Chrétiens et musulmans : une fraternité paisible ! (suite)

Communauté Chrétienne n° 216 – Janvier 2021

 

Pour donner suite à ce que disait Mgr Eric de Moulins-Beaufort après les attentats à la basilique de Nice en octobre dernier : « Ce qui manque aujourd’hui, ce sont de vraies relations entre des familles chrétiennes et des familles musulmanes, une vraie connaissance mutuelle quotidienne… Le plus important, c’est que des enfants, des jeunes, des familles se découvrent en profondeur. Des chrétiens enracinés dans leur foi peuvent témoigner paisiblement « .

Voici ce qu’une équipe de chrétiens sur Beauregard a partagé à ce sujet :

Nous sommes en contact avec des personnes de tradition musulmane.

« A la maison de quartier, on rencontre In., tunisienne, qui prépare les cours de français. Elle est généreuse envers les apprenants. Elle est sympathique ; elle fait le ramadan. Pour l’accueil de nuit à Beauregard, elle m’a dit : »si tu as besoin, tu me dis. »»« Grâce aux cours de français, à la gym. à la maison de quartier, ce sont de très bonnes rencontres avec les femmes musulmanes. On partage des repas dans le cadre des cours 2 fois par an. » « J’avais un cours avec une jeune musulmane M.. Elle avait le sourire et le merci à la fin du cours. »
« J’ai rencontré un russe musulman que j’ai accueilli. Il savait que j’étais catholique. Il m’a demandé un tapis pour prier. »
« Lorsqu’on proposait des messages de Noël au marché, on rencontrait toutes les personnes qui passaient. On avait l’occasion de rencontrer des musulmans. »

Nos réactions après les attentats à Conflans St Honorine et Nice

« Je ne fais pas l’amalgame avec les extrémistes qui n’ont rien à voir avec la religion musulmane. Ce n’est pas çà les musulmans. Je souffre pour eux. » « Pas d’amalgame. Ce n’est pas au nom de Dieu. Je suis à l’aise avec les musulmans modérés. Mon mari a du mal avec eux. »
« Les guerres en Syrie, en Irak ont favorisé la naissance des djihadistes. Ils prennent des gens fragiles et en font des assassins. » « Je crois qu’ils veulent une guerre de religions. Ils veulent que l’on se plie à leurs coutumes. »

A notre niveau, il y a la recherche d’un vivre ensemble

« J’ai envie d’entrer en contact avec les musulmans de notre quartier. Ce que l’on pourra faire ensemble nous conduira vers la paix. » « Nacéra, c’est une belle rencontre pour nous. » « J’ai l’espoir que l’on pourra faire des choses ensemble, des activités ensemble, sans étiquette. » « Pourquoi pas un temps convivial, parler de recettes. » « Commencer petit. » « Les femmes qui viennent au cours, après elles restent chez elles. Elles ne se mélangent pas. »

Notre foi chrétienne, qu’est-ce qu’elle suscite en nous ?

« Regarder ce qu’il y a de bon en l’autre. » « J’essaie de voir que toute personnes est aimée de Dieu. » « C’est un appel à reconnaître tout être comme un enfant de Dieu. »

« Dieu me porte. Il est une force qui me porte vers l’amour. » « La présence de Dieu, c’est l’amour entre nous. » « Quand je fais quelque chose dans le sens de la préférence de Dieu pour les pauvres, c’est tout moi qui vibre. » « Il me donne des forces dans le sens d’aider les autres. » « Vivre le baptême, c’est aller vers les autres. Dès fois, on n’a pas envie ; c’est très dur ; ce n’est pas de tout repos. »

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Voici le témoignage de 4 religieuses habitant  en immeuble à Villejean :

Proximité fraternelle dans la Tour

Nous habitons dans une des tours de la rue du Nivernais de 14 étages avec 70 appartements. Les habitants offrent une grande diversité de cultures. La majorité appartient à la tradition musulmane. Nos relations ne sont pas de grands débats mais une proximité fraternelle quotidienne qui s’exprime dans les attentes et montées dans les ascenseurs : Un bonjour, une bonne après-midi, une Bonne soirée. Avec de larges sourires. Un de nos voisins albanais ne parle pas le Français, c’est la main sur son cœur qu’il nous salue toutes les fois que nous nous croisons !

Avec ceux et celles que nous reconnaissons mieux « Vous allez bien » Nous ne sommes pas vus depuis quelque temps ! ». Au moment du Ramadan, nous souhaitons « Bon Ramadan ! Ce n’est pas trop dur ? » La réponse est toujours : « Si,  les premiers jours  seulement ! »  Souvent aussi, il nous est dit « Vous venez de la prière ?

Quelques rencontres plus denses :

A notre étage, une famille albanaise nous apporte des assiettes de mets de son pays. Un jour la maman vient nous demander de lui rédiger un petit papier de nos relations, car elle doit aller à la préfecture pour renouveler son certificat de nationalisation. Ce que nous avons fait en indiquant notre identité de communauté catholique. A la préfecture, ils ont relevé le positif de ces échanges amicaux  entre nos deux religions.

Avec les deux filles de cette famille, il y a eu une rencontre d’une équipe des enfants de la catéchèse pour  échanger sur  les deux religions. Nous avons le même Dieu qui nous a créés ! » déclare l’albanaise musulmane.

