Au pas du cheval de la Troménie, prier simplement Marie

A La Peinière, départ de la calèche

La Troménie de Marie a traversé le diocèse de Rennes du 26 juin au 12 juillet. Un cheval, une calèche portant une grande statue de la Vierge, des marcheurs qui la suivent en priant : « c’est simple, comme Dieu ! » Reportage… en marchant.

Yann Béguin

C’est un reportage pèlerin ! En marchant sur 5 km, au rythme des sabots de Symphonie, la belle jument qui tire la calèche, et au rythme du chapelet égrené par la sono portable. J’y croise deux bébés dans une poussette, un vieil homme barbu à la marche un peu hésitante, deux amies venues d’une commune voisine, un père et ses 2 jeunes filles qui a vu la calèche hier soir et a décidé de faire quelques kilomètres ce matin jusqu’à ce que le convoi passe près de chez eux.

Passage dans le village de Breteil

Le convoi s’ébranle sous les regards curieux des passants

A 8h ce matin, Irène, la responsable de la conduite de la calèche, est venue retrouver le cheval et préparer l’attelage. A 8h30, les organisateurs et les pèlerins de jour participent à la messe organisée par la paroisse d’accueil. Les membres de l’équipe permanente ont été nourris et logés par des familles locales. 9h30, après la bénédiction, le convoi s’ébranle et sort du village sous les regards curieux des passants, attirés par le chant à la Vierge et le bruit des sabots sur le bitume.

Le site de la Troménie : https://www.latromeniedemarie.bzh/

Inès, jeune maman rennaise, est venue avec son mari et ses deux enfants en poussette. Elle a déjà participé au « M de Marie », une marche similaire organisée en 2020 pour relier les 5 sanctuaires mariaux français du XIXe siècle. « Je suis venu confier des intentions, pour notre pays la France, dans cette tradition de pèlerinage. Entre le boulot et la vie quotidienne, on est content de marcher et de prier. »

Comme ici à St Méen le Grand, la statue passe la nuit dans l’église qui l’accueille

Marcher ainsi, une belle méditation sur notre vie

L’initiatrice de cette marche originale a effectivement été inspirée par le « M de Marie » : « ce projet est né là, dans mon cœur, au rythme du pas du cheval. J’ai ressenti qu’il fallait que cela se passe aussi chez nous en Bretagne. » Claire de Penfentenyo, marche depuis le départ, du 18 juin à Nantes, et ira jusqu’à l’arrivé à Sainte-Anne d’Auray, le 10 septembre. Elle confie : « Quand Marie a dit oui, il y avait une part d’inconnue, c’était la foi ! Elle ressentait que c’était bien et beau car elle était pétrie de la Parole de Dieu par sa mère Ste Anne. Celle-ci est vénérée depuis l’an 500 dans notre région ! »

Sa découverte : « Marcher ainsi, c’est une belle méditation sur notre vie. Marcher derrière le cheval, réciter des « Je vous salue Marie » avec une aussi belle statue qui nous porte, c’est simple… et Dieu est simple. Ça nous fait un bien fou à nous et aussi aux autres. On est aussi dans l’effort, qui est de la suivre et de Le suivre : on ressent dans les pieds que c’est l’axe de notre vie ! »

Un des temps fort en Ille-et-Vilaine : la halte au sanctuaire Notre-Dame de La Peinière. Des jeunes de la paroisse de Vitré sont venus animer l’étape

J’ai besoin de la protection de Marie

Jérôme, 14 ans et petit sac de collégien sur le dos, a fait 1 journée et demie de marche derrière la statue : « Il faut que je choisisse où je vais l’année prochaine : je voudrais que Marie m’éclaire pour faire ce choix dans la prière. » Geneviève, 75 ans et très bien équipée avec gros sac à dos et bâton de marche, explique : « Je vais partir pour St Jacques de Compostelle fin juillet. Je suis venu pour m’entraîner, mais surtout je voulais suivre la statue de la Vierge. Je porte des intentions, pour mon frère souffrant, un voisin, mes enfants… j’ai perdu un fils. J’ai besoin de la protection de Marie pour continuer mon chemin. »

Marcheurs et paroissiens se recueillent devant la Vierge

C’est aussi une rencontre avec des saints locaux, une spiritualité

« On passe dans le village, les communautés nous accueillent : il y a des messes, veillées de prière ou adoration. Car notre objectif c’est que chacun mettre Jésus dans sa vie et c’est Marie qui nous aide à faire cela. » précise Tanguy de Penfentenyo, co-fondateur de la Troménie, qui s’appuie sur un réseau d’une centaine de bénévoles. « Nous ne connaissons pas ces communautés donc c’est elles qui organisent l’accueil chaque soir, et qui, à leur façon, accueillent Marie. C’est aussi une rencontre avec des saints locaux, une spiritualité. »

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Il insiste sur le final : « Les 10 et 11 septembre à Ste Anne d’Auray, le weekend sera accessible pour ceux qui ne peuvent pas marcher, donc aux malades et personnes handicapées. Nous allons réunir le monde paysan – c’est au paysan Nicolazic que Ste Anne est apparu – et les gens de la mer – les pêcheurs invoquent facilement Ste Anne en cas d’avarie. Il y aura un hommage aux familles – le lieu évoque la mère et la grand-mère du Christ – et aux prêtres. Enfin, on retrouvera des délégations de tous les clochers où nous sommes passés, avec une grande procession des bannières ! On va invoquer les saints bretons pour demander la renaissance spirituelle de la Bretagne, et ça entraînera la France et le Monde ! »