Homélie 26-27 janvier 2019 – 3ème Semaine du Temps Ordinaire – Année C

Évangile : «Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture» (Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21)

Connaissez-vous Théophile ? C’est à lui que St Luc s’adresse au début de son Evangile. Savez-vous de qui il s’agit ? Il s’agit évidemment de nous. Oui, nous sommes tous des Théophiles, puisque Théophile ça veut dire ami de Dieu, théos-philos en grec, ami de Dieu. Il s’agit de chacun de nous, de vous, de moi, de vous les enfants… de nous tous qui cherchons à être les amis de Dieu, qui cherchons à le connaître et à l’aimer dans nos frères, qui cherchons à mettre en œuvre concrètement la Parole de Dieu. Et justement, Jésus vient de dire : c’est aujourd’hui que s’accomplit la parole de Dieu que vous venez d’entendre.

Alors qu’est-ce qu’on vient d’entendre ? On vient d’entendre Jésus qui déclare : Le Seigneur m’a envoyé porter la Bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les prisonniers, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.
Si nous sommes des théophiles, des amis de Dieu, c’est à nous que s’adresse cette parole, c’est par nous que se réalise cette Bonne nouvelle, qui est destinée en priorité aux plus pauvres, aux prisonniers, aux aveugles. Et ils sont nombreux autour de nous tous ceux et celles qui souffrent de l’exclusion, des injustices et des violences de toutes sortes. Alors cette parole de Dieu s’accomplit aujourd’hui par nous, par tous ces hommes et ces femmes qui, aujourd’hui, vont vers les pauvres, visitent les prisonniers, aident les démunis de toutes sortes. Jésus leur annonce une année favorable, une année de bienfaits accordée par le Seigneur.
Quand nous avons souhaité la bonne année, nous avons ajouté, et surtout une bonne santé. Jésus va beaucoup plus loin : il nous parle d’une année de bienfaits. C’est avec lui que cela pourra se réaliser.

Le premier de tous ces bienfaits, c’est le rassemblement de tous les hommes en une grande famille. Saint Paul nous le dit à sa manière dans la seconde lecture : nous sommes tous membres du Corps du Christ. En lui, nous pouvons devenir parole de Dieu pour le monde, à condition d’être unis à lui et entre nous. C’est seulement en nous rassemblant autour de lui que nous pouvons nous rapprocher les uns des autres. Voilà notre mission de théophiles, notre mission d’amis de Dieu : former le corps du Christ, créer de la fraternité, de la solidarité partout autour de nous, dans nos familles, dans nos quartiers, dans nos relations.

L’autre bienfait que le Seigneur veut nous donner, c’est de nous ressourcer toujours dans la parole de Dieu, de trouver l’espérance et la confiance dans la parole de Dieu. C’est ce que fait le prêtre Esdras dans la première lecture. Le Temple de Jérusalem a été détruit, il n’y plus de lieu pour prier, pour écouter la parole de Dieu. Alors les gens se posent la question : mais où est-il notre Dieu ?
Et puis, faute de Temple, on les voit se rassembler sur la place, et ils se mettent à écouter la loi de Moïse que le Seigneur avait donné à Israël. Esdras monte sur l’estrade pour en faire la lecture depuis le lever du soleil jusqu’à midi. Vous vous rendez compte, c’est autre chose que notre petite heure de célébration du samedi soir ou du dimanche matin ! Toute la matinée se passe en prières, lectures, homélies et chants. Quand on découvre la Parole de Dieu, on ne compte pas. Et face à cette parole, le peuple pleure de joie mais aussi de douleur. La parole vient en effet éclairer la vie de ceux qui l’entendent, mais en même temps, elle leur révèle leur péché.

Pour Esdras, cette rencontre avec la parole de Dieu est source de joie et d’espérance. C’est pour cette raison qu’Esdras invite les gens à faire la fête. Après la dure période de l’exil, le peuple comprend que Dieu continue à l’aimer et à le bénir. Et nous aujourd’hui, quand nous écoutons la parole avec un cœur attentif, nous comprenons que la parole devient une nourriture pour la route, pour notre route quotidienne, car l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.

Nous l’avons compris, ces 3 lectures nous adressent un appel de la plus haute importance : remettre la parole de Dieu au centre de notre vie.
C’est ce que nous faisons de plus en plus avec les enfants à la catéchèse. C’est ce que nous faisons dans nos groupes de partage entre chrétiens. De plus en plus de familles prennent du temps dans la semaine pour se préparer à mieux accueillir les textes qui seront proclamés le dimanche, et c’est heureux.
Et c’est comme cela que nous devenons des témoins de la parole de Dieu par notre action, nos engagements, notre manière d’être.
Alors, avec le psaume d’aujourd’hui, nous pouvons proclamer : « la parole du Seigneur est parfaite qui redonne vie ; la parole du Seigneur est sûre qui rend sages les humbles ». Oui, Seigneur, tes paroles sont esprit et elles sont vie, pour chacun de nous, pour nous les théophiles qui voulons être les amis de Dieu.

(Père Alain FERRE)