Générosité et imagination à la pastorale de la santé au cœur du confinement

Depuis le début du confinement, la mission de la Pastorale de la santé en Ille-et-Vilaine est profondément perturbée. La présence auprès des personnes accompagnées doit se réinventer. Ces catholiques en mission rivalisent d’imagination et de générosité pour garder le contact.

La Pastorale de la santé du diocèse de Rennes vient de publier une série d’articles sur son site. Ces nombreux témoignages ont été recueillis auprès des personnes en mission d’accompagnement des personnes âgées, des personnes handicapées et des malades. Suivez les liens pour en savoir plus !

La puissance de la prière et… notre impuissance

Ysaur est aumônier d’hôpital : elle « se voit amputée de son essence même ! Etre là, à côté de celui qui souffre, à son écoute, lui tenant la main sur son chemin et marchant à son rythme. » Comment ne pas délaisser les patients alors que l’aumônier est confiné ? Confiante malgré tout, elle confie : « On goûte alors à la puissance de la prière et à notre impuissance, et c’est un beau chemin. » Elle ajoute « Avec notre équipe d’Aumônerie, nous prions ensemble, chaque soir à 19h, une dizaine de chapelet pour tous les malades, leurs proches, les soignants. Nous invoquons Notre Dame de la Peinière, prière proposée par Mgr d’Ornellas. »

De nouveau des demandes d’accompagnement

Patricia et Dominique ont dressé au départ ce même constat : « Tout ce qui faisait la vie de l’aumônerie s’est arrêté brusquement. » Puis : « A notre grand soulagement, après un mois sans nouvelles, les services hospitaliers se sont rappelés que nous sommes disponibles pour les personnes hospitalisées et depuis quinze jours nous recevons, de nouveau, des demandes d’accompagnement de personnes hospitalisées et leur famille. » « Bien sûr, toutes les précautions requises sont prises : gel, blouse, masque, prise de température, distanciation. Nous sommes rassurées de voir les équipes de soignants enfin libres pour entendre les besoins spirituels de leurs patients. »

Aider bénévolement les soignants

Marie-Olga, membre d’une équipe d’aumônerie, a pris la décision de tout de suite se mettre « à la disposition de l’hôpital pour aider bénévolement les soignants ». « J’arrive à 11 h et me dirige où on a besoin de moi. Midi et soir je donne à manger à deux résidents très handicapés, puis je déjeune moi-même. L’après-midi , je visite en chambre. » Elle a alors une idée : « J’ai passé la commande d’une vidéo au Père Claude : je suis passée chez toutes les personnes qui viennent aux célébrations pour leur faire voir une vidéo de 7 minutes . Sur des images intérieures et extérieures de l’église paroissiale, il envoie un message de soutien aux résidents et au personnel, puis face à la caméra il a prononcé une homélie sur les Rameaux. Les résidents ont été très touchés et moi même très émue. »

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Beaucoup de générosité et d’imagination pour rejoindre l’autre

Côté EHPAD, c’est la même difficulté, constate Hélène ! « Notre pastorale des personnes âgées est d’autant plus confinée que l’ensemble des bénévoles qui anime son réseau sont des personnes « d’un certain âge » auxquelles on demande de rester chacun chez soi »  Mais « Chacun fait preuve de beaucoup de générosité et d’imagination pour rejoindre l’autre » Hélène donne plusieurs exemples : « Le samedi, à l’heure de la messe, les Résidents peuvent suivre la Célébration sur KTO. J’ai envoyé à une des animatrices la prière à N.-D. de La Peinière de Mgr d’Ornellas. Des photocopies en ont été faites et distribuées aux personnes intéressées. J’ai fait également passer le message des cloches du 25 mars. Certains Résidents ont ainsi pu les entendre sonner. Pour ma part, je me suis établie une liste de personnes vivant seules chez elles et je leur téléphone une fois par semaine. Certaines me disent : « Vous êtes la première personne à qui je parle aujourd’hui ! » Ensemble, restons unis dans la prière et la confiance. »

Parents d’enfant handicapé : approfondir notre relation à Dieu

Les familles de personnes handicapées se retrouvent dans des situations parfois très difficiles. Cet article rassemble plusieurs témoignages de famille.

Pour Claire, « maman d’un jeune ado lourdement handicapé moteur et de 2 petits garçons, le confinement est une aventure de tous les jours ! » « Ce confinement me confirme que sans l’aide des autres (grands-parents, auxiliaire de vie scolaire, ergothérapeute, psychologue…) qui peuvent prendre le relais, tout est plus dur. »

Véronique et son maris sont confinés avec leur fille Marie-Annaïs, 26 ans, polyhandicapée en fauteuil et complètement dépendante. « Elle est si contente d’être à la maison ! » « Nous essayons d’être fidèles à un temps de prière à haute voix chaque jour, au cours duquel Marie Annaïs choisit des images et demande de porter une croix depuis la semaine sainte. Elle est participante et tente de répéter des sons après nous. Ce confinement nous permet d’approfondir notre relation à Dieu si importante dans notre vie »

Dans un foyer : ils partagent leur savoir

Dans un foyer de personnes handicapées, le confinement n’est « vraiment pas bon pour eux, dans la mesure où les relations et les contacts avec les autres sont interdits. » constate Raymond. « On passe notre temps à leur dire : « Il faut que tu aies des relations avec les autres », et tout d’un coup on leur dit : « il faut que tu n’aies aucune relation avec les autres ». Difficile à accepter. »  » En outre, le climat de « guerre » et de dénombrement des morts n’est pas propre à apaiser leurs angoisses. » Mais tous font preuves de bonne volonté : « le confinement les incite à jouer entre eux et donc à créer du lien : scrabble, trionimo, cartes, sudoku… Une résidente apprend à une autre à faire de la couture, une autre à faire du dessin. Ils partagent leur savoir. Ils ou elles pensent aux autres, et, en particulier aux bénévoles, en prenant contact régulièrement avec eux, par téléphone ou SMS ou courriel, pour prendre de leurs nouvelles, leur envoyer une blague, … Les bénévoles en font de même. Certains résidents prient ensemble. Maintenons les relations pour penser à l’après : la fin du confinement ! »