Bonne résolution 2020 : « nous familiariser davantage avec la Bible »

Le Père Philippe Hebert explique le sens du Dimanche de la Parole de Dieu institué par le pape François. Dans le sillage de Vatican II, il s’agit de revaloriser la Liturgie de la Parole et d’encourager les catholiques à se nourrir personnellement de la Parole de Dieu.

Philippe Hebert, responsable Pastorale liturgique et sacramentelle du diocèse de Rennes

Le pape François a institué le 3e dimanche du Temps Ordinaire, soit le 26 janvier cette année, le « Dimanche de la Parole », reprenant le souhait qu’il avait exprimé en conclusion du Jubilé de la Miséricorde que soit établi dans l’Église « un dimanche entièrement consacré à la Parole de Dieu, pour comprendre l’inépuisable richesse qui provient de ce dialogue constant de Dieu avec son peuple » (Misericordia et misera, n. 7).

Dans le Motu Proprio instituant ce dimanche, le Pape affirme que « consacrer de façon particulière un dimanche de l’Année liturgique à la Parole de Dieu permet, par-dessus tout, de faire revivre à l’Église le geste du Ressuscité qui ouvre également pour nous le trésor de sa Parole afin que nous puissions être dans le monde des annonciateurs de cette richesse inépuisable » (Aperuit Illis, 2).

L’esprit des premiers siècles de l’Église

Au long de l’histoire de la liturgie, il a pu arriver que l’on considère la liturgie de la Parole comme secondaire ou seulement préparatoire à la liturgie eucharistique. Elle constituait ce qu’on appelait parfois « l’avant messe ». Or, c’est le même Jésus qui se révèle dans les Écritures et qui se donne ensuite dans le Pain eucharistique. Nul ne peut le recevoir en vérité s’il ne l’a d’abord reçu à travers les Écritures dans lesquelles le Verbe fait chair se communique à nous.

Revenant à une conception de la liturgie plus fidèle à l’esprit des premiers siècles chrétiens, le concile Vatican II a tenu à rappeler à toute l’Église que « les deux parties qui constituent en quelque sorte la messe, c’est-à-dire la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique, sont si étroitement unies entre elles qu’elles constituent un seul acte de culte. Aussi, le saint Concile exhorte-t-il vivement les pasteurs d’âmes à enseigner soigneusement aux fidèles, dans la catéchèse, qu’il faut participer à la messe entière, surtout les dimanches et jours de fête de précepte » (Sacrosanctum Concilium, 56).

« Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ », selon l’adage fameux de saint Jérôme (Cf. encadré) repris par le concile Vatican II dans sa constitution sur la Parole de Dieu (cf. Dei Verbum, 25). C’est pourquoi, pour encourager les fidèles à se nourrir davantage de la Parole de Dieu, le Concile avait demandé de promouvoir dans la liturgie de la messe « ce goût savoureux et vivant de la Sainte Écriture » (Sacrosanctum Concilium, 24). La demande du pape François que ce 3e dimanche du Temps Ordinaire soit « consacré à la réflexion, la célébration et la proclamation de la Parole de Dieu » (Aperuit Illis, 3) s’inscrit donc dans la droite ligne de l’aspiration du Concile Vatican II.

Dossier « Dimanche de la Parole de Dieu »

La magazine du diocèse de Rennes propose, dans son édition de janvier 2020, un dossier de 6 pages présentant cet évènement.

En savoir plus

En paroisse… et chacun chez soi

  • VOIR AUSSI : Une lettre de Mgr d’Ornellas pour le Dimanche de la Parole

Chaque paroisse pourra trouver sa manière propre de mettre en valeur ce dimanche. Il serait bon que l’Évangéliaire (ou le lectionnaire) soit porté en procession de façon solennelle, que bien sûr les lectures soient particulièrement soignées, et peut-être, pour éveiller l’attention de l’assemblée, que la liturgie de la Parole soit introduite par une brève monition du célébrant sur l’importance de celle-ci, thème qu’il pourra développer ensuite dans l’homélie.

Mais, cette attention liturgique ne pourra porter de fruits véritables que si chacun s’efforce de se nourrir personnellement de la Parole de Dieu. Peut-être un temps de réflexion, de méditation et d’échanges sur les textes du dimanche pourra-t-il être proposé en paroisse dans la semaine précédant le « Dimanche de la Parole » pour favoriser l’imprégnation de chacun.

Il est capital que chaque chrétien médite par avance les textes qui vont être lus à la messe, seul ou avec d’autres, afin de préparer son cœur à la révélation que le Christ veut faire de lui-même. Les homélies ont leur importance et leur utilité, mais rien ne remplace le contact personnel et communautaire avec la Parole de Dieu dans laquelle Jésus révèle à chacun son visage.

Puisque les débuts d’année sont porteurs de bonnes résolutions, prenons celle pour 2020 de nous familiariser davantage avec la Bible. Combien de catholiques ont-ils lu ne serait- ce qu’un Évangile en entier ? Il est temps – grand temps ! – que les chrétiens se nourrissent en profondeur du trésor des Écritures pour que leur communion au Christ soit plus entière et féconde.