La rafle du Vél’ d’Hiv : hommage dans les paroisses d’Ille-et-Vilaine

Mgr Jules Saliège, archevêque de Toulouse en 1942, est un des rares évêques français qui osera publiquement s'opposer aux persécutions contre les juifs

Une lettre de Mgr Jules Saliège sera lue dans certaines paroisses du diocèse de Rennes, le dimanche 21 août. Datant du 23 août 1942, ce texte exprimait l’indignation de l’archevêque de Toulouse de l’époque devant la rafle du « Vél’ d’Hiv ». Pourquoi cette lecture aujourd’hui ?

Pour marquer le 80e anniversaire de cette rafle, le Grand rabbin de France, Haïm Korsia, a demandé que la lettre de Mgr Jules Saliège soit lue dans toutes les synagogues durant l’Office de shabbat du samedi 16 juillet 2022. Devant ce geste symbolique fort, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des Évêques de France, en lien avec le Conseil Permanent, a ensuite proposé que cette lettre, soit aussi lue en août dans toutes les églises catholiques de France. L’Archevêque de Rennes, Mgr Pierre d’Ornellas, a conseillé aux curés de partager ce texte le dimanche 21 août dans les paroisses d’Ille-et-Vilaine.

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VIDÉO : lecture de la lettre de Mgr Saliège par des scouts du diocèse de Toulouse

Pourquoi cette lettre ?

Cette lettre est le symbole de la résistance courageuse d’une partie de l’Eglise catholique, en 1942, face à l’antisémitisme. La Conférence des évêques de France explique : « Par fidélité à la foi chrétienne, nous devons lutter contre l’antisémitisme sous toutes ses formes. La rafle du Vélodrome d’Hiver, souvent appelée rafle du Vél’ d’Hiv, est la plus grande arrestation massive de Juifs réalisée en France pendant la Seconde Guerre Mondiale. Elle se déroula les 16 et 17 juillet 1942, il y a 80 ans. 13 152 Juifs, dont 4 115 enfants furent arrêtés par les policiers et les gendarmes français. »

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« Suite à ces rafles, Mgr Jules Saliège, archevêque de Toulouse, décida de faire lire un message dans toutes les paroisses de son diocèse, le dimanche 23 août 1942. Il fut suivi par cinq autres évêques. Mgr Jules Saliège reçu plus tard la distinction de ‘Juste parmi les nations’. »

Par la lecture de cette lettre, nous rendons témoignage au courage de Mgr Saliège et de son entourage qui a œuvré pour sauver de nombreux juifs, comme à celui des responsables d’Eglise, des religieux et religieuses, et des catholiques qui ont aussi lutté dans l’ombre. En Bretagne, une centaine d’enfants Juifs ont été cachés durant la Seconde Guerre Mondiale, dans 26 communes dont 16 en Ille-et-Vilaine. 53 personnes et 2 Institutions ont œuvré pour cacher ces enfants. 20 ont été reconnus comme des « Justes parmi les nations » par le Mémorial de Yad Vashem à Jérusalem.

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VIDÉO : témoignage d’un rescapé de la rafle du Vel d’Hiv

La lettre de Mgr Jules Saliège, archevêque de Toulouse

Et clamor Jerusalem ascendit Lettre pastorale de Mgr Jules Saliège sur la personne humaine, 23 août 1942 :

« Mes très chers Frères,

Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine qui impose des devoirs et reconnaît des droits. Ces devoirs et ces droits, tiennent à la nature de l’homme. Ils viennent de Dieu. On peut les violer. Il n’est au pouvoir d’aucun mortel de les supprimer.

Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d’une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle.

Pourquoi le droit d’asile dans nos églises n’existe‐t‐il plus ?

Pourquoi sommes-nous des vaincus ?

Seigneur ayez pitié de nous.

Notre‐Dame, priez pour la France.

Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos Frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier.

France, patrie bien aimée. France qui porte dans la conscience de tous tes enfants la tradition du respect de la personne humaine. France chevaleresque et généreuse, je n’en doute pas, tu n’es pas responsable de ces horreurs.

Recevez mes chers Frères, l’assurance de mon respectueux dévouement. »

Jules‐Géraud Saliège Archevêque de Toulouse 13 août 1942

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