Célébrer le carême avec des catéchumènes

Dès son origine, au tournant du IIIème et du IVème siècle, le carême fut pensé comme un temps de préparation pour les futurs baptisés. Temps de purification et d’illumination, ces quarante [1] jours sont donnés aux catéchumènes et à toute l’Église afin « de se préparer aux fêtes pascales dans la joie d’un cœur purifié » [2], « de progresser dans la connaissance de Jésus-Christ et de nous ouvrir à sa lumière par une vie de plus en plus fidèle. » [3] La prière, le jeûne et le partage que nous vivons de façon plus intensive nous aident à nous décentrer de nous-mêmes pour donner plus de place à Dieu et à notre prochain, à être toujours plus fidèles à notre baptême.

Lors de l’appel décisif, le premier dimanche de carême, l’évêque demande à Dieu pour les futurs baptisés de les rendre « dociles à (son) Esprit et persévérants dans l’effort, pour qu’ils soient jour après jour de plus en plus fidèles à cet appel. » [4] C’est tout l’objet des scrutins, célébrés traditionnellement les 3ème, 4ème et 5ème dimanches de carême. « Ils ont ce double but : faire apparaître dans le cœur de ceux qui sont appelés ce qu’il y a de faible, de malade et de mauvais, pour le guérir, et qu’il y a de bien, de bon et de saint, pour l’affermir. Ils sont donc faits pour purifier les cœurs et les intelligences, fortifier contre les tentations, convertir les intentions, stimuler les volontés, afin que les catéchumènes s’attachent plus profondément au Christ et poursuivent leur effort pour aimer Dieu. » [5]

La rencontre de Jésus avec la Samaritaine (cf. Jn 4,5-42), la guérison de l’aveugle-né (cf. Jn 9,1-41) et la résurrection de Lazare (cf. Jn 11,1-45) [6] invitent les catéchumènes à se laisser « scruter » par Dieu, pour que, « comme la Samaritaine, (…) ils se laissent atteindre par le regard du Christ » [7], comme l’aveugle-né, ils « soient libérés de toute erreur qui les enferme et les aveugle » [8], comme Lazare, « ils reçoivent la vie nouvelle du Christ ressuscité et en soient les témoins. »[9]

En vivant ce carême avec ceux qui se préparent à unir leur vie au Christ, puissions-nous tous laisser se renouveler en nous la grâce de notre baptême : que nous mourrions davantage à ce qui nous éloigne de Dieu pour ressusciter à une vie nouvelle avec le Christ, et en être les témoins joyeux.

[1] Carême vient du latin quadragesima : le quarantième (jour avant Pâques). Dès le IIème siècle, avec l’instauration de la célébration annuelle de Pâques, les chrétiens se prépareront par le jeûne et la prière lors de la semaine sainte, bientôt étendue aux quarante jours avant Pâque, en écho aux quarante jours de jeûne de Jésus au désert.
[2] Première préface du carême.
[3] Collecte du premier dimanche de carême.
[4] Oraison finale de l’appel décisif.
[5] Rituel de l’Initiation Chrétienne des Adultes, n°148.
[6] Ces évangiles des 3ème, 4ème et 5ème dimanches de carême (Année A) sont toujours pris pour la célébration des scrutins, quelle que soit l’année.
[7] Prière litanique du 1er scrutin, RICA 157/1.
[8] Exorcisme du 2ème scrutin, RICA 165/1.
[9] Exorcisme du 3ème scrutin, RICA 172/1.