire de Dieu. Et après la prière eucharistique, alors que nous venons de dire ensemble la prière du Seigneur, nous sommes invités, dans la charité du Christ, à nous donner la paix. Unis au Christ dans son offrande au Père pour le salut du monde, nous devenons les uns pour les autres le visage du Christ qui nous donne sa paix. Aussi, ce geste de paix n’est-il pas qu’une simple salutation, mais un geste sacré. Il nous faut réaliser que nous nous communiquons les uns aux autres une paix qui ne vient pas de nous, mais du Seigneur Jésus, qui diffuse sa paix à travers les membres de son corps. Afin de garder à ce geste sa particularité, il est bon de le distinguer de l’habituelle poignée de main. On peut, par exemple, se tendre les deux mains.

Le chant de l’Agnus qui suit le geste de paix nous invite à implorer sans cesse sur nous la paix du Seigneur, alors que nous nous apprêtons à communier de tout notre être au don qu’il nous fait de lui-même dans son Eucharistie. Rassasiés du pain de vie, unis plus fortement au prince de la paix, la conclusion de la messe nous engage à rayonner la paix du Christ partout où il nous envoie : « Allez dans la paix du Christ ! »