La Communion Notre-Dame de l’Alliance rencontre le Pape

 

Le 30 janvier dernier, Mgr d’Ornellas a concélébré la Messe présidée par le pape François à la chapelle de la Maison Sainte-Marthe au Vatican. Il était accompagné de dix personnes de la Communion Notre-Dame de l’Alliance. Pendant son homélie, le Pape a invité tous les participants à vivre « la proximité et la tendresse », comme Jésus. Après la messe, Martin Brochier, le responsable de la CNDA, et Emmanuel Rondeau, le vice-responsable, ont parlé avec le pape François de l’Exhortation Amoris Laetitia pour lui témoigner du désir des époux, que leur conjoint a quittés souvent pour vivre une nouvelle union, de rester fidèles au sacrement de mariage.

 

Reprise de l’Homélie du pape François, le mardi 30 janvier 2018 à la chapelle de la Maison Sainte-Marthe

Pasteur parmi les gens

« Proximité et tendresse » sont les attitudes du vrai pasteur qui se tient toujours au milieu des gens, se préoccupant des problèmes concrets, se laissant toucher et allant en personne là où il est appelé jusqu’à l’épuisement physique si nécessaire. Et sans jamais avoir une attitude de prophète ou de conseiller spirituel ou de guérisseur, avec des heures de visite et une liste de prix. C’est vraiment la figure du pasteur, modelé sur témoignage de Jésus qui a toujours été au milieu de la rue dans la foule que le Pape François a voulu reproposer au cours de la messe célébrée le mardi 30 janvier à Sainte Marthe.

Pour sa réflexion, le Pape est parti d’un passage de l’Évangile qui « est plus à contempler qu’à réfléchir » comme il l’a observé, en se référant aux versets de Marc (5, 21-43). « Contempler », donc «  comment était une journée dans la vie de Jésus : Dieu avait promis d’accompagner son peuple, de marcher avec lui, et Dieu a accompagné son peuple et a envoyé Jésus pour porter ce chemin à la plénitude ».

Jésus accompagne « le peuple comme un pasteur. Il n’ouvre pas un bureau de consultation spirituelle avec une pancarte : ‘le prophète reçoit lundi, mercredi, vendredi, de 15h à 18h. L’entrée coûte tant ou si vous voulez, vous pouvez faire une offrande’ ». Le Seigneur « ne fait pas ainsi », a affirmé le Pape, et «il n’ouvre même pas un cabinet médical avec la pancarte : ‘les malades viennent tel jour, tel jour, tel jour et seront guéris’ ». Rien de tout cela. Au contraire « Jésus se jette au milieu du peuple ».

« Ainsi toute la vie de Jésus, la vie publique, s’est passée sur les routes avec la foule, et quand il enseignait, il y avait toujours cette parole qui se répète : ‘il y avait une grande foule’, la foule des gens qui le suivait ». Et « lui se préoccupait des gens pour qu’ils comprennent bien, et aussi il avait le souci, quand il pensait qu’ils avaient faim, de donner à manger ». Jésus était toujours « au milieu des gens : voilà le pasteur, c’est la figure du pasteur que Jésus nous donne et il dit à nous, pasteurs, comment doit être accompagnée la foule : au milieu du peuple ».

« Une fois, a confié le Pape, un saint prêtre qui accompagnait ainsi son peuple m’a dit : ‘les gens sont fatigants : je finis la journée, détruit’. Je lui ai dit « Mais heureux ?’ – ‘Oui !’. Et « pour dormir ce pasteur n’avait pas besoin de pastilles : il dormait très bien, parce qu’il était vraiment fatigué, mais d’une fatigue réelle, non la fatigue des idées, la fatigue de celui qui travaille, de la personne qui travaille et accompagne le peuple ».

Dans le passage de l’Evangile, a fait remarquer François, « cinq fois, se trouve le verbe ‘toucher’. Jésus est touché par la foule ». Mais « aujourd’hui aussi nous le voyons quand l’évêque va faire une visite pastorale ou le curé, ils touchent, pour prendre la grâce, disent-ils ». Parce que, a-t-il ajouté « le peuple est ainsi et si tu es pasteur et que tu es au milieu du peuple, tu dois ressentir cela ». En réalité, a poursuivi le Pape, l’Evangile d’aujourd’hui « dit davantage :‘Une grande foule le suivait et elle le pressait de toutes parts’. Et quand la foule «  le presse Jésus ne dit pas : ‘non, restez là’ » Comme si aujourd’hui ils disaient :‘Ne touchez pas le prêtre, non s’il vous plaît, faites de la place pour qu’il vienne , ou que vienne l’évêque ou que vienne le prêtre ». Et ainsi voici que Jésus « était là au milieu d’eux : c’était plus qu’un prêtre et qu’un évêque, Jésus ! », et « il se laisse toucher, presser : il les écoutait tous ».

