Homélie 50 ans église St Paul, 5 juin 2016

homélie
Frères et sœurs,

Nous vivons aujourd’hui une fête paroissiale : les 50 ans de l’église st Paul. Mais qu’est-ce qu’une paroisse ? Qu’est-ce qu’un paroissien, une paroissienne ? Ce mot que nous trouvons dans le Nouveau Testament écrit en grec est composé de deux mots : ‘’maison’’ et ‘’à côté’’ ; et il est traduit par ‘’étranger ‘’, ‘’voyageur’’, ‘’passager’’, ‘’passant’’… Le ‘’paroissien’’ est un homme à la recherche d’un pays, d’une maison où s’établir. Et pour cela, il est sur les routes, toujours ‘’de passage’’… On pourrait l’appeler aussi un ‘’migrant’’, c’est-à-dire quelqu’un qui quitte un pays de violence, de haine, de mort… pour en trouver un où la vie peut enfin s’épanouir dans la paix.
Le ‘’chrétien’’ est ainsi un homme qui a entendu parler d’un pays où il fait bon vivre : c’est le Royaume dont nous parle Jésus, le Ciel où la vie s’épanouit en plénitude. C’est pourquoi on l’appelle la Vie éternelle. Faisant confiance à la parole de Jésus, il se met en route tout comme le fils prodigue vers la Maison du Père. Et en cela, il est sur cette terre un ‘’paroissien’’, c’est-à-dire un étranger de passage en marche vers le Royaume de Dieu !

Mais en se mettant en route, le migrant a deux soucis : celui de prendre le bon chemin et celui de trouver la nourriture suffisante pour atteindre le pays vers lequel il se dirige. Il en est ainsi du ‘’paroissien’’. C’est pourquoi celui-ci se met à l’école de Jésus, l’écoute et devient son disciple, mettant ses pas dans les pas du Seigneur ! Il suit celui qui lui dit : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6). Et quant à la nourriture, il la reçoit de Jésus lui-même : « Je suis le Pain de vie ». Seul ce pain de Vie peut le conduire jusqu’au port… Frères et sœurs, vous nourrissez-vous suffisamment de ce Pain reçu à la table de la Parole et à la table eucharistique ?

Mais il n’y a pas que des soucis ! Le migrant va rencontrer deux obstacles majeurs : la mer à traverser où il risque le naufrage et le passage de la frontière du pays de ses rêves d’où il peut être refoulé comme certains l’ont été récemment hors de l’Europe vers la Turquie ! Il en est ainsi aussi du paroissien, de ce migrant qui doit traverser la mort et franchir la porte du Royaume.

Pour affronter le premier obstacle, la traversée de la Méditerranée, nous savons comment les migrants ont recours à des passeurs. Malheureusement ces passeurs les laissent seuls sur des vieilles coques affronter les tempêtes et eux-mêmes restant bien en sécurité sur la rive ! Il n’en n’est pas de même pour le Passeur qu’est Jésus ! Lui a déjà fait le voyage ; il a affronté ce naufrage de la mort et, en ressuscitant, il en a fait une mort-passage… passage vers la Vie éternelle. Ne l’a-t-il pas signifié en calmant la tempête ou en ressuscitant les morts comme nous l’avons entendu dans l’Evangile d’aujourd’hui ? Et il ne reste pas sur la rive. Il accompagne ses frères dans ce passage.

On dit facilement : « On meurt seul ! » Ceci n’est pas vrai ! On dit que le Christ est avec nous tous les jours, et ce jour-là, il serait aux abonnés absents ! Non, il nous accompagne comme un guide de haute montagne le fait pour ses clients quand il s’agit de traverser une crevasse dangereuse. D’ailleurs le sacrement des mourants n’est pas le sacrement des malades mais l’eucharistie (le viatique) qu’on leur porte pour renforcer leur foi en la présence de Jésus le Passeur.

