Ordre de Malte : le combat contre l’exclusion continue

La campagne d’hiver des « petits déjeuners solidaires » a été stoppée avec l’annonce du confinement du 17 mars dernier. Malgré tout, la soixantaine de bénévoles, soutenue par de jeunes volontaires, ont repris leurs maraudes, en respectant les consignes sanitaires. Le combat contre l’exclusion est, et sera après le déconfinement, encore plus d’actualité.

Alain du Mézeray, délégué départemental de l’Ordre de Malte

L’Ordre de Malte France en Ille-et-Vilaine avait entamé sa cinquième campagne d’hiver contre les exclus de la vie en proposant des petits déjeuners solidaires le dimanche matin aux précaires et personnes de la rue à Rennes. Nos bénévoles ont distribué près de 1 300 petits déjeuners entre octobre 2019 et mars 2020. Chaque dimanche matin, une quinzaine de bénévoles se relaient, soit pour accueillir sous la tente posée devant la basilique Saint-Sauveur nos « amis de la rue », soit pour aller au devant d’eux à travers les rues du centre ville. Au total, plus de soixante volontaires nous ont rejoints et des offres de service nous arrivent régulièrement, et pratiquement toutes proviennent de jeunes qui souhaitent faire de ce service un engagement spirituel. L’une de ces futures bénévoles nous a confié ainsi la dimension religieuse de son engagement à nos côtés : « La solidarité, et la solidarité envers les plus démunis, c’est avant tout le service du Christ à travers les exilés de la vie. »

Tout a été brutalement interrompu le 17 mars dernier avec les consignes gouvernementales du confinement. Dans les grandes métropoles, comme Paris, Lyon, ou Lille, l’Ordre de Malte France a continué ses activités caritatives à travers des maraudes véhiculées ou médicalisées, à la demande des autorités administratives ,tellement les besoins sont importants. Mais dans la plupart des villes, les acteurs de la solidarité ont interrompu leur activité. A Rennes, les autorités se sont essentiellement appuyées sur le SAMU Social et les Restos du cœur. Portant beaucoup d’associations ont poursuivi leur action et d’autres avaient hâte de revenir auprès des personnes de la rue, d’autant plus que des nouveaux acteurs apparaissaient sur la scène de la solidarité.

Le Siège de l’Ordre de Malte France a mis en place une cellule de crise pour aider à la reprise des petits déjeuners, des maraudes, des accueils de jour, des postes de secours, dans tous les départements, sous forme d’une plate forme téléphonique, de consignes sanitaires, et de mise à disposition de matériels de protection et d’aide alimentaire. Nous sommes repartis dans ce combat contre l’exclusion par une reprise des maraudes, sous une forme informelle durant un soir de la semaine avec quelques volontaires.

Et nous nous sommes rendus comptes qu’il y avait pas mal de personnes à vivre dans la rue, malgré les formes d’aide des autorités à la protection des populations. Tout le monde n’était pas à l’abri dans des centres d’hébergement. Des jeunes et des mineurs notamment couchaient dehors. Beaucoup de nouveaux visages pour cette reprise; quant à nos connaissances habituelles, il n’était pas rare qu’elles nous disent : « Ah ! Vous revoilà, ça fait du bien de vous voir. »

Réconfortés par cet accueil amical, nous avons repris nos maraudes habituelles du dimanche matin, avec des volontaires, en respectant les consignes sanitaires et la distanciation sociale. Nous leur apportons un vrai petit déjeuner complet avec café, ou thé (en thermos), viennoiseries, et fruits, par équipes de 3-4. L’aide alimentaire nous est accordée gracieusement pat l’Intermarché des Longschamps, que nous remercions pour son aide et sa fidélité à nous soutenir.

Nous voyons bien que la crise a augmenté les fragilités physiques, psychologiques, et sociales des plus pauvres. On doit s’attendre, à notre avis, après le déconfinement, à une triple crise, économique, sociale et politique. Les nouveaux précaires vont fortement augmenter. La solidarité est plus que jamais à l’ordre du jour et dans l’urgence .