« Tous des humains » : à Rennes, témoignages de personnes ayant vécu à la rue

Vivre à la rue déshumanise. A Rennes, des personnes s’engagent pour rendre à chacun sa dignité, jusque dans la mort. C’est le collectif Dignité cimetière. Une émission « Vous avez dit fragile ? » animée par Anne Kerléo et enregistrée à Rennes le 5 novembre.

Vous avez dit fragile ?
Présentée par Anne Kerléo
Mardi 24 novembre à 21h
Durée émission : 55 min

« T’as vu, nous on n’a pas le droit d’être enterrés comme les autres. » Un jour, Patrick Gallais a entendu cette phrase, poignante, de la bouche d’une personne de la rue, un de ses amis. Patrick Gallais c’est l’un des pionniers du collectif Dignité cimetière à Rennes. Depuis plus de 15 ans, avec différents acteurs (la ville de Rennes, les pompes funèbres…), lui et les membres de Dignité cimetière veillent à ce que les personnes décédées seules et  / ou sans ressources aient une sépulture digne. Pour que les plus pauvres d’entre les pauvres ne soient plus enterrés avec pour seule marque un numéro.

Jean-Claude Guillet et Pierre Varenne, deux prêtres ouvriers ont donné l’impulsion de ce mouvement. Aujourd’hui ils accompagnent, se rendent disponibles, mais ils ne font rien seuls ou à la place des membres du collectif. Au numéro 6 de la rue de l’Hôtel-Dieu à Rennes on se réunit chaque mardi après-midi. Pour travailler ensemble, échanger sur les projets en cours. Et surtout pour se voir, partager ensemble un moment entre amis.

« Jusqu’à l’âge de 35 ans, je ne pouvais prononcer aucune autre parole, je me considérais comme quelqu’un de mort. Un jour quelqu’un m’a appelée par mon prénom et m’a dit: Odile, tu ne crois pas qu’il est temps d’arrêter de te retenir de parler ? ça a été le déclic, j’ai compris que j’étais une personne, que je pouvais être debout et que je devais être digne ».  Odile

Dignité cimetière est constitué de personnes ayant elles-mêmes connu la rue ou la grande précarité. Pour Henri, très marqué par le chômage qui lui a « retiré sa dignité », c’est important de rompre l’isolement en venant au « 6 » rencontrer « les copains », comme tous se nomment ici. Au « 6 » il y a les membres de Dignité cimetière, mais aussi d’autres collectifs, nés au fil du temps. Paroles d’exclus, paroles de vivants ou Le sac ma maison, dont la mission est de témoigner de ce que signifie vivre à la rue. Ils espèrent ainsi changer le regard de ceux qui, le plus souvent, passent devant ceux qui font la manche comme s’ils ne les voyaient pas. Au « 6 », il y a enfin Source vive, la communauté chrétienne du lieu. Ceux qui le souhaitent se retrouvent chaque dimanche pour prier et célébrer ensemble.

Enregistrée à l’Espace Ouest-France à Rennes, par l’équipe de RCF Rennes, l’émission Tous des humains, c’est un peu de la vie du « 6 » qui se partage. Le « 6 » c’est le numéro 6, rue de l’Hôtel-Dieu à Rennes. L’adresse du collectif Dignité cimetière. Ceux qui autrefois étaient privés de parole, privés du regard des autres, prennent la parole en public pour dire que chaque vie est digne. D’autres personnes, touchées ou non par la précarité, entrent en dialogue avec eux et apportent aussi leur témoignage.