Quant au deuxième obstacle, c’est le moment du jugement : ‘’Va-t-on m’accepter ou me refouler ? ‘’ On se rappelle comment le fils aîné de la parabole reste à la porte de la maison de son père… Le dossier que le paroissien doit présenter, en fin de compte, c’est lui-même ! Pour entrer dans le Royaume, il est nécessaire d’avoir une identité compatible avec les gens qui y vivent déjà : les saints. Oui ! La vocation du paroissien est bien la sainteté ! Dès son baptême, il reçoit un vêtement blanc, symbole de la sainteté du Christ. Comme le dit st Paul : « Vous tous qui avez été baptisés, vous avez revêtu le Christ. » (Gal 3, 27). Symbole de la sainteté que l’Esprit Saint vient produire en nous.

Cet Esprit que le Ressuscité nous donne et qui est l’acteur premier de notre sainteté. Et cette sainteté a pour nom : « miséricorde ». Si nous vivons de la miséricorde du cœur du Christ, nous sommes certains que la porte s’ouvrira en grand. Rappelons-nous le jugement dernier : « Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume… car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif…, j’étais un étranger…j’étais nu… malade… prisonnier… » (Mt 25, 34 et s.) Où en sommes-nous des œuvres de miséricorde dont nous parle le Pape François ?

Enfin avez-vous remarqué que les migrants ne partent pas seuls. Ils se regroupent pour s’entraider, s’encourager… D’ailleurs, si vous avez fait un pèlerinage à pied, vous aurez remarqué que tout le monde s’entraide. Peu importe si l’autre est d’une autre région, d’une autre paroisse ! Ce n’est pas l’origine qui compte. C’est le fait d’être appelé sur la même route vers le même sanctuaire. Tous ont la même identité : ce sont des pèlerins !

Le paroissien ne peut que se sentir concerné par ce que vivent les autres paroissiens en route comme lui vers la Maison du Père du Ciel ! Ils sont déjà de la même famille puisqu’ils doivent vivre dans la même Maison. Ils s’entraident déjà à vivre à la manière de ceux qui sont arrivés au but, selon la Loi du Royaume : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur… et ton prochain comme toi-même. » (Mt 22, 37-39). Comment accepterait-on un migrant qui refuserait les lois du pays dans lequel il veut rentrer ?

Et les migrants qui sont arrivés au but de leur pérégrination invitent volontiers les membres de leur famille ou leurs amis à les rejoindre. Et ceux qui cherchent à quitter leur pays transmettent les renseignements qu’ils ont aux autres citoyens de leur pays. Les paroissiens font de même. Sur leur route, ils rencontrent des humains qui peinent eux-aussi sans trouver sens à leur vie. Ils les invitent à les suivre, témoignant de ce Royaume dont ils ont entendu parler et dont déjà ils vivent. La paroisse est ainsi un peuple de témoins qui dit le Royaume par ses actes mais aussi par sa parole. Evangéliser fait partie de la vocation des pèlerins du Royaume.

Aujourd’hui, nous faisons mémoire de ce moment où cette église st Paul a surgi de terre. Et où une nouvelle communauté paroissiale a vu le jour. Comme pour le migrant qui ne peut d’avance prévoir les surprises du voyage, le paroissien est celui qui avance sans peur à travers les nouveautés qui accompagnent toujours la vie de l’Eglise. Il ne s’agit pas d’entrer aujourd’hui dans la nostalgie du bon vieux temps ! Le migrant est tout entier tourné vers le but de son voyage. Le paroissien aussi, faisant de toutes les nouveautés du voyage l’occasion d’aimer et de se donner, et donc d’avancer. Oui ! N’ayons pas peur puisque Christ est ressuscité, qu’il est parmi nous et qu’il nous donne part à son Esprit ! Avançons avec confiance ! Le chemin est ouvert et le Père nous attend et nous ouvre les bras. AMEN !

+ J. Boishu

Paroisse Saint-Jean XXIII
35 rue de Brest 35000 Rennes
Téléphone : 02.99.59.01.04
Courriel :
accueilsaintjean23@gmail.com

Curé : Père Guénael Figarol
Auxiliaire pastoral : Père John Britto Amalraj
Résident : Père Bernard Heudré

Diacres
André Poullain – Jean-Michel Audureau

Accueil (7 rue du Père Lebret)
Lundi et mercredi 15h30-18h
Mardi, jeudi, vendredi et samedi 10h-12h

Site internet : rennes.catholique.fr/paroissejean23
Newsletter : jeanxxiiirennes@gmail.com

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