Noël et l’Épiphanie

Les premiers chrétiens n’ont célébré qu’une fête, celle qui demeure au cœur de toute liturgie et de notre foi : le mystère pascal du Christ mort et ressuscité. Chaque dimanche depuis les jours des Apôtres, puis de manière plus solennelle une fois l’an à partir du IIe siècle, ils ont fidèlement perpétué le mémorial de la Pâque du Christ.

C’est au cours du IVe siècle qu’est apparue la solennité de la venue du Seigneur parmi les hommes, magnifiant le Christ « Soleil de justice » [1], afin de convertir les fêtes païennes du solstice d’hiver célébrées à Rome le 25 décembre et en Égypte le 6 janvier. Bientôt, les liturgies orientales et occidentales allaient s’influencer l’une l’autre et donner naissance à deux fêtes distinctes : Noël et l’Épiphanie.

Dans la nuit de Noël, l’ange du Seigneur annonce aux bergers  « une grande joie pour tout le peuple » [2]. Pas seulement la joie attendrie de contempler l’enfant Jésus dans la crèche, non, la grande joie du « peuple qui marchait dans les ténèbres (qui) a vu se lever une grande lumière » [3], la grande joie qui vient de ce que le Fils de Dieu « devient tellement l’un de nous que nous devenons éternels ». [4] En prenant notre chair, Jésus veut unir notre humanité à sa divinité. Nous qui sommes pécheurs et mortels, nous voici appelés à partager la sainteté et l’éternité même de Dieu : « Père, toi qui as merveilleusement créé l’homme et plus merveilleusement encore rétabli sa dignité, fais-nous participer à la divinité de ton Fils, puisqu’il a voulu prendre notre humanité », demande le prêtre dans l’oraison de la collecte de la messe du jour de Noël.

Cette joie, l’Épiphanie en célébrera la manifestation au monde entier, demandant aux chrétiens de la partager : « Aujourd’hui, le Christ s’est manifesté au monde, il est la lumière qui en dissipe les ténèbres ; marchez avec lui, pleins de confiance, et que Dieu fasse de vous des lumières pour guider vos frères sur leurs chemins. » [5] Et parce que la manifestation du Christ au monde ne sera effective qu’à partir de son Baptême et du premier signe qu’il accomplira à Cana, c’est avec bonheur que la liturgie permet de nouer en une seule gerbe les trois mystères de l’Épiphanie, en développant le thème des noces du Christ et de l’Église : « Aujourd’hui l’Église est unie à son Époux : le Christ, au Jourdain, la purifie de ses fautes, les mages apportent leurs présents aux noces royales, l’eau est changée en vin, pour la joie des convives, alléluia. » [6]

[1] Cf. Ml 4,2. Figure du Christ reprise dans la liturgie : « Ô Soleil levant, splendeur de justice et lumière éternelle, illumine ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort, viens, Seigneur, viens nous sauver ! » (ant. du Magnificat du 21 décembre)
[2] Lc 2,10 ; évangile de la messe de la nuit de Noël.
[3] Is 9,1 ; 1re lecture de la messe de la nuit de Noël.
[4] 3e préface de la Nativité.
[5] Bénédiction solennelle de l’Épiphanie.
[6] Ant. du Benedictus du jour de l’Épiphanie.