Profession perpétuelle de 12 Petites Sœurs des Pauvres

Dimanche 25 août 2019, les Petites Sœurs des Pauvres ont accueillis la profession perpétuelle de 12 nouvelles petites sœurs venu de partout dans le monde.

La profession perpétuelle est la déclaration publique et officielle par laquelle une femme entre dans la vie religieuse. Par cette acte, elle s’engage à vivre selon les conseils évangéliques, selon ce que Jésus nous a demandé dans l’évangile, et formule ainsi 4 vœux. Trois de ces vœux sont communs à tous les religieux : Le vœu de chasteté, qui les engage au célibat, le vœu de pauvreté qui les engage à renoncer aux possessions matérielles et aussi à laisser la Congrégation disposer de leur personne et de leurs talents et le vœu d’obéissance qui les engage à adhérer cordialement et dans la foi aux décisions prises par leurs supérieures.
Les Petites Sœurs des Pauvres formulent un quatrième vœu : Le vœu l’hospitalité qui concrétise leur disponibilité du cœur et de la volonté pour le service de Dieu et des personnes âgées. Comme pour les Frères de l’Ordre Hospitalier de Saint-Jean-de-Dieu, l’hospitalité consacrée veut être un témoignage de la miséricorde de Dieu pour les hommes.

Les petites sœurs étaient « entouré de mitres » puisque Mgr Gerald ALMEIDA, évêque de Jabalpur, province d’où est originaire pour la première fois une Petite Sœur des Pauvres est venu à La Tour avant de se rendre à Rome. Mgr Robert Le Gall, archevêque de Toulouse a célébré la célébration eucharistique dite à cette occasion, comme à chaque profession perpétuelle. Mgr Émile Marcus, aumônier des Petites Sœurs des Pauvres et évêque émérite de Toulouse, et Mgr Christophe Pierre, nonce apostolique à Washington étaient également présents pour concélébrer cette messe.

Parmi ces 12 nouvelles consacrées, la Petite Sœur française est envoyé en mission au Pérou !

Homélie de Mgr Robert Le Gall

Aimer
Comme Lui nous a aimés,
Et par amour, choisir
La dernière place,
Être pauvre et serviteur,
Frère de Jésus.

C’est une hymne dédiée au Bienheureux Charles de Foucauld, écrite par le Père Abbé bénédictin d’En-Calcat. Nous l’avons chantée à Toulouse chez les Petits Frères de Jésus au moment d’une messe que je célébrais chez eux mercredi dernier. Elle me semble rejoindre en profondeur, chères Petites Sœurs, l’engagement perpétuel qui est le vôtre ce jour, au terme d’une année de second noviciat à la Tour, dans la proximité du tombeau de votre fondatrice, sainte Jeanne Jugan. Il s’agit bien d’aimer, ou plus exactement de se laisser aimer par le Dieu Époux, qui a toujours l’initiative de l’amour, comme nous l’avons entendu dans le texte bouleversant du prophète Osée : même si nous sommes infidèles, il est Fidèle et continue à frapper à la porte de notre cœur pour que nous le lui ouvrions pleinement.

De fait, nous sommes tous pécheurs et Dieu, dans son infinie miséricorde, est venu nous régénérer. Le baptême nous a ramenés à la vie divine qui a grandi peu à peu dans nos existences. Nous avons entendu aussi l’hymne inaugurale de la lettre de saint Paul aux Éphésiens : « Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour » (1, 4). La nouvelle Traduction officielle liturgique a heureusement repris l’adjectif « immaculé ». Le mystère de la volonté divine est que nous devenions « le domaine particulier de Dieu », pour « récapituler toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre » (1, 9-10). C’est un dessein bienveillant qui est universel, ce que montre clairement, chères Petites Sœurs, la variété « catholique » de vos origines.

