Ordination diaconale du 30 oct. : « Si tu veux, tu peux devenir prêtre ! »

Loïc Brodin, 34 ans, pianiste de formation, a cheminé progressivement vers sa vocation à la prêtrise avec la Communauté de l’Emmanuel. Il sera ordonné diacre, en vue du sacerdoce, le dimanche 30 octobre dans sa paroisse d’insertion : Saint-Luc de Rennes Villejean-Beauregard. Il nous confie son « expérience intérieure » qui l’a préparé à cet évènement.

Propos recueillis par Yann Béguin

Ordination diaconale de Loïc Brodin
par Mgr Pierre d’Ornellas

Dimanche 30 octobre 2022

Rennes, église Saint-Luc, 10h45

Je suis le 3e d’une fratrie de 3 garçons. J’ai passé mon enfance à Compiègne et fait mes études secondaires à Quimper. J’ai poursuivi des études de musique à Rennes puis à Strasbourg, pour obtenir un Master d’interprétation de piano. J’ai enseigné le piano, un an, à Lille.

Un cri a jailli de mon cœur

Dans ma jeunesse, une expérience marquante a été ma Confirmation. Il y a eu aussi des camps d’été avec un prêtre qui emmenait des groupes de jeunes à travers l’Europe sur le pas des saints. Puis c’est à Rennes que j’ai rencontré la Communauté de l’Emmanuel : j’étais dans le foyer étudiant Jean-Luc Cabes, avec l’expérience de la louange tous les matins et la vie fraternelle.

Pendant un forum des jeunes à Paray-le-Monial, au cours d’une veillée miséricorde, j’ai vraiment vécu une expérience très profonde de me sentir aimé par Dieu, tel que j’étais. Un cri a jailli de mon cœur : « Seigneur, puisque tu m’aimes tant, fais de moi ce qu’il te plaira ! » Avec la Communauté de l’Emmanuel, cela a donc été des années de formation spirituelle et humaine.

Appel à la vie consacrée… ou à la prêtrise ?

Il y a eu aussi l’expérience de la mission, au Festival Annuncio à Bénodet. Ça m’a rempli d’une joie extrêmement profonde. J’ai compris que, au-delà de ma passion pour la musique, il y avait plus profond et plus grand. C’est là que je suis parti prendre du recul sur mes études, à Philanthropos, un institut de formation en anthropologie chrétienne en Suisse, et écouter autre chose qui se disait en moi : un appel à une plus grande radicalité dans ma vie chrétienne.

J’ai assez vite senti un appel à la vie consacrée. Au cours du cheminement avec les frères consacrés de l’Emmanuel, quelqu’un m’a demandé si je m’étais déjà posé la question de devenir prêtre. Cela m’avait déjà traversé l’esprit, mais là, j’étais mûr pour prendre au sérieux cette question. Les choses ont basculé au cours d’une messe d’ordination presbytérale à Lille. Alors que j’avais fait le choix de la vie consacrée, durant la messe j’ai vécu une expérience intérieure d’un appel qui me disait trois choses : « Si tu veux, tu peux devenir prêtre ; ce sera pour toi un chemin de bonheur et de fécondité ; et si tu veux… c’est maintenant ! » Ça bouleversait beaucoup de choses : cela a été un combat intérieur mais aussi une joie profonde.

L’aventure de la vocation

Pour moi, la vocation c’est une aventure à vivre. C’est pourquoi j’ai choisi sur mon faire-part d’ordination cette phrase de St Jean de Lacroix : « À l’amour qui t’entraîne, ne demande pas où il va. » Cette aventure, c’est être saisi par quelqu’un, en qui je peux avoir confiance, qui m’emmène bien au-delà de tout ce que j’aurais pu imaginer. Depuis, je n’ai jamais douté et j’ai vraiment l’impression de vivre une grande aventure.

Deux mois après – bien chargés : les JMJ à Cracovie et l’assassinat du père Hamel qui m’a beaucoup marqué ! – je suis rentré dans l’année de propédeutique de la Communauté de l’Emmanuel, en Belgique. Puis la communauté m’a proposé d’être envoyé au diocèse Rennes. J’ai suivi 2 années de formation dans une maison de l’Emmanuel à Paris, puis le second cycle au séminaire de Paris. Pendant ces années de séminaire, on est comme en plongée : on descend intérieurement. Quand l’ordination diaconale se profile, on remonte à la surface, on essaye de ressembler tout ce qu’on a vécu pour l’offrir au Seigneur.

L’ordination : le symbole de l’offrande de ma vie

L’ordination diaconale, c’est le symbole de l’offrande de ma vie et de cette consécration, que je vis déjà. J’ai écrit une lettre à l’évêque pour formuler ma demande d’ordination et puis j’ai attendu. Le jour du coup de téléphone du supérieur du séminaire qui vous dit « ton évêque t’appel à l’ordination », la vocation devient concrète ! Avant ce jour, la vocation c’est un « projet personnel », comme cela est dit lors des étapes d’admission au séminaire. Ce jour-là, cela devient un appel de l’Eglise, c’est très concret… et l’ordination devient la réponse à cet appel. En attendant ce moment, c’est « le temps du grand désir », comme disait mon père spirituel. Comme le temps des fiançailles pour les jeunes mariés.

Cette année, la vie en paroisse va être quelque chose de nouveau pour moi. En insertion à Saint-Luc à Rennes, je serais une semaine par mois au séminaire Saint-Yves de Rennes pour des modules sur la pastorale, avec cinq autres diacres. En paroisse, c’est une année de découverte de la pastorale, avec les célébrations des baptêmes, les obsèques… Mais c’est surtout une année pour vivre la « diaconie », le service : aller visiter les personnes, les plus fragiles.

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