Parmi la foule, raconte Marc dans son Evangile, « s’était faufilé ce chef de la synagogue » du nom de Jaïre : «  il lui dit « Maître, ma fille est en train de mourir ». Pour toute réponse « Jésus va, il marche ; il n’a pas dit :‘portez-la moi’ », mais il a répondu « j’y vais ». Donc « le pasteur va où sont les problèmes, va où sont les brebis, va où sont les difficultés ». Il répond toujours : « j’y vais ».

En poursuivant François a indiqué la figure de « cette petite vieille qui, la pauvre, ne savait pas comment guérir de la maladie : elle avait la foi, cette femme, et elle fait cette plaisanterie ‘ si je touche’ le manteau de Jésus. Elle pensait en effet ‘si je réussis même seulement à toucher ses vêtements, je serais sauvée’ ». Et Jésus s’« aperçoit » du geste de cette femme, « parce que Jésus était présent aux gestes de la foule ». Et « jamais dans le cœur de Jésus passe l’idée ‘cette foule ignorante, qui ne sait pas de théologie, cette foule superstitieuse’, … jamais ». Voici au contraire sa question de pasteur : « Qui m’a touché ? ». Et immédiatement la parole rassurante : « Ne crains pas. Va en paix. Ta foi t’a sauvée ». Et « ainsi il résout les problèmes ».

François a suggéré une méditation aussi sur le moment où dans le récit évangélique, « arrive la nouvelle de la mort de la fillette ». Au père, Jésus recommande : « Ne crains pas, aies seulement la foi ! ». Et il va à la maison de la fillette. « Il semble que Jésus – a expliqué le Pape- aime aller à la rencontre des difficultés des problèmes, quand les gens le demandent ».

Arrivé dans « cette maison », Jésus « doit payer l’entrée : l’entrée de la farce, de la dérision, parce qu’il y avait la foule, il y avait les pleureuses qui se lamentaient, criaient, comme on faisait en Orient dans les veillées nocturnes de veille pour les morts ». Et il demande de ne pas pleurer, parce que la fillette dort, elle n’est pas morte. Avec ces paroles a poursuivi le Pape, Jésus reçoit la moquerie, mais « muet, il avance, il paie par son effort, par la fatigue, par la honte aussi, il paie pour faire le bien ».

Et «  ensuite, à la fin, avec ce geste – a-t-il affirmé – il fait revenir à la vie la fillette et la donne à ses parents. Et il ne dit pas :‘que le Seigneur vous bénisse’, il ne fait pas une cérémonie ». Il dit simplement : « donnez-lui à manger ». Du reste, a expliqué François, « Jésus est attentif aux petites choses : cela me vient à l’esprit quand il ressuscite le fils de la veuve de Naïm ». Le récit de l’Evangile finit ainsi :‘Et il le rendit à sa mère’ ». Jésus « donne, aussi cette fillette, il donne ».

« Voilà, pour moi, les traces de la manière d’agir de Jésus, de marcher avec son peuple, au milieu de son peuple ; il a marché avec son peuple ; il a été très tendre, comme une mère : lui-même le dit à travers les prophètes » Et aussi « Jésus, Dieu et homme, fait que cette proximité du Père soit réelle et concrète, et cette tendresse aussi ».

« Le pasteur est oint avec l’huile au jour de son ordination : sacerdotale et épiscopale » a affirmé le Pape. Mais «  la véritable huile, celle intérieure, est l’huile de la proximité et de la tendresse ». Au contraire au « pasteur qui ne sait pas se faire proche, il manque quelque chose : c’est peut-être un chef de camp, mais ce n’est pas un pasteur ». Parce qu’« un pasteur auquel manque la tendresse sera un rigide, qui maltraite les brebis ».

Il faut donc « de la proximité et de la tendresse ; nous le voyons » dans la page de l’évangile de Marc proposée par la Liturgie. « Ainsi était Jésus, et le pasteur, comme était Jésus, finit la journée fatigué, mais fatigué de faire ce bien ». Donc « proximité et tendresse sont les attitudes d’un véritable pasteur ».

« Aujourd’hui nous pourrons prier au cours de la messe pour nos pasteurs –a suggéré François – pour que le Seigneur leur donne cette grâce de marcher avec le peuple, d’être présents à leur peuple avec beaucoup de tendresse, avec beaucoup de proximité ». Et « quand le peuple trouve son pasteur, il ressent quelque chose de spécial qu’on ressent seulement en présence de Dieu ». La conclusion du passage de l’évangile le rappelle quand il décrit les sentiments de ceux qui étaient présents : « Ils furent remplis d’un grand étonnement ». Et c’est « l’étonnement de sentir la proximité et la tendresse de Dieu dans le pasteur ».