Parole de l’Évêque – « Que nos yeux s’ouvrent ! »

Paru dans Église en Ille-et-Vilaine n°325 – Janvier 2021

En faisant la relecture du premier confinement, beaucoup ont dit l’épreuve que cela fut pour eux. Mais d’autres ont salué la redécouverte de « l’essentiel » aussi bien pour leur vie personnelle et familiale que pour leur vie spirituelle de croyants.

Parmi cet essentiel, plusieurs ont souligné le rapport à la nature et l’émerveillement que celui-ci suscite. Paradoxalement, le confinement a permis une ouverture des yeux sur l’écologique. Dieu en soit loué !

Car le Créateur et Père n’a pas placé ses enfants dans l’univers de telle sorte qu’ils se comportent comme des prédateurs dont l’avidité ne serait que croissante pour abîmer notre planète ! En effet, comme nos avidités sont aiguisées par nos techniques de plus en plus performantes !

Dieu a au contraire scellé une alliance avec nous de telle sorte qu’ils reçoivent la planète comme une œuvre qui a été suscitée par amour et qui leur est donnée. Ainsi ses enfants ne pouvaient vivre qu’en bonne intelligence avec ce don, en le respectant et en lui faisant porter ses fruits destinés à leur vie et à leur bonheur. Hélas, « le cœur de l’homme est malade », prophétise Jérémie, et ce respect s’est vite amenuisé pour laisser place à la cupidité égoïste et à l’avidité orgueilleuse. Comme si l’Homme se réalisait dans l’individualisme (le « virus », écrit le pape François !) et dans la domination ! Quel mirage !

Mais voilà que l’Esprit souffle et nos yeux s’ouvrent. Voilà que l’écologie devient un chemin normal pour les croyants en Dieu. Voilà que l’Esprit nous invite tous à relire nos manières de vivre afin de discerner si nos actes respectent la planète et la reçoivent comme un don au point de s’en émerveiller.

Souvent, quand je vais marcher en forêt, je vois des plastiques négligemment jetés par terre. Alors, je pense à la larme silencieuse que la terre verse en murmurant : « Pourquoi me traite-t-on ainsi, moi qui pourtant leur rend un si grand service pour leur vie ? » Ramasser le plastique est symboliquement un geste de consolation et de gratitude pour ma sœur mère, la terre.

Relisons donc nos attitudes vis-à-vis de la planète et des vivants qu’elle porte. Souvenons-nous que la Bible nous rapporte le récit où elle fut un « jardin » agréable à l’homme et à la femme. Hélas, eux aussi n’ont pas su se respecter comme des frères et sœurs. Leur avidité les a engagés dans la domination l’un vis-à-vis de l’autre. Et Caïn tua Abel !

Alors qu’ils sont faits pour la fraternité (« vous êtes tous frères », dit Jésus) ! Celle-ci engage au respect le plus délicat qui soit en raison de l’égale et éminente dignité de chaque être humain dès sa conception et jusqu’à sa mort naturelle. Recevons des yeux pour le voir !

Il est évident que l’écologie entraîne avec elle l’écologie humaine ! C’est le même être humain qui est appelé à respecter la planète comme don de Dieu, et à respecter son frère qui lui est aussi donné par Dieu comme son semblable.

Si des yeux s’ouvrent sur le respect dû à la planète, il importe encore plus que les yeux s’ouvrent sur le respect dû à tout être humain en raison de sa dignité et de ses droits fondamentaux. Là aussi, hélas, les techniques biomédicales s’immiscent à la source même de la vie humaine et dans l’intimité personnelle de l’être humain. Aveuglés, nous abîmons le prochain, en particulier le plus petit, l’enfant ! Que de discernements la bioéthique a-t-elle à opérer !

C’est pourquoi, 4 vendredis de jeûne et de prière sont proposés aux catholiques, les 15, 22 et 30 janvier et 5 février 2021. Il est beau de demander ensemble à Dieu : « Que nos yeux s’ouvrent ! » (Matthieu 20,33)