13-Annonces-19 février 2017

Dieu ligoté

« Aimez vos ennemis.» Le voici, le commandement nouveau, celui qui fait la différence, la spécificité du message du Christ. Être comme ce Père qui fait tomber la pluie sur les bons comme sur les méchants, qui, jusqu’au jugement, laisse pousser ensemble le bon grain et l’ivraie et qui pardonne. C’est Ie commandement qui nous fait pénétrer dans le douloureux silence du Vendredi saint, lorsque le Père, alors que son propre Fils est sur la Croix, ne peut lui manifester ni sa présence ni sa préférence : « Tout était consommé, cette incroyable aventure par laquelle, moi, Dieu, j’ai les bras liés», disait Péguy.« Cette aventure par laquelle mon Fils m’a lié les bras. Pour éternellement liant les bras de ma justice, et déliant les bras de ma miséricorde. » Dieu ligoté, parce qu’il est aussi le Père des ennemis et des bourreaux de Jésus-Christ, laissant son Fils aller jusqu’au bout de l’amour et du don, c’est le salut pour tous.« Aimer nos ennemis », parce qu’il nous faut partager, disait saint Paul, ce ministère de la réconciliation : « Car c’est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui : il n’a pas tenu compte des fautes, et il a déposé en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu.» (2 Co 5, 19-20.)

Le Pape François dans une homélie cette semaine :

Le Pape note avec amertume que «la guerre commence dans le cœur de l’homme, elle commence à la maison, dans les familles, entre amis, puis va plus loin, dans le monde entier». Voilà pourquoi, affirme le Saint-Père, il est important de se poser la question : «Comment est-ce que je chéris la paix dans mon cœur, dans mon âme, dans ma famille ?»

Le souvenir de la fin de la guerre dans la mémoire d’un enfant
Le Pape François achève son homélie en confiant une anecdote personnelle à propos de la paix, lorsqu’il était enfant : «Je me souviens, que l’alarme des pompiers a commencé à sonner, puis celle des journaux et dans la ville … Aussitôt j’ai entendu la voisine appeler ma mère : « Madame venez, venez ». Et ma mère est sortie, un peu effrayée: « Qu’est-il arrivé? » Et la voisine de l’autre côté du jardin déclara en pleurs : « la guerre est finie. »»

Le Saint-Père évoque alors l’étreinte des deux femmes, les larmes et la joie parce que la guerre était finie et il conclut : «Que le Seigneur nous donne la grâce de dire: la guerre est finie, et en pleurant d’affirmer la guerre est finie dans mon cœur, dans ma famille dans mon quartier, dans le monde».