Un an après, que sont devenus les ukrainiens accueillis par la Diaconie ?

Il y a un an, 50 ukrainiens débarquaient à Rennes, venus de Pologne dans un car affrété par la Diaconie brétillienne. Que sont-ils devenus ?

Propos recueillis par Yann Béguin

NOTRE DOSSIER

  1. Le rôle déclencheur de la Diaconie Brétillienne : interview de Vincent Massart, diacre permanent et délégué général de la Diaconie Brétillienne (cet article)
  2. Une famille ukrainienne s’insère grâce à son unité : rencontre avec la famille Revina
  3. Deux femmes ukrainiennes réfugiées en Bretagne : le temps de la reconstruction
  4. Autour des ukrainiens, des équipes accueillent dans la durée

Le 7 avril 2023, un mois après le début de la guerre en Ukraine, le diocèse de Rennes affrétait un car et ramenait, de Varsovie en Pologne, une cinquantaine de réfugiés ukrainiens. Ces femmes, avec quelques enfants et peu d’hommes, ont ainsi débarqué dans notre région grâce à l’action de l’association Diaconie Brétillienne.

Le rôle déclencheur de la Diaconie Brétillienne

Cette structure, créée en 2016, porte la mission de la charité et soutient sa mise en œuvre à travers le diocèse de Rennes. « Le principe de la Diaconie n’est pas d’abord de faire de grands projets en son propre nom mais plutôt de détecter les besoins, de mettre en lien les personnes et d’accompagner des projets locaux. » explique Vincent Massart, diacre permanent et délégué général de la Diaconie Brétillienne. Les 12 familles ukrainiennes ont donc été immédiatement confiée à des familles et collectifs d’accueil répartis à travers le département.

LIRE AUSSI : Grand soulagement pour les 50 ukrainiens accueillis par les paroisses d’Ille-et-Vilaine

Vincent Massart, délégué général de la Diaconie bretillienne, remercie les familles ukrainienne de leur confiance
Vincent Massart, délégué général de la Diaconie bretillienne, remercie les familles ukrainienne de leur confiance à l’arrivée du car à Rennes le 7 avril 2022… après 36 heures de route

« Nous avions reçu environ 150 propositions de logement, mais nous n’avions retenu que des logements indépendants » rappelle le diacre, l’association envisageant déjà un accueil à long terme. Et autour des familles proposant des logements, des équipes prêtes à s’engager. « La fraternité des diacres a joué un rôle important : ils sont nombreux à s’être mobilisés à cette occasion. Nous nous sommes aussi appuyés sur des associations existantes dans les paroisses – dont certaines sont très expérimentées dans l’accueil des migrants – et des équipes de Diaconie paroissiale dont certaines à l’état de projet. »

VOIR AUSSI : La Diaconie Brétillienne : une coordination diocésaine de la solidarité

Vincent Massart note, avec satisfaction : « Le plus grand succès de cette opération Ukraine, c’est que des paroisses se sont mobilisées et qu’une dizaine d’équipes Diaconies sont nées autour de l’accueil d’une famille. » Un an après, « la Diaconie Brétillienne reste présente si besoin pour ces familles, mais nous avons très peu de demandes d’aide » constate-t-il, les équipes locales étant bien organisées.

VIDÉO : les images de l’arrivée des ukrainiens le 7 avril 2022 à Rennes, par Les Productions du Regard

Que sont devenus ces 12 familles ?

Les situations sont très différentes selon l’histoire des personnes. « Dans les 3 familles que j’ai le plus accompagné, continue le délégué diocésain de la Diaconie Brétillienne, il y a une femme qui s’est très vite décidé de s’installer en France. Une autre nous a toujours dit qu’elle n’avait pas vraiment choisi la France : elle va d’ailleurs bientôt rejoindre sa sœur au Canada. Une troisième n’attend que de rejoindre son mari à Kiev, alors qu’elle a pourtant appris très vite le français. » Par ailleurs, « deux familles sont reparties presque tout de suite après leur arrivée à Rennes : l’une à nouveau vers la Pologne et l’autre pour la Rochelle, car c’était son objectif. »

LIRE AUSSI les témoignages de ce dossier :

  • Une famille ukrainienne s’insère grâce à son unité
  • Réfugiées ukrainiennes en Bretagne : le temps de la reconstruction

Vincent Massart, par le biais de l’association Accueillir et Partager, est impliqué de longue date dans l’accueil de réfugiés. « Que ce soit les irakiens, les syriens ou maintenant les ukrainiens, tous ces migrants que nous avons accueillis n’ont jamais choisis de partir de leurs pays. » Il faut souvent plusieurs années pour réussir une insertion, maîtriser la langue, franchir les barrières administratives, et apprendre à revivre après le traumatisme de la guerre et du déracinement. L’accompagnement de ces personnes est fait de multiples combats et de petites victoires, de beaucoup de patience et d’écoute.

La famille Revina participe à la manifestation à Rennes, un an après le déclenchement de la guerre en Ukraine
La famille Revina participe à la manifestation à Rennes, un an après le déclenchement de la guerre en Ukraine

Le diacre donne l’exemple de la famille de Olga, arrivée par le car de la Diaconie, et accueillie à Cancale avec ses 3 enfants. Au chapitre des réussites, « elle travaille comme femme de chambre dans un hôtel, ses enfants de 7, 14 et 15 ans sont scolarisés et progressent bien en français. » Mais en reprenant le travail, elle n’a pas pu continuer les cours de français, ce qui a terme, risque de freiner son insertion. Pourtant « elle n’envisage pas de rentrer en Ukraine pour l’instant. » La paroisse lui cherche un logement social pour l’accompagner vers plus d’autonomie.

Vincent Massart présente l'action de Serepta, association permettant l'accueil de réfugiés, lors de la 2nde rencontre diocésaine des Diaconies paroissiales
Vincent Massart présente l’action de Serepta, association permettant l’accueil de réfugiés, lors de la 2nde rencontre diocésaine des Diaconies paroissiales

Qu’il s’agisse d’une insertion en France ou d’une étape, l’accueil de ces diaconies et associations paroissiales est fidèle à l’injonction faite par Mgr Pierre d’Ornellas dans sa Lettre pastorale Afin de que vous débordiez d’Espérance de 2018 : « Soyons des disciples-missionnaires qui reçoivent les « pauvres » comme des frères et sœurs nous apportant leur trésor de vie, de sagesse et, s’ils croient en Dieu, de leur foi. »

VOIR AUSSI : Une lettre pastorale pour l’Église catholique en Ille-et-Vilaine