La nouvelle église de St Jacques de la Lande a été inaugurée et consacrée

Mgr d’Ornellas dévoile la plaque au rez de chaussée de l’église, devant les représentants des architectes, de la paroisse et du diocèse

La première église bretonne du XXIe siècle a été inaugurée et consacrée près de Rennes le dimanche 11 février 2018. Retour sur cet évènement majeur de la vie de l’Église catholique en Ille-et-Vilaine.

La célébration d’un Baptême est toujours une fête pour les proches et une joie partagée en Église ! Ce weekend, le diocèse de Rennes célébrait la naissance d’une nouvelle église dans le récent quartier de la Morinais à Saint-Jacques-de-la-Lande, au sud de Rennes. Par la célébration de consécration, celle-ci appartient désormais à Dieu et à son Peuple.

Seigneur notre Dieu… que cet édifice que nous allons te dédier devienne une demeure de grâce et de salut, où le peuple chrétien se rassemble dans l’unité, t’adore en esprit et en vérité et se construise dans la charité. (extrait de la prière de consécration)

Après une gestation de neuf années, l’assemblée nombreuse de ce weekend – plus tous ceux qui ont pu suivre l’évènement sur la radio RCF Alpha et la page Facebook du diocèse – ont pu découvrir la surprenante œuvre architecturale de Alvaro Siza. Ceux qui avaient pu être déroutés par la vision extérieure du bâtiment pendant le chantier– plutôt massif –, ont cette fois découvert le cheminement qui entraîne le visiteur du parvis vers l’escalier puis à la « chambre haute » où ce sont déroulés l’inauguration et la messe de consécration.

Inauguration

Le dimanche 11 février à 10h30, l’église a été inaugurée par Mgr Pierre d’Ornellas, Archevêque de Rennes, en présence de plusieurs personnalités civiles. Les interventions étaient entrecoupés de moments musicaux.

Le père Joseph Lecoq, curé de la paroisse Saint-Jacques – dont fait partie l’église de l’Anastasis – a accueilli l’assemblée puis deux paroissiens ont décrit l’attente des habitants du quartier pour leur nouveau lieu de culte. Une représentante de la Commission d’art sacré du diocèse de Rennes, Véronique Orain, a proposé une lecture symbolique de l’architecture : « L’église de l’Anastasis située au premier étage, comme « la chambre haute » des évangiles, s’inscrit dans un espace circulaire qui évoque les anciennes églises d’Orient : celle du Saint Sépulcre de Jérusalem, « Agia Anastasis », ou Sainte Résurrection. »

Album photo de l’inauguration :
Anastasis : Inaugration

Le maire de St-Jacques-de-la-lande, Emmanuel Couet, s’est ensuite exprimé avant que Mgr d’Ornellas partage ses réflexions autour du nom de l’église : la Résurrection : « Dans le fond, [c’est] une église qui invite, parce que nous sommes à Saint-Jacques-de-la-Lande, à un pèlerinage. Un pèlerinage extérieur qui est le signe du pèlerinage intérieur que nous faisons tous. Ce pèlerinage intérieur a un air de Résurrection. Il est une petite symphonie de lumière qui surgit dans nos ténèbres. Il est une petite mélodie, ce pèlerinage vers une vie qui nous attire et qui est plus puissante que la mort. Ce pèlerinage fait retentir au fond de nous l’espérance que rien ne peut détruire. »

L’Archevêque de Rennes a poursuivi sur le thème de la beauté, « cet air de Résurrection se dit par la beauté« , avant de remercier ceux qui ont œuvré pour cette réalisation et an particulier son concepteur : « Vous comprenez bien qu’en entendant cet air de Résurrection aujourd’hui, qui est un air de beauté résonnant en nous, je voudrais exprimer ma gratitude particulière et pleine d’amitié pour vous, Monsieur Àlvaro Siza, d’avoir été talentueux avec beaucoup de travail pour nous offrir cette beauté. »

  • Les discours de la cérémonie d’inauguration : interventions de Mgr d’Ornellas, Archevêque de Rennes ; de Véronique Orain, de la Commission diocésaine d’art sacré.
  • A venir : textes de Emmanuel Couet, maire de Saint-Jaqcues-de-la-Lande, et du Père Joseph Lecoq, curé de la paroisse Saint-Jaqcues.

