Le temps ordinaire

Depuis la Pentecôte, qui concluait le cycle pascal de l’année liturgique, nous sommes entrés dans le temps ordinaire. Déjà commencé dans les quelques semaines qui séparaient le Baptême du Seigneur de l’entrée en carême, il nous accompagne maintenant pour de longs mois, jusqu’à l’Avent prochain.

Nous concevons parfois le temps ordinaire en négatif, à partir de ce qu’il n’est pas, à savoir un temps spécifique de préparation ou de fête. « Ordinaire » devient alors synonyme de « quelconque ». Et il faut reconnaître que le temps ordinaire constitue un défi d’envergure dans une culture ambiante qui valorise l’événementiel et semble ignorer la vertu de répétition.

En réalité, ce temps nous donne d’entrer dans le rythme essentiel de la liturgie, telle que la vivait les premiers chrétiens. Au départ, il n’existait ni temps de l’Avent et de Noël, ni carême et temps pascal, ni fêtes et solennités en tout genre, pas même la fête de Pâques ! Ce n’est qu’à partir du IIe siècle que ces divers temps vont apparaître, colorant l’année liturgique d’une facette particulière du mystère du Christ. Mais au départ, il n’y avait que le dimanche, le jour saint de la semaine, où l’on célébrait le mémorial de l’alliance nouvelle, le mystère pascal de la mort et de la résurrection du Seigneur.

Le dimanche demeure ainsi la fête principale de notre liturgie. La Constitution sur la Liturgie du Concile Vatican II affirme qu’il est :
« le jour de fête primordial qu’il faut proposer et inculquer à la piété des fidèles, de sorte qu’il devienne aussi jour de joie et de cessation du travail. Les autres célébrations, à moins qu’elles ne soient véritablement de la plus haute importance, ne doivent pas l’emporter sur lui, car il est le fondement et le noyau de toute l’année liturgique. » (Sacrosanctum Concilium, n°106)

Le temps ordinaire nous conduit à entrer dans la grâce que nous demandons au Seigneur dans la prière d’ouverture du 12ème dimanche du temps ordinaire :
« Fais-nous vivre à tout moment, Seigneur, dans l’amour et le respect de ton saint nom, toi qui ne cesses jamais de guider ceux que tu enracines solidement dans ton amour. Par Jésus Christ. »

De dimanche en dimanche, nous nous laissons rejoindre par le Seigneur dans l’ordinaire de nos vies, pour qu’il les transfigure et nous donne dès ici-bas un avant-goût de l’extraordinaire plénitude de la vie éternelle. La couleur verte accompagne ce temps, couleur de l’espérance et de la vie, couleur commune de la nature où elle se déploie en mille tonalités diverses…