Eglise Saint Pierre de Châteaubourg

Eglise Saint Pierre de Châteaubourg

Description

Implantée sur un massif rocheux, au cœur du village, mais en surplomb, l’église de Châteaubourg se présente comme un édifice aux ambitions multiples.

Eglise ou Château

S’inspirant ou se substituant au château absent de « Châteaubourg », l’église s’impose par son caractère austère (régularité de l’appareil de grès gris) et défensif (petit nombre d’ouvertures).

Elle offre au regard de hauts murs aveugles, percés d’ouvertures très haut placées qui accentuent son caractère dominateur (le larmier contribue, lui aussi, à placer le visiteur en position d’infériorité).

La tour du clocher, placée à l’angle sud-ouest de l’édifice s’inspire d’une tour de château, par le choix de son emplacement et de son toit en pavillon, flanqué de tourelles, qui suggèrent là encore le château disparu d’un village au toponyme évocateur.

Les éléments de modénature participent à ce jeu stylistique (mâchicoulis et balustrade qui rappellent le chemin de ronde).

Seul le porche occidental reprend un répertoire traditionnel d’inspiration gothique et le porche sud, provenant de l’ancienne église, constitue le seul décor de la façade donnant sur la place du village.

Transparence du volume et densité du relief

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L’intérieur de l’église, d’inspiration orientale, est plus caractéristique du style Régnault qui a une prédilection pour les édifices à plan centré.

Ici, le chœur très profond, traité dans un style gothique plus franc, attire à lui les regards.

La dynamique verticale est imprimée par la coupole et par l’unité de volume de la « nef », qui créent un appel vers le haut, le ciel, auquel répond un mouvement diffus de lumière qui se propage vers le bas, la terre.

Ce choix permet aussi à Arthur Régnault d’exprimer encore une fois sa passion pour les voûtes d’ogives, riches de leur capacité à animer et à dessiner la structure de l’édifice par un effet de relief auquel participent les colonnes et leurs chapiteaux.

Une certaine forme d’art total

L’église de Châteaubourg se distingue des autres oeuvres d’Arthur Régnault en ce qu’il joue sur la dialectique église-château avec tout ce que cela peut suggérer comme réflexion sur la relation sacré-profane. Mais, à l’intérieur, sont développées toutes les formules chères à Régnault.

L’unité et la transparence de l’espace rendues par le plan centré et la monochromie ; la lisibilité de la structure exprimée par le réseau linéaire des voûtes ; la matérialité de cette même structure animée par un relief qui réunit plusieurs formes d’art : l’architecture, la sculpture, le mobilier.

Cet édifice est d’ailleurs contemporain des préoccupations des artistes de la fin du siècle, en quête d’un art total.

Le mobilier

Ensemble de mobilier dessiné par l’architecte Arthur Régnault. Le maître autel néogothique (1902) a été déposé en 1960 ; seuls subsistent les autels latéraux (1893) placés contre les murs Est des chapelles.

On y voit exprimée la volonté d’établir un dialogue entre l’architecture et le mobilier, dans un enchevêtrement savant qui vise à dissoudre définitivement la limite qui sépare le meuble de la structure de l’édifice.

Evoquant le projet du maître-autel, il fait part de ses préoccupations au recteur de Châteaubourg :

« Je me suis efforcé avant tout de le mettre de telles proportions qu’il remplisse bien l’abside et complète bien l’église ».

La chaire à prêcher est exécutée, en 1896, par Th. Tigeot ; ce sculpteur rennais intervient sur plusieurs chantiers d’Arthur Régnault, entre 1892 et 1913, en particulier à Etrelles et à Pocé-les-Bois où il retrouve un autre sculpteur rennais, Francis Cottard (1850-1909) qui collabore, lui aussi, de nombreuses fois, avec Arthur Régnault, entre 1872 et 1903, travaillant toujours d’après les dessins de l’architecte. Il réalise les chapiteaux de l’église de Châteaubourg, en 1894.

Caractéristiques

Matériaux : grès, moellon équarri ou appareil régulier

Couverture : ardoise, zinc, toit en pavillon, toit polygonal, croupe polygonale pignon découvert.

Structure : plan centré, escalier hors-oeuvre en vis, sans jour

Couvrement : voûte d’ogive à huit quartiers rayonnants à liernes et à tiercerons.

ARCHITECTE : Arthur Régnault

DATES DE CONSTRUCTION : 1889-1894