Au lendemain de l’assassinat du professeur de Conflans Ste Honorine, une de nos voisines, tchétchène  avec qui nous échangions nous dit sa désolation  par ces mots « Ce n’est qu’un tchétchène ! Il ne faut pas généraliser ! »

Avec un autre habitant, marocain et fidèle à aller prier à la Mosquée de la route de Vezin où il va en vélo, nos échanges sont plus denses et plus ouverts sur les relations interreligieuses de Rennes…

Ainsi se construit un vivre ensemble qui tisse des liens à travers des conversations d’amitié. »

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Odile, religieuse d’une autre communauté sur Villejean nous parle de ses rencontres avec des personnes de religion musulmane :

« En octobre. j’étais rentrée au Centre Social pour demander des informations sur les diverses activités… Une femme voilée se trouvait à l’accueil. Nous nous sommes regardées et nous nous sommes saluées. Dix minutes après, je la retrouve assise sur un banc, face à Carrefour. Un homme déjà âgé et une fillette de 3-4 ans sont aussi assis sur ce même banc. La femme voilée se pousse et me fait signe de m’asseoir. Elle me fait de la place ! Ce geste a été pour moi un signe, un geste qui a bouleversé quelque chose dans ma vie, qui m’a fait bouger.

L’homme nous dit qu’il est afghan, que la fillette est sa fille, la dernière. Il a aussi un garçon de 5 ans et deux aînés, dont une fille en études supérieures. Après son départ, la femme me dit : «Je m’appelle AÏcha, je suis tunisienne. Je suis en France depuis 52 ans. J’ai travaillé plusieurs années comme femme de ménage. Mon mari est décédé, il y a quelques années. J’ai 3 garçons, dont 2 mariés et un autre qui vit chez moi. Elle me confie ses soucis au sujet de ce fils malade : « il a perdu tous ses droits, il avait un bon travail. Il a négligé de faire ses démarches, il ne reçoit aucune indemnité et refuse de se soigner. Il s’enferme, ne mange pas… » Puis elle me pose des questions sur ma vie, mon mari, mes enfants… enfants. Je lui dis qui je suis, une femme consacrée. « Je le pensais, j’ai vu votre croix. J’aimais bien rencontrer les sœurs infirmières quand elles étaient à Villejean. Ce que je vous ai dit de mon fils, je ne l’ai dit à personne… Je crois beaucoup, je prie, c’est Lui qui me soutient.» Et elle ajoute, en me montrant le ciel : «Il m’entend ! » Je lui promets de prier pour son fils. La dernière fois que nous nous sommes vues, elle m’annonce qu’elle va partir en Tunisie. « Mes enfants ne veulent pas que je tombe malade ! A mon retour, vous viendrez prendre le thé.»

Aïcha m’a fait une place dans sa vie en me confiant ses préoccupations pour son fils, en me partageant sa foi. Elle m’a mis sur la route de la rencontre avec d’autres femmes musulmanes. En se poussant sur le banc, c’est comme si elle m’avait dit « Viens t’asseoir avec nous ! » Son geste m’aidera, par la suite, à rentrer en dialogue avec d’autres femmes voilées, à partager leur vie, leurs joies, leurs soucis au sujet des enfants.

J’ai retrouvé Aïcha  à son retour de Tunisie. Elle m’a invitée à partager le thé. Elle est heureuse de me partager les joies de son séjour au pays, les retrouvailles avec sa famille. Elle me parle de nouveau de sa foi, de sa prière, du prochain Ramadan, de sa confiance totale en Allah.

Je l’ai invitée à venir aussi à la maison. Cela a pu se réaliser enfin en 2020, juste avant le confinement. Une sœur de ma communauté se trouvait là. Nous lui avons fait visiter l’appartement, y compris notre oratoire. Aïcha était visiblement heureuse d’être chez nous. Elle avait apporté des chocolats. En prenant le thé, nous l’avons beaucoup écoutée parler de sa prière, de sa confiance en Allah, le tout Miséricordieux. Nous avons aussi partagé notre manière de prier. Le temps a passé trop vite ! Nous nous sommes promises de l’inviter encore, mais le confinement et les vacances n’ont pas permis une nouvelle rencontre.

Avant Noël, avec d’autres, je distribue des tracts de la paroisse, sur le marché. J’en donne aussi à des étrangers. En général, l’accueil est positif. Arrive une femme voilée, rencontrée au Centre social. Elle me reconnaît, me regarde avec sympathie, accepte le tract. Après les congés de Noël, je retourne au Centre. Je retrouve cette femme rencontrée au marché. Nous nous embrassons. Accueil mutuel avec un large sourire. Je sens que pour elle, j’ai ma place ici. Intérieurement, j’entends l’invitation d’AÏcha : «Viens t’asseoir au milieu de nous »

En m’invitant à m’asseoir près d’elle, AÏcha a été à l’initiative d’une amitié, d’un partage de vie, d’une ouverture à d’autres personnes de religion musulmane. Ce n’est qu’un commencement ! Je rends grâce au Seigneur pour cette rencontre, celles qui ont suivi, celles de demain… »

2021 : une nouvelle année

pour vivre ensemble notre vie chrétienne. 

BONNE ET HEUREUSE ANNEE !

 

 

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Temps de convivialité et partage
Le mardi :

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Le jeudi :

  • de 14 h à 17 h, atelier convivialité du Secours Catholique, dans la salle 8 sous l'église.

le Vendredi :

  • de 9h30 à 11 h : Café paroissial au cœur du marché, dans les salles sous l’église. Accueil, partage, informations. Ouvert à tous.

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