Homélie du père Christophe Valéa

HOMELIE DU 6ème DIMANCHE DE PAQUES C

 

Dans la première lecture, le récit des Actes des apôtres nous révèle que le vivre ensemble des tout premiers chrétiens n’a pas toujours été un long fleuve tranquille ! Les apôtres ont eu à faire face à des crises existentielles : celle notamment d’être chrétien sans obligatoirement observer les coutumes juives. En d’autres termes qu’est-ce qu’être chrétien ? Cela oblige- t-il celui qui le devient à l’observance de la loi juive ?

Derrière cette question, il y a un enjeu important : l’unité et la communion autour de l’unique Christ et de son Evangile. Pour ce faire, il n’est point nécessaire d’avoir les mêmes idées, les mêmes rites, les mêmes pratiques, la même culture. On sait bien comment cette histoire a connu une fin heureuse. En effet, les Apôtres prennent une double décision : les chrétiens d’origine juive ne doivent rien imposer de leurs pratiques aux chrétiens d’origine païenne ; mais de l’autre côté, les chrétiens d’origine païenne, par respect pour leurs frères d’origine juive, s’abstiendront de ce qui pourrait troubler la vie commune, en particulier pour les repas. L’essentiel était de maintenir la communion fraternelle. « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on vous reconnaîtra pour mes disciples › ›. La charité, fruit de l’Esprit saint, a sauvé l’unité de la foi et de l’espérance chrétienne.

L’Évangile, nous situe dans les toutes dernières heures de la vie de Jésus, juste avant la Passion. L’heure est grave… On devine l’angoisse des derniers moments, on la lit à travers les lignes, puisque, à plusieurs reprises, Jésus dit à ses disciples des paroles d’apaisement.  « Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés › ›. Curieusement, lui, au contraire, reste très serein. Il part et pourtant, il ne s’absente pas, puisqu’il viendra, avec le Père, faire sa demeure en ceux qui l’aiment.

Mais qu’est-ce qu’aimer le Christ ? C’est rester fidèle à sa parole. Quelle parole ? le « commandement nouveau ›› qu’il nous laisse, celui qui remplace tous les autres parce qu’il les contient : nous aimer les uns les autres, ce qui revient à dire « mettez-vous au service les uns des autres ››. A ses amis désemparés, à chacun de nous aujourd’hui, Jésus dit comment nous pouvons le trouver. Il nous donne sa nouvelle adresse. Nous n’avons pas à courir bien loin. Il suffit d’ouvrir notre cœur et c’est lui qui vient à nous avec le Père et l’Esprit saint ! Ce n’est plus l’homme qui cherche la maison de Dieu pour y habiter, c’est Dieu qui cherche une maison chez l’homme, cœur, pour y faire sa demeure. Dieu habite en nous par l’Esprit saint qui a été répandu dans nos cœurs.

Oui, il faut oser croire ce que nous dit le Christ : « Je m’en vais, dit-il, et je reviens vers vous. » Ce départ annonce une nouvelle présence. Il part, « il disparaît à nos regards, dira saint Augustin, afin que nous rentrions dans notre cœur et que nous l’y trouvions. › ›. C’est ce que Jésus nous dit lui-même dans cet évangile : « Si quelqu’un m’aime, mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. › ›. Jésus n’est donc plus là comme avant, mais il demeure en celui qui l’aime. Il n’est plus physiquement présent avec nous, mais il est au-dedans de nous, et désormais c’est l’Esprit Saint qui le rend présent dans son Église.

L’Esprit Saint : il n’est pas là pour remplacer Jésus, pour lui succéder, mais pour nous unir à lui. En résumé, Jésus dit aux disciples et à nous : Moi, je vous ai tout dit, mais c’est l’Esprit qui vous fera tout comprendre. Il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit, non pas pour rester attachés aux mots, mais pour être fidèles au message de l’Evangile dans le présent de votre vie. C’est un souvenir qui ne renvoie pas au passé, mais qui rend cette parole toujours d’actualité parce que toujours vivante.

Père Christophe VALEA

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