5è dimanche de Pâques : Homélie, 14 mai 2017

Le sens de l’art floral ce dimanche :
je suis le chemin…le mouvement du chemin construit avec les fleurs est ascensionnel.
La composition florale constitue progressivement un chemin qui monte vers le père.

5è dimanche de Pâques (A-2017)

La première lecture des Actes des apôtres nous raconte comment, dans les premières communautés chrétiennes, on était attentif à répondre aux besoins de chacun. Les veuves semblent délaissées. Pour cela et pour d’autres besoins, le service de la charité va s’organiser. Et c’est ainsi que va naître peu à peu le service des diacres, parmi beaucoup d’autres ministères au service de la communauté. Les apôtres, eux, étaient très investis dans l’annonce de la parole de Dieu. Mais l’Eglise ne doit pas seulement annoncer la parole de Dieu, elle doit la réaliser, en donnant à manger, un toit, un vêtement à celui qui en a besoin… en vivant concrètement la charité et la justice.

La seconde lecture de l’apôtre Pierre nous donne la très belle image de ce que nous sommes comme chrétiens : des pierres vivantes soutenues par la pierre angulaire qu’est le Christ. Pour comprendre cela, il faut se représenter ce qu’est une voûte gothique. Pour constituer la voûte, vous avez toutes ces pierres qui se joignent les unes sur les autres, et au sommet de toutes ces pierres vous avez une pierre d’angle, une pierre angulaire qui retient tout le reste, sinon tout s’écroule. Voilà ce que nous sommes tous ensemble comme chrétiens : une belle voûte de pierres vivantes soutenue par la pierre angulaire qu’est le Christ. Cette pierre angulaire, c’est comme une pierre précieuse pour nous, dit St Pierre. Mais ça été aussi une pierre d’achoppement pour les hommes. Ils ont voulu s’en débarrasser, et ça été leur malheur. Pourtant, rien n’est définitivement perdu, car comme dit St Pierre à la fin du texte : vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut.

Pour Tina et Lucie, 2 enfants en âge scolaire qui seront (sont) baptisés demain, ce sera peut-être des mots compliqués pour elles. Pourtant, c’est vrai, par leur baptême elles vont faire partie de ce peuple choisi par Dieu, de cette grande famille aimée de Dieu. Et les enfants qui feront leur première communion dans quelques semaines, ils sont de cette famille que Dieu aime. Nous tous, enfants, jeunes, adultes, nous sommes ces bien-aimés de Dieu.

Cet amour de Dieu, c’est Jésus qui nous l’a fait connaître, qui nous l’a révélé, qui nous l’a communiqué, avec la force de l’Esprit-Saint. C’est par Jésus que nous connaissons Dieu le Père. C’est ce que semble nous dire St Jean dans l’évangile d’aujourd’hui. Cet évangile nous raconte un épisode important : dans quelques heures les soldats romains viendront arrêter Jésus. C’est pour les apôtres le temps des questions ultimes, sur la suite, sur leur solitude à venir. Jésus tente de les rassurer. Mais Thomas insiste en posant à Jésus la grande question, l’unique interrogation qui travaille toute l’humanité : « Nous ne savons pas où tu vas, comment pourrions-nous savoir le chemin ? ». Jésus lui répond : « Moi je suis le chemin, la vérité et la vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi ».

Le chemin : quel bonheur, lorsque, un peu perdu en chemin, la personne à qui nous demandons la route nous répond aimablement : « Suivez-moi, je vous y emmène » ! C’est ce qui se passe dans l’Evangile aujourd’hui. A la question de Thomas « comment pourrions-nous savoir le chemin », Jésus se donne lui-même en réponse : « Je suis le chemin ». Avec Jésus, en accueillant Jésus au cœur de nos vies, nous connaissons le chemin avec une précision infaillible. La relation personnelle et passionnée avec lui est pour nous la voie sûre dans ce monde de confusion. Jésus est notre GPS spirituel. Il sait avec précision où il peut nous conduire.

Bien sûr nous pouvons nous donner des objectifs à court terme : gagner de l’argent, élever une famille, progresser dans une profession ou une carrière… Mais un jour ou l’autre, nous sommes acculés à nous poser la question plus radicale, à long terme : Où allons-nous, vers quelle fin ultime nous dirigeons-nous ? Jésus, lui, sait vraiment où il va ; il va vers le Père… Eh bien, en rentrant chez vous après la messe, je vous propose de bien prendre la feuille paroissiale où il y a le texte de l’évangile, et vous allez souligner le mot Père (c’est moins compliqué que les mots croisés ou le sudoku !). Je crois que vous allez le trouver 12 fois. Ce sont comme douze flammes d’amour du Père pour chacun, chacune de nous. Oui, nous aussi, par Jésus, par notre baptême, nous sommes nés dans le cœur de ce Dieu-Père.

Et à la suite de Jésus, nous retournons, nous aussi, vers le Père. C’est lui le terme du voyage, c’est lui le but final de notre vie. C’est le grand bonheur de la vie éternelle. Jésus nous a préparé une place d’éternité dans le cœur de son Père. Au terme de notre route humaine, ce n’est pas le néant absurde, comme le pensent les athées, c’est Quelqu’un qui m’attend, le Christ, qui me désire d’amour et qui m’ouvre les bras, pour m’introduire dans sa maison paternelle. Jésus est une route sûre, il est la voie royale, qui mène à la maison aux multiples demeures de son Père et de notre Père.

Et c’est pas seulement pour demain. « Le Père, vous le connaissez dès maintenant », dit Jésus à Philippe. Qui m’a vu a vu le Père.

Oui, si nous croyons, si nous le voulons, nous connaissons déjà cet amour fantastique qui peut combler totalement notre cœur, notre vie, nos préoccupations, dès maintenant. Et alors, dans la mesure où nous essayons de vivre en vérité cette communion d’amour avec le Père par Jésus, il nous est donné d’être nous aussi visage du Père, en révélant sa tendresse à tous ces frères qu’il met sur notre route. C’est vraiment la grâce que nous lui demandons, en cette eucharistie que nous célébrons en communauté de frères et sœurs rassemblée au nom du Christ. Amen