Parole de Mgr d’Ornellas : Se convertir, passer de la possession à la gratuité

L’Avent est un temps propice pour retrouver la pureté du cœur afin d’accueillir Dieu qui vient à nous, afin de recevoir gratuitement ce don inouï.

Mgr Pierre d’Ornellas, Paru dans Église en Ille-et-Vilaine n°314, décembre 2019

À bien des égards, le respect de la planète et de tout vivant conduit à une attitude du cœur qui accueille l’autre avec émerveillement, en délivrant de la tentation de posséder. À Noël, on reçoit gratuitement !

L’écologie conduit aussi à cette conversion du cœur et de l’intelligence, de nos relations et de nos manières d’agir. Pour l’évoquer, je laisse la parole au pape François (Laudato Si’, n. 217- 221) :

« La crise écologique est un appel à une profonde conversion intérieure […] qui implique de laisser jaillir toutes les conséquences de la rencontre avec Jésus-Christ sur les relations avec le monde qui nous entoure. Vivre la vocation de protecteurs de l’œuvre de Dieu est une part essentielle d’une existence vertueuse ; cela n’est pas quelque chose d’optionnel ni un aspect secondaire dans l’expérience chrétienne. […] Cela implique aussi de reconnaître ses propres erreurs, péchés, vices ou négligences, et de se repentir de tout cœur, de changer intérieurement.

Vivre la vocation de protecteurs de l’œuvre de Dieu est une part essentielle d’une existence vertueuse (François, Laudato Si’)

Cependant, il ne suffit pas que chacun s’amende pour dénouer une situation aussi complexe que celle qu’affronte le monde actuel. Les individus isolés peuvent […] finir par être à la merci d’un voit ou ne les reconnaît : “Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite […] et ton Père qui voit dans le secret, te le rendra.” (Mt 6,3-4)

Cette conversion implique aussi la conscience amoureuse de ne pas être déconnecté des autres créatures, de former avec les autres êtres de l’univers une belle communion universelle. Pour le croyant, le monde ne se contemple pas de l’extérieur mais de l’intérieur, en reconnaissant les liens par lesquels le Père nous a unis à tous les êtres. En outre, en faisant croître les capacités spécifiques que Dieu lui a données, la conversion écologique conduit le croyant à développer sa créativité et son enthousiasme, pour affronter les drames du monde en s’offrant à Dieu “comme un sacrifice vivant, saint et agréable” (Rm 12,1). Il ne comprend pas sa supériorité comme motif de gloire personnelle ou de domination irresponsable, mais comme une capacité différente, lui imposant à son tour une grave responsabilité qui naît de sa foi.

Diverses convictions de notre foi […] aident à enrichir le sens de cette conversion, comme la conscience que chaque créature reflète quelque chose de Dieu et a un message à nous enseigner ; ou encore l’assurance que le Christ a assumé en lui-même ce monde matériel et qu’à présent, ressuscité, il habite au fond de chaque être, en l’entourant de son affection comme en le pénétrant de sa lumière ; et aussi la conviction que Dieu a créé le monde en y inscrivant un ordre et un dynamisme que l’être humain n’a pas le droit d’ignorer. […] Que la force et la lumière de la grâce reçue […] suscitent cette fraternité sublime avec toute la création, que saint François d’Assise a vécue d’une manière si lumineuse. »

Quel beau Noël si nous vivions cette conversion : nos cœurs accueilleraient avec joie la lumière de Dieu !

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