 

Messe de dédicace et consécration

VIDÉO : la messe en intégrale

Une assemblée très nombreuse est venue vivre le grand moment de ce weekend : la messe de dédicace et de consécration de l’église. A 15h, Mgr d’Ornellas, en tête de la procession, est entré dans l’église vide, suivi des prêtres et des paroissiens. Le premier geste symbolique est la bénédiction de l’eau et l’aspersion du peuple rassemblé, en signe de pénitence et en souvenir du baptême, puis des murs de la nef, de l’autel et de l’ambon, et même l’escalier et la salle du rez-de-chaussée.

Après la liturgie de la Parole et la lecture de l’évangile selon saint Marc 1,40-45, l’Archevêque de Rennes a commencé son homélie en expliquant la forme de l’église : « Le carré, comme cela a été dit ce matin, c’est nous, la terre, la création. Le cercle, comme cela a été également rappelé ce matin en citant saint Augustin, c’est Dieu lui-même. (…) Ici, l’architecte a pensé que le carré bien sûr s’élevait vers le ciel mais que le ciel – symbolisé par le cercle – était descendu jusqu’à nous. Nous sommes dans le rond, dans le cercle qui signifie Dieu. Comme le dit si magnifiquement saint Augustin, ce cercle est partout et le centre nulle part. Ou plutôt, si je me permets de commenter saint Augustin, le centre, c’est chacun de nous. »

Album photo de la Messe :
Anastasis : Messe de consécration

Faisant le lien avec l’évangile du jour, il s’est interrogé : « Que ferons-nous dans cette église ? Que ferons-nous dans toutes nos églises ? Pas autre chose que de se laisser bouleverser, comme Jésus se laisse bouleverser dans l’Évangile, « saisi de compassion », de miséricorde, de tendresse. La rencontre de Jésus avec le lépreux qui inaugure l’évangile de saint Marc manifeste la présence de Dieu qui s’est totalement dévoilé dans le Christ et qui n’est que tendresse, miséricorde et délicatesse dans son amour fidèle, durable, personnel pour chacun et pour tous. « Il est ensuite revenu sur le nom de l’Anastasis : « La Résurrection, Anastasis, signifie, aussi bien pour le nom de cette église que pour le mystère de la foi auquel les chrétiens adhèrent, la tendresse infinie de Dieu. Elle signifie le surcroît de tendresse, le surcroît d’amour. »

 

Conversation sur l’œuvre architecturale

VIDÉO : la table-ronde

Lors de la soirée précédant l’inauguration, intitulée « Du mystère à l’œuvre », le célèbre architecte portugais, Alvaro Siza, concepteur de l’Anastasis, a expliqué sa démarche créative : « Je me suis dit qu’est-ce que je vais faire ici ? L’aide m’est venue du fait de travailler avec d’autres personnes, dont certains connaissent les lieux… Commence alors à se construire une forme sans même être conscient de ça. Dans mon subconscient il y a aussi des choses que j’ai vues, par mes voyages. On peut appeler cela l’imagination ! Et puis les conversations avec Mgr d’Ornellas resteront une expérience inoubliable. »

Face à lui, un autre grand nom de l’architecture, mais française, Odile Decq, a insisté sur l’importance de concevoir des œuvres avec du sens : « Même avec un immeuble d’habitation on peut produire quelque chose qui a du sens. Un logement c’est aussi des rencontres, une façon de vivre… Je déteste qu’on parle d’architecture en tant que produit. » Elle a, par exemple, évoqué la façon dont Alvara Siza avait imaginé l’arrivée devant l’église remarquant que « ce chemin vous donne du temps et vous donne le temps du cheminement vers l’intérieur du lieu.« 

Album photo de la rencontre :
Anastasis : Dialogue Alvaro Siza & Odile Decq

Jean-Pierre Pranlas-Descourt, architecte exécutif du chantier, a souligné enfin à quel point l’église s’insère dans le quartier de la Morinais, dont il a lui-même conçu l’urbanisation. Le parvis relie en effet l’église à l’ensemble de la ville par une voie qui rejoint le parc, la mairie, le collège…

Mgr Pierre d’Ornellas a conclu en avouant : « Je sens que monte en moi une vive gratitude pour l’architecture… et il n’y a pas d’architecture sans architecte. Avec M Siza, la conversation que nous avons eue dès le début à portée sur la lumière. Je venais avec des pensées très simples : « Dieu est lumière ». Et j’entendais monsieur Siza dans une écoute impressionnante, une écoute active pour qu’il arrive à voir ce qu’il pourrait petit à petit dessiner. »

Cette rencontre était animée par Étienne Taburet, ancien élève de l’École des Beaux-Arts de Rennes et fondateur de l’agence Aître.

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