Autour des ukrainiens, des équipes accueillent dans la durée

Pour accueillir les 50 ukrainiens, arrivés le 7 avril à Rennes, des équipes se sont mise en place à travers le diocèse. Un travail minutieux a commencé, avec beaucoup d’administratif… mais surtout un accompagnement de proximité et de confiance. Rencontre avec des bénévoles en charge des deux jeunes femmes qui nous ont partagé leur témoignage.

Brigitte et Eric sont dans une équipe qui accueille, près de Rennes, Greta, une femme ukrainienne célibataire

« On a vu vraiment toute la fragilité d’un réfugié. »

« Dans cet accueil, il faut être dans le pratique ! » s’exclame Brigitte, qui accueille Greta. « Avant l’arrivée des réfugiés, on a mis en place des petites équipes pour accueillir chaque personne. Un participant a mis à disposition un petit studio. Avec le Secours catholique, on a ajouté des meubles. Et le 7 avril au soir on a vu arriver Greta avec sa valise, épuisée, certainement en état de choc, le regard perdu. Cela nous a beaucoup touchés. On a vu vraiment toute la fragilité d’un réfugié. »

Eric, le mari de Brigitte, reste encore soucieux pour la jeune femme ukrainienne, un an après. « On essaye de créer autour d’elle des événements joyeux, des visites en Bretagne… Mais il y a aussi ces moments de grande tristesse, parce qu’une nouvelle arrive. Cette incertitude au quotidien la fragilise énormément. Donc on essaie de l’entourer un maximum. » Il sait qu’une installation durable passe par l’emploi : « On a cherché pour elle, dans son domaine qui est la couture. On a passé des matinées à appeler toutes les structures… on a trouvé, mais ce ne sont que petits boulots, des remplacements d’arrêt maladie. »

Leur belle-fille étant ukrainienne, ils étaient donc déjà très sensibilisés à cette situation, mais l’expérience les a fait réfléchir sur leur vie. Brigitte s’interroge : « Nous nous sommes posés la question avec nos enfants, qui sont adultes : si demain nous devons partir, qu’est-ce qu’on emmène ? Greta a emmené son thermos avec du thé, sa broderie et du petit matériel de couture. Qu’est ce qui fait notre vie ? On s’aperçoit à quel point on peut être matérialiste dans notre monde qui est très protégé. On a besoin de très peu de choses quand il faut fuir ! »

Brigitte remarque aussi l’impact de leur engagement : « cela nous décentre et nous oblige à accepter la personne telle qu’elle est. Avec sa mentalité, sa culture, son histoire. » « Ça nous a appris à nous ouvrir à l’autre. Voilà, tout simplement. » conclue son mari.

« Une démarche paroissiale qui nous a fait rentrer en fraternité »

Pour Christine, l’accueil, chez elle, de Tetiana et de ses trois enfants, s’enracine dans son histoire familiale : « J’ai toujours entendu mes parents parler du fait qu’ils avaient été réfugiés pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ils habitaient le Nord et ils se sont réfugié en Bretagne. Nous devons donner cette chance là aussi à des gens qui doivent fuir à cause de la guerre. »

Depuis 1 an, Christine accueille chez elle, dans une dépendance, Tetiana et ses trois jeunes enfants
Depuis 1 an, Christine accueille chez elle, dans une dépendance, Tetiana et ses trois jeunes enfants

« On a très vite pris conscience qu’on ne peut pas accueillir tout seul. Autour de Tetiana, on est 8 à 10 personnes, donc chacun s’est un peu spécialisé : Francine est dans le lien avec les écoles et la crèche, Bernard suit les courses et le Resto du Cœur, Marie-France ce sont les rendez-vous médicaux… Il n’y a pas une semaine où il y a pas quelque chose de particulier où il faut l’accompagner. La première chose qui compte c’est de mettre la personne en confiance. Avoir un toit c’est primordial. Mais il faut avoir confiance dans les personnes qui entourent, créer du lien. » Un accueil en groupe… et dans le temps ! « Par expérience, moi je sais que, à chaque fois qu’on a accueilli des familles, ça a duré un an à deux ans avant qu’elles puissent être autonomes. »

Pour Francine, cet engagement lui a aussi permit de s'insérer dans la paroisse
Pour Francine, cet engagement lui a aussi permit de s’insérer dans la paroisse

Francine fait aussi partie de cette équipe autour de Tetiana. « J’ai vu un petit article dans Ouest-France et j’ai participé à la réunion de Sarepta avant que les ukrainiens arrivent. Peu de gens connaissaient les structures de l’Éducation nationale. Comme j’en viens, je me suis dit que j’avais mon rôle à jouer ! » Elle aussi fait remonter son engagement à bien plus loin : « Ma mère et puis mon grand-père était résistants. Ils ont sauvé des aviateurs anglais, américains, canadiens… Et je suis catholique, donc ça va vraiment dans le sens de mes valeurs. »

Évoquant tous les tracas administratifs, Francine concède : « Ça n’a pas été simple ! Mais ça m’a beaucoup apporté de pouvoir donner ainsi. Je vois le bonheur de Tetiana et ses enfants heureux : c’est un cadeau pour nous ! » Elle se rappelle : « On est arrivé dans la paroisse il y a 2 ans. On ne connaissait personne. Ça nous a fait vivre une démarche paroissiale qui nous a fait rentrer en fraternité. C’est vraiment dynamisant pour la paroisse ! »