Miniac-sous-Bécherel

Eglise Saint Pierre de Miniac-sous-Bécherel

La paroisse de Miniac-sous-Bécherel est citée pour la première fois en 1122. A cette date, le prieuré de Miniac-sous-Bécherel appartient à l’Abbaye Saint Melaine de Rennes. Ce prieuré aurait été fondé à la source d’un affluent de la Rance, ce qui explique la présence de la fontaine Saint Lunaire à proximité de l’église. De l’église primitive, à nef unique, il ne subsiste que le mur nord. Une récente restauration a révélé une petite fenêtre en plein cintre murée, typiquement romane, que l’on peut découvrir à l’intérieur de l’église.

Comme de nombreux édifices religieux en Ille-et-Vilaine, l’église Saint Pierre est rebâtie en partie entre le XV° et le XVII° siècle. La porte principale, encadrée de figures humaines, est du XV° siècle, le porche en avancée surmonté d’un ossuaire est daté de 1625, tandis que la façade sud porte la date de 1544 sur une des fenêtres en arc brisé. La chapelle septentrionale du XVII° siècle, dédiée à Notre-Dame du Rosaire, forme un transept avec la chapelle Saint Lunaire, du XV° siècle, qui supporte le clocher. Le chœur, plus élevé que la nef, est reconstruit entre 1670 et 1672.

Saint Lunaire, deuxième patron de la paroisse après Saint Pierre, est encore aujourd’hui très lié à la vie de la commune. La fontaine dédiée à ce saint, à 100 mètres de l’église, faisait l’objet d’une procession le premier dimanche de juillet. Cet évêque Breton du VI° siècle, patron de la commune de Saint Lunaire en Ille-et-Vilaine, est fréquemment invoqué pour les maladies oculaires.

L’ossuaire :

L’église a conservé son porche ossuaire, témoignage d’un élément architectural caractéristique de Haute-Bretagne. Il est encore visible à Cardroc, et on sait également que le petit porche sud en plein cintre de l’église des Iffs comportait un ossuaire jusqu’en 1937.

Un ossuaire est une chambre funéraire où étaient conservés les ossements humains. Il avait une double fonction : utilitaire, car les ossements y étaient transportés des tombes pour éviter l’encombrement du cimetière et symbolique, puisque les fidèles passaient sous ce porche pour entrer dans l’église.

Cette notion de passage du monde des vivants à celui des morts et de leur cohabitation à l’intérieur de l’enclos sacré est spécifique à la Bretagne.

 

Extraits de l’article de Georges Bouillet
in « La Vie du Doyenné » de mai 2003 :

Comme plusieurs communes de Haute Bretagne, Miniac-sous-Bécherel a eu plusieurs noms : « Mine d’acqui », « Myniac-sous-Bécherel » (XVI° siècle) et a conservé le suffixe « ac », usité du II° au IV° siècle, qui indiquerait une origine gallo-romaine ; en effet, une voie romaine passait au lieu-dit « L’Echaussée ».

L’église, d’époque romane et dédiée à saint Pierre, aurait été édifiée en 1111. Un document datant de 1112 le relève chez les moines bénédictins de l’abbaye saint-Melaine de Rennes, lesquels en avaient fait un prieuré. Le pape Luce III le confirma en possession de l’Eglise dans une bulle de 1185 et l’évêque de Saint-Malo, Pierre Giraud, fit de même en 1187.

L’église, construite en granit et calcaire, est en forme de croix. Sur la façade ouest, l’entrée principale, avec sa voûte en anse de panier (dont les torses reposent sur des figurines humaines sculptées), est surmontée d’une fenêtre en arc-brisé du XV° siècle. L’entrée sud, de la même époque, avec son chapiteau légèrement postérieur (daté de 1615), était alors surmontée d’un ossuaire.

On ajouta deux chapelles à la nef, assez semblables l’une et l’autre. La première, au sud, date du XV° siècle et est dédiée au deuxième patron de la paroisse, saint Lunaire. Elle sert de base à la tour clocher et renferme un retable du XVI° siècle, décoré de statues en bois polychromes, notamment de saint Malo et saint Lunaire.

L’autre chapelle, au nord, fut érigée au XVII° siècle dans le courtil au prieur. Elle fut bénie le 5 juillet 1676, et est dédiée à Notre-Dame du Rosaire (une confrérie de ce nom fut établie en 1651 à Miniac). Le chœur, plus élevé que la nef, fut rebâti entre 1670 et 1672. La première pierre fut posée le 26 août 1670 par René de Lanjamet, seigneur de Beaumont et de Longaulnay, fondateur de la paroisse de Miniac, accompagné de son épouse et son fils Guillaume. Le maître-autel du chœur fut béni le 16 janvier 1672. On trouvait alors un lutrin avec un aigle à deux têtes, ainsi qu’une statue de granit dédiée à saint Lunaire. Le retable à colonnes torses était l’un des plus beaux de la région. Au XVIII° siècle, ces colonnes furent enlevées, car on jugea qu’elles alourdissaient le retable.

Les deux retables latéraux, datant de cette époque, témoignent du talent du créateur de cet ensemble. Le tableau central du retable du chœur représente l’Ascension ; il est répertorié à l’inventaire des Monuments Historiques, ainsi que les confessionnaux et le Christ en croix du XVIII° siècle, très caractéristique par le mouvement du linge et le positionnement des pieds, l’un à côté de l’autre, et non l’un sur l’autre ; il provient d’un atelier régional.

Une fontaine, restaurée voici quelques années, est dédiée à saint Lunaire. Aujourd’hui encore, on y vient en procession à la Fête-Dieu.