« Etranger, dis-nous ton secret ! »

Communauté Chrétienne N° 190 MARS 2018

Le 14 janvier dernier, l’Eglise fêtait sa 104ème Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié. Ce numéro voudrait se faire l’écho de ce qui s’est passé à St Luc ce jour-là. Commençons toutefois par écouter ce que notre pape François a dit ce dimanche-là dans son homélie (extraits) :

« Dans le Message pour la Journée d’aujourd’hui, j’ai écrit : « Tout immigré qui frappe à notre porte est une occasion de rencontre avec Jésus-Christ, qui s’identifie à l’étranger de toute époque accueilli ou rejeté (cf. Mt 25, 35.43) »…C’est une invitation à surmonter nos peurs pour pouvoir aller à la rencontre de l’autre, pour l’accueillir, le connaître et le reconnaître. Cette invitation offre l’occasion de se faire le prochain de l’autre pour voir où et comment il vit. Pour les nouveaux arrivés, il s’agit de connaître et de respecter les lois, la culture et les traditions des pays où ils sont accueillis. Cela signifie également comprendre leurs peurs et leurs appréhensions vis-à-vis de l’avenir. Pour les communautés locales, accueillir, connaître signifie s’ouvrir à la richesse de la diversité sans préjugés, comprendre les potentialités et les espérances des nouveaux arrivés, de même que leur vulnérabilité et leurs craintes.La vraie rencontre avec l’autre ne s’arrête pas à l’accueil, mais elle nous invite tous à nous engager dans les trois autres actions que j’ai mis en évidence dans le Message pour cette Journée : protéger, promouvoir et intégrer. Et, dans la rencontre vraie avec le prochain, serons-nous capables de reconnaître Jésus-Christ, qui demande d’être accueilli, protégé, promu et intégré ?…

Il n’est pas facile d’entrer dans la culture des autres, de se mettre à la place de personnes si différentes de nous, de comprendre leurs pensées et leurs expériences. Ainsi nous renonçons souvent à rencontrer l’autre et nous élevons des barrières pour nous défendre. Les communautés locales ont parfois peur que les nouveaux arrivés perturbent l’ordre établi, “ volent ” quelque chose de ce que l’on a construit péniblement. Les nouveaux arrivés aussi ont des peurs : ils craignent la confrontation, le jugement, la discrimination, l’échec. Ces peurs sont légitimes, elles se fondent sur des doutes parfaitement compréhensibles d’un point de vue humain. Ce n’est pas un péché d’avoir des doutes et des craintes. Le péché, c’est de laisser ces peurs déterminer nos réponses, conditionner nos choix, compromettre le respect et la générosité, alimenter la haine et le refus. Le péché, c’est de renoncer à la rencontre avec l’autre, avec celui qui est différent, alors que cela constitue, de fait, une occasion privilégiée de rencontre avec le Seigneur… »

Témoignage lors de l’homélie des messes des 13-14 janvier 2018 à l’église St Luc de Rennes Villejean-Beauregard de Mme Gloria YIBOKOU du groupe ‘Les Cœurs Solidaires’ du Secours Catholique.

