Homélie 23-24 février 2019 – 7ème Semaine du Temps Ordinaire – Année C

Père Alain Ferré

Curé de la paroisse Saint-Jean XXIII de Rennes (35)
Saint-Martin de Tours partageant son manteau avec un pauvre. Église Saint-Martin de Rennes (35)

Évangile : «Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux» (Luc 6, 27-38)

 

Ce texte de l’Évangile que nous venons d’entendre ne peut pas nous laisser indifférent, pour peu que l’on ait écouté ces paroles qui peuvent nous paraître choquantes : aimer même mes ennemis, donner son manteau à celui qui vous a déjà volé la tunique.

Tous les chrétiens qui vont entendre ce passage d’évangile, aujourd’hui, dans toutes les églises, vont sans doute avoir 2 réactions possibles :

  • La première : carrément un refus de ces consignes qui semblent être un défi au bon sens. En effet, qui peut entretenir le voleur dans son vice, qui peut rester muet devant la haine ?
  • La seconde réaction possible : être un peu terrorisés devant de telles exigences de Jésus.

Alors essayons d’interpréter correctement ces paroles de Jésus, ces exigences de Jésus, qui ne sont pas les paroles d’un maître dur et sévère, mais qui sont les recommandations de celui qui veut notre bonheur.

Pour cela trois remarques :

  • La première : non, ces paroles de Jésus ne sont pas un défi au bon sens. Elles ne sont pas insensées. Evidemment les mots ne sont pas à prendre au pied de la lettre. Comment tendre la joue gauche quand on vient de nous frapper sur la joue droite ? Jésus lui-même, dans son procès, n’a pas tendu l’autre joue à ceux qui le giflaient. Tendre l’autre joue, ça peut être tout simplement ceci : quelqu’un m’a frappé, quelqu’un m’a fait du mal, alors je ne vais pas rendre le mal pour le mal, mais je vais lui présenter mon visage fait de bienveillance, de pardon… et alors son visage plein de dureté, de méchanceté va se transformer, son visage va se convertir par mon visage fait de tendresse, de bonté. C’est ça tendre l’autre joue.
  • La seconde remarque, c’est justement celle-ci : les paroles de Jésus comportent une nouveauté radicale, une nouveauté radicale par rapport à la loi de Moïse. Jésus n’est pas venu abolir la loi, mais l’accomplir. C’est-à-dire dépasser la règle du minimum. Jésus introduit un plus, un toujours plus. Pas seulement aimer ceux qui nous aiment, mais aimer ceux qui ne sont pas aimables, pas seulement la loi du donnant-donnant, mais donner gratuitement. Et donc Jésus nous propose d’inventer à chaque situation de nos vies un attitude toute nouvelle : non pas nous conformer à la loi, mais se conformer à Dieu lui-même, de lui ressembler.
    Jésus propose Dieu en exemple. Nous sommes comme chrétiens de la famille de Dieu, et Jésus nous demande en quelque sorte d’être comme Dieu, des inconditionnels de la bonté, de la miséricorde. Jésus nous révèle que nous sommes voués à plus grand que nous. C’est un pari formidable sur l’homme, sur chacun de nous, sur la confiance que Dieu nous fait à vivre de sa propre vie.
  • Nous sommes voués à plus grand que nous. Mais qui peut vivre à cette hauteur ? Est-ce que ces chemins sont praticables ? C’est ma troisième remarque. Eh bien oui, ces chemins sont praticables, puisqu’ils sont pratiqués. Alors regardons autour de nous, et peut-être aussi en nous-mêmes.
    Bien sûr, il ne s’agit pas de fermer les yeux sur les haines, les atrocités, les rancunes, les violences qui sont précisément le contraire de l’évangile. C’est malheureusement le lot quotidien des hommes entre eux, aujourd’hui, et peut-être plus que jamais. On ne peut pas fermer les yeux là-dessus, mais on peut aussi les ouvrir pour découvrir au cœur de ce monde de violence, les gestes de gratuité et de pardon.

Regardons bien : dans votre couple, dans vos vies de famille, tiendrait-t-on longtemps ensemble, si on ne consentait pas à d’innombrables premiers pas et de généreux pardons ? Et cela aussi dans les communautés religieux-religieuses !… dans la rue, dans le voisinage, dans le métro…
Ca me fait penser à un petit fait : Il y a quelque temps, je rencontre une dame d’un certain âge sur le parking du presbytère. Elle m’explique qu’elle s’était fait bousculer la veille dans le métro par des jeunes qui, manifestement, voulait lui dérober son sac à main. Elle me tend une enveloppe en me disant : tenez mon Père, voilà une petite offrande, vous la donnerez à une œuvre qui s’occupe des délinquants. Il faut bien les aider ces jeunes !… Chez cette femme, pas un mot de colère ou de haine, mais le réflexe de l’amour, le réflexe de l’évangile à l’état pur. Alors, en voyant cette femme, je regardais en elle ce que pourrait être notre terre aujourd’hui, si l’invisible levain de l’évangile faisait partout lever le beau pain d’humanité.

Alors frères et sœurs, en cette eucharistie, venons recevoir ce levain de l’évangile. En venant communier, recevons ce ferment capable de me faire tendre la joue de la tendresse à celui qui m’a fait du mal, recevons ce ferment de l’évangile capable de me faire rendre le bien pour le mal, pour mon plus grand bonheur et pour le bonheur de ceux qui m’entourent.

Paroisse Saint-Jean XXIII
35 rue de Brest 35000 Rennes
Téléphone : 02.99.59.01.04
Courriel :
accueilsaintjean23@gmail.com

Curé : Père Guénael Figarol
Auxiliaire pastoral : Père John Britto Amalraj
Résident : Père Bernard Heudré

Diacres
André Poullain – Jean-Michel Audureau

Accueil (7 rue du Père Lebret)
Lundi et mercredi 15h30-18h
Mardi, jeudi, vendredi et samedi 10h-12h

Site internet : rennes.catholique.fr/paroissejean23
Newsletter : jeanxxiiirennes@gmail.com

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