En Bretagne, une rencontre dans l’esprit de Tibhirine

Des Bretons des 4 départements ont pu rencontrer des acteurs locaux du dialogue islamo-chrétien et des personnes connaissant bien Tibhirine

Le Père Joseph Pouriel, Délégué diocésain pour les relations avec les musulmans, a assisté, avec 9 autres rennais, au colloque régional du 8 au 10 mars à l’Abbaye de l’Ile Blanche (29) intitulé : « Vivre la rencontre islamo-chrétienne à la lumière de Tibhirine ».

Pourquoi un tel intérêt pour ces moines béatifiés ?

Pris dans la tourmente de la guerre civile en Algérie avec tous les habitants, les moines de Tibhirine se considéraient d’abord comme « des priants parmi d’autres priants » Leur choix de continuer de vivre dans la paix au milieu du peuple algérien les aura amenés lucidement à accepter la possibilité du don de leur vie.

Le sens de leur présence, spécialement le choix de la non-violence, de la rencontre interculturelle et interreligieuse, peut féconder toujours nos recherches et nos pratiques contemporaines. Depuis plus de 20 ans, le chemin qu’ils ont ouvert se poursuit. Comment l’esprit de Tibhirine peut-il éclairer la rencontre et le dialogue entre chrétiens et musulmans aujourd’hui ? Tel était la visée de ce colloque. Un large public a vu le film Des hommes et des dieux sorti en 2010. Il a touché l’esprit et le cœur de beaucoup. Il interroge encore : jusqu’où chacun est-il appelé à vivre l’humain et la foi chrétienne ?

Les moines et les 12 autres béatifiés à Oran étaient des gens ordinaires. L’unité était difficile entre les moines, mais une communion réelle s’est vécue autour d’objectifs forts : un amour fort du peuple algérien fait d’amitié dans une vie au quotidien. Ils ont voulu incarner la non-violence absolue dans le contexte des années noires. Quelqu’un de plus grand qu’eux les a animés, le Christ… Ces bienheureux nous rappellent que nous sommes tous appelés à la sainteté, à la vivre dans un amour des autres qui peut aller loin.

5 piliers des Serviteurs de la paix

Le prieur de Tibhirine, Christian de Chergé, a donné 5 piliers pour construire la paix (les 5 P) :

  1. Prière : ils ont tenu dans la prière, reconnu la part de violence en eux et laissé faire Dieu : « Désarme-les, désarme-moi, Seigneur ».
  2. Patience : au quotidien, avec soi-même et les autres. « Les Algériens m’ont appris la patience ! » Dieu est patient avec nous !
  3. Pauvreté : la communauté a connu une grande fragilité. La vraie pauvreté : c’est de reconnaître que notre être vient de Dieu. Ne soyons pas pleins de nous-mêmes « Un seau n’est utile que s’il est vide. »
  4. Présence : L’incarnation : Dieu parmi les hommes. Ils ont eu une qualité de présence parmi les musulmans ; une vraie fraternité faire de silence, d’amitié, de prière. « Accueillir la différence des musulmans, c’est accueillir Dieu qui est différent. »
  5. Pardon : la béatification des 19 chrétiens a signifié le grand pardon « Vous rentrez dans le grand effort de la réconciliation nationale » a dit un ministre algérien avant la béatification.

Approfondir votre lecture