À Lourdes, Marie s’est fait connaître à Bernadette sous le vocable de l’Immaculée Conception, quelques années à peine après la définition du dogme par le bienheureux pape Pie IX. Si Marie a bénéficié du privilège de cette conception immaculée, ce n’est pas seulement pour elle, c’est pour chacun de nous, car le Sauveur devait naître d’une Vierge très pure. Oui, le « mystère de la volonté divine » est bien que nous devenions nous aussi « immaculés », plus exactement « saints, immaculés devant lui, dans l’amour ». Vous avez répondu, mes Petites Sœurs, à cet Amour sauveur, à cet Amour premier qui nous régénère, en répondant comme Marie l’a fait à l’Annonciation, à l’initiative divine, pour devenir les servantes du Seigneur en vous laissant conduire par l’Esprit Saint. Lui, qui est l’Amour au cœur des Trois qui sont un, vous apprend à vous laisser aimer, pour aimer en vérité et avancer sur le chemin royal de l’obéissante aimante. L’hymne de Dom David d’En-Calcat continue :

Chercher
Comme Lui la vie cachée,
Et par amour, partir
Où l’Esprit appelle.
N’être rien qu’un voyageur
Passant dans la nuit.

Aimer, ce n’est pas se payer de mot, mais avancer à la suite du Bien-Aimé, sur son chemin de croix vers la Résurrection, pour aider les personnes âgées à vivre dans la paix leur Pâque. Vous allez le faire dans le monde entier : tout à l’heure vous apprendrez où vous conduit le Seigneur pour cette mission de proximité aimante jusqu’au bout. PSDP : Partir Sans Demander Pourquoi, comme vous traduisez joyeusement vos initiales de Petites Sœurs des Pauvres. Ce qui n’est possible que dans une prière assidue, dans la liturgie des Heures et l’oraison.

Prier
Longuement le Bien-Aimé,
Et par amour, s’ouvrir
Au plus grand silence,
Adorer Jésus Sauveur
Dans l’Eucharistie.

Vos Maisons – chacune « Ma Maison » – sont des maisons de prière, au centre desquelles se trouve la chapelle. À Toulouse, où vous avez entièrement reconstruit l’ensemble, j’ai eu la joie de la bénir : elle seule demeure et elle a retrouvé sa pleine dimension. Partout, là où vous serez envoyées, vous puiserez dans la prière communautaire et personnelle la force et la joie d’aimer concrètement les personnes âgées en tous leurs besoins, notamment spirituels. Il s’agit bien, en effet, de :

Porter
L’Évangile aux affamés,
Et par amour, cueillir
Tous les mots d’un peuple
Où le Verbe aussi demeure
Et germe sans bruit.

Nourries de la Parole de Dieu chaque jour, vous la porterez par tout vous-mêmes et très simplement, aux personnes dont vous saurez aussi écouter les paroles, les angoisses, les attentes profondes pour que grandisse le désir paisible d’entrer dans la pleine vie de Dieu. C’est pour tout cela que vous voulez tout donner à jamais.

Donner
Jusqu’au bout sa vie donnée,
Et par amour, mourir
En offrant au Père
L’abandon jailli d’un cœur
Libre à l’infini.

Votre donation de ce grand jour, votre « dédicace » personnelle au cœur de cette Année jubilaire de la Dédicace de cette chapelle-mère, vous rend « libres à l’infini », « libres pour aimer », comme nous le disions, voici bien des années lors d’une reprise spirituelle, ici-même. Tout ceci par amour comme le chante chaque strophe de cette hymne qui m’a touché voici quelques jours à Toulouse, chère Petites Sœurs, chez les Petits Frères de Jésus. Nos familles religieuses, issues de la sainteté de nos fondateurs, nous mettent sur le chemin qu’ont emprunté Jésus et sa Mère : celui de l’Amour qui va jusqu’au bout, pour que vous en soyez les signes et les témoins « dans la fidélité et la tendresse », annoncées par le prophète Osée. Amen.