Le confinement au Burkina Faso : inquiétude et créativité

Pascaline (à droite) est postulante chez les Sœurs du Christ Rédempteur, congrégation dont la Maison-mère est à Fougères en Ille-et-Vilaine

Pascaline est postulante chez les Sœurs du Christ Rédempteur au Burkina Faso. Elle raconte l’arrivée du Covid-19 dans le diocèse de Fada N’Gourma à l’est du pays. Entre inquiétudes, liées à la pauvreté, et créativité, l’Afrique affronte déjà la crise sanitaire.

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La pandémie du Covid-19 est désormais dans notre pays du Burkina Faso. Très tôt, les autorités religieuses et civiles ont pris des mesures et donné des consignes d’hygiène afin de freiner la propagation de la contamination des populations. Les rassemblements de masse ont été interdits, les marchés fermés, sauf les boutiques d’alimentation et certaines administrations qui doivent observer les règles d’hygiène et la distance de un mètre entre les personnes. Les lieux de célébrations et de prière qui réunissent beaucoup de monde sont fermés. Les messes sont célébrées en privé.

Pas mal de vies ont pu être sauvées

Tout de suite, les malades ont été pris en charge. Et les nouveaux cas ont aussitôt été suivis. Grâce au remède d’un médecin tradi-praticien du Bénin, en collaboration avec des médecins burkinabé, pas mal de vies ont pu être sauvées de ce virus. Le port des masques, le lavage des mains et l’application du gel hydro-alcoolique sur les mains sont très bien observés par beaucoup de citoyens, de même que le couvre-feu prévu de 19 h du soir à 5 h du matin.

Ce souci d’hygiène a suscité chez certains de la créativité pour inventer des lave-mains plus adaptés et accessibles à la population modeste. Les transports routiers ont été interrompus et les grandes villes mises en quarantaine.

Exemple de lave-main réalisé par une association avec les moyens locaux (© DR)

La tentation est grande de ne pas respecter les mesures imposées

Malheureusement, nous constatons qu’il y a des récalcitrants. Par exemple, dans des quartiers, des commerçants se regroupent pour former des petits marchés de plus de 50 personnes et la plupart n’observent pas les mesures d’hygiène, ni le port des masques.

Ce confinement a un impact sur les petits commerçants qui ne vivent qu’à partir de leur gain au jour le jour. Alors la tentation est grande de ne pas respecter les mesures imposées. Ceux qui mènent des activités commerciales de nuit sont privés de leur gain à cause du couvre-feu. Que faire ? En plus, les frontières étant fermées, les produits d’exportation deviennent rares et leur prix est de plus en plus élevé. Par exemple, un flacon de gel hydro-alcoolique est passé de 2000 cfa à 6000 cfa.

Puisse le Ressuscité accueillir avec lui les victimes du mal, consoler leurs proches, guérir ceux qui sont malades, réconforter ceux qui les accompagnent et éloigner de nous ce Covid-19. Amen.

Il est regrettable que ce confinement soit l’occasion de toucher du doigt l’égoïsme de certains, face à la misère, à la maladie de l’autre. On perd le sens de l’humain pour le gain et le gain facile, même si l’autre doit saigner. Cependant, à côté de cette plaie, des personnes sont capables de compassion, de solidarité, de charité. Et elles donnent l’espérance que le royaume de Dieu est tout de même parmi nous, bien que confinés. On ne peut confiner l’amour, la joie, l’humain, la solidarité.

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