« C’est au nom d’un groupe de femmes que je prends la parole. Nous l’avons appelé « les cœurs solidaires » et nous sommes vos voisines, puisque nous organisons nos rencontres sous votre église. Nous avons dû émigrer et nous avons ainsi rejoint tant et tant d’hommes et de femmes. Nous n’oublions pas que l’histoire du monde se confond avec l’histoire des migrations. Nous avons été accablées de problèmes, cherchant un pays de liberté, cherchant à être protégées ou un peu de sécurité. Et nous avons pris la route avec d’autres, le cœur rempli d’espoir. A l’instar de ceux qui n’arriveront jamais, nous avons eu notre lot de difficultés et les vicissitudes du parcours ne nous ont pas épargnées.
Nous n’avons pas tardé à découvrir un monde tout autre que celui qu’on nous avait fait connaître dans nos études. Nous avons connu la faim, le froid, les nuits dans la rue, le rejet. Dans ces conditions, c’est l’instinct de survie qui refait surface. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour s’en sortir ? Mais dans la douleur, parce que, dans la rue, il n’y a que les vices qui vous attendent. Nous n’avons pas compris pourquoi un pays si riche, si accueillant pouvait nous refuser l’hospitalité, nous qui étions dans le plus grand dénuement et le plus grand désarroi. Nous avions appris que la France était une terre d’accueil. Nous pensions que nous allions nous sentir accueillies. Hélas, on nous a souvent fermé la porte au nez.
Face à ce rejet, nous n’avons pas baissé les bras et notre persévérance a porté du fruit puisque nous avons fait beaucoup de belles rencontres avec des associations formidables, avec le Secours Catholique, avec un bon nombre de chrétiens qui nous ont tendu la main.
Il n’en est pas moins vrai que d’autres nous ont rejetées. Nous comprenons très bien qu’on puisse avoir peur de ce qu’on ne comprend pas, de ce qu’on ne connaît pas, mais céder à la peur aurait signifié que nous allions renoncer à nos convictions, à nos valeurs, telles que celles du Pape François qui disait : « tout immigré qui frappe à notre porte est une occasion de rencontre avec Jésus-Christ qui s’identifie à l’étranger de toute époque, accueilli ou rejeté… »
Accueillir n’est pas facile, certes, mais mendier un accueil ne l’est pas non plus. Certains nous ont offert un regard bienveillant, et ce regard a été comme un répit pour nous, il nous a donné l’occasion de nous poser, de réfléchir à la façon de vivre en paix avec nous-mêmes et de vivre en harmonie avec ceux qui nous accueillent. Nous ne sommes pas que les difficultés qui peuvent se refléter sur nos visages, mais, une fois accueillies, nous pouvons sortir de cette coquille qui nous empoisonne la vie et endosser la belle coquille d’une humanité capable de réaliser tant de belles choses avec tous.
Il est possible que pour certains d’entre vous, ce n’est pas le rejet, mais plutôt des réticences qui habitent leur cœur, réticences dues aux préjugés ou aux clichés dont nous faisons l’objet. Des associations, des personnes qui sont là pour nous accompagner peuvent témoigner que c’est une belle aventure à construire que d’apprendre à se connaître, à vivre ensemble et même… à s’aimer vraiment.
Notre groupe, « les cœurs solidaires », veut être un lieu où nous nous apportons l’espoir quand il est en baisse, de l’aide aussi à ceux qui découvrent la dure réalité de l’exil, cette réalité qui est devenue pour nous notre quotidien. Mais nous avons conscience que nous ne pouvons pas le faire sans vous, que nous avons besoin de vous pour réussir notre intégration dans la société Française.
Personnellement, je partage la même foi que vous et je suis heureuse de prier avec vous. Merci à vous tous de m’avoir écoutée. »

 Après la messe du dimanche, un repas partagé a rassemblé un trop petit nombre de paroissiens autour de nos 5 femmes « Cœurs Solidaires ». Après le repas, elles nous ont donné un spectacle chaleureux et réaliste sur leur parcours de combattantes comme demandeuses d’asile. Un partage s’est engagé avec elles suivi d’un quizz. Cet après-midi riche s’est conclu par un partage de témoignages s’inspirant des 4 mots donnés par le Pape : »accueillir, protéger, promouvoir, intégrer. »

Voici quelques questions du quizz :

  • Près de 9 personnes réfugiées sur 10 sont accueillies dans des pays pauvres ou en voie de développement ?

Réponse : VRAI. Les personnes qui fuient leur pays cherchent le plus souvent asile dans un pays voisin : les Syriens en Turquie et au Liban ; les Afghans au Pakistan et en Iran etc. Seulement, 34% des migrants  quittent un pays en voie de développement pour un pays développé (France…)

  • Ce sont les personnes les plus pauvres qui migrent ?

Réponse : FAUX. Migrer a un coût : il faut financer le voyage, les papiers, parfois les passeurs. La ‘misère du monde’ n’a pas les moyens de migrer.

  • Parmi les personnes migrantes entrées en France, combien sont au moins titulaires d’un diplôme de niveau baccalauréat ou équivalent ? 63% ? 53% ? 43% ?

Réponse : 63%. Près de 40% sont diplômées de l’enseignement supérieur. Mais l’absence d’équivalence de diplômes leur interdit souvent d’exercer le travail auquel elles pourraient prétendre.

  • Quels sont les secteurs qui embauchent une part importante de travailleurs immigrés ? Construction ? Restauration ? Santé ? Aide à la personne ?

Réponse : les 4. Que les emplois soient qualifiés ou non, les personnes migrantes sont embauchées là où il y a une pénurie chronique de main d’œuvre : agents d’entretien ou de gardiennage, ouvriers du bâtiment ou du textile, employés de l’hôtellerie-restauration, professionnels de l’aide à la personne, médecins ou aides-soignants, et même prêtres !

Des secteurs entiers d’activité reposent en grande partie sur la présence de personnes étrangères. Et lorsque ces dernières sont sans papiers, nombre d’employeurs profitent de leur situation de faiblesse…

 

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Le mardi :

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Le jeudi :

  • de 14 h à 17 h, atelier convivialité du Secours Catholique, dans la salle 8 sous l'église.

le Vendredi :

  • de 9h30 à 11 h : Café paroissial au cœur du marché, dans les salles sous l’église. Accueil, partage, informations. Ouvert à tous.

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