Homélie du 2è dimanche de l’Avent 2018

2è dimanche de l’Avent 2018

Frères et sœurs : pas de soucis ! C’est une réponse positive que nous faisons parfois lorsqu’on nous demande un petit service. Pas de soucis, je vais très volontiers faire ce que tu me demandes… Vous les enfants, c’est ce que vous dites toujours : oui maman, pas de soucis, je vais faire ce que tu me demandes !…

Et pourtant, des soucis, nous en avons tous. La liturgie de ce jour le sait bien, elle qui nous a fait demander dans la prière d’ouverture : : « Seigneur, ne laisse pas le souci de nos taches présentes entraver notre marche à la rencontre de ton Fils ». Elle attire notre attention sur la place qu’occupent les soucis dans notre vie, et notre vie de foi en particulier. Et c’est dans ce contexte, qu’en ce 2è dimanche de l’Avent, par la bouche de Jean-Baptiste, l’appel à la conversion retentit dans le désert : préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers… aplanissez les passages tortueux de vos vies, aplanissez tous ces chemins rocailleux qui encombrent vos vies…

Laissons cet appel retentir à nouveau dans nos cœurs ! Que signifie cet appel à la conversion pendant le temps de l’Avent ? D’abord ces mots préparer, aplanir… il nous faut les prendre au sérieux pour discerner tout ce qu’il y a à convertir dans nos vies : nos vies familiales, nos engagements, nos relations… Et aussi la vie de Jean-Baptiste lui-même au désert où il reçoit la parole de Dieu. La parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, nous dit St Luc. La conversion de l’Avent est un retour à l’essentiel, une recherche de l’essentiel, à la lumière de la parole de Dieu. Cette parole de Dieu nous guide dans l’appréciation des choses, elle donne de la profondeur à nos vies pour relativiser certaines choses, certains soucis aussi.

La conversion de l’Avent comporte un appel à écouter plus attentivement l’Ecriture, les textes du dimanche, sur lesquels nous pouvons revenir dans la semaine avec la feuille paroissiale. C’est un peu ce que St Paul nous a dit dans la seconde lecture en nous parlant de la clairvoyance pour discerner ce qui est important : dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la pleine connaissance et en toute clairvoyance pour discerner ce qui est important. Lire l’Ecriture, la parole de Dieu, c’est retourner à la source pour se laisser transformer et aller plus loin dans tout ce qui fait nos vies.L’Avent nous est donné pour revenir à la source de la parole de Dieu. Cette parole façonne « l’intelligence de notre cœur », que nous demandions dans la prière d’ouverture de notre messe.

Cette intelligence donnée par la parole de Dieu nous donne d’apprécier à leur juste place les soucis qui peuvent assaillir notre vie. Dans certains soucis de nos vies il peut y avoir des appuis mal établis, quand par exemple nous attendons parfois trop des autres ou parfois trop de soi, et souvent pas assez de Dieu.Jean-Baptiste nous interroge aussi sur les fruits de notre conversion. Certes ces fruits ne sont pas nécessairement abondants ni très beaux à voir. Mais justement se convertir c’est accueillir effectivement et efficacement la grâce de Dieu, dans l’action de grâce. C’est tout le sens de se reconnaître pécheur, de recevoir le sacrement du pardon, en reconnaissant nos errances, nos incohérences, nos offenses. Jean-Baptiste proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Et nous aujourd’hui, nous avons le sacrement du pardon. C’est une grâce, c’est une chance pour nos vies. Est-ce que nous la saisissons ?Jean-Baptiste est celui qui annonce le Royaume tout proche et la venue de Celui qui vient. Quel est le désir profond de notre cœur ? Est-ce celui de mieux connaître Dieu, de mieux l’aimer dans nos frères ? En ces semaines de conflits sociaux, est-ce que ces appels de la parole de Dieu rencontrent en nous un cœur blasé ou un cœur assoiffé, assoiffé de paix, de justice, de fraternité… un cœur réaliste certes, mais un cœur plein d’espérance ? Est-ce que notre désir c’est celui d’éprouver la paix exprimée en terme d’harmonie cosmique, en terme d’harmonie fraternelle ?

Oui, l’appel à la conversion durant ce temps de l’Avent nous fait cheminer à la rencontre du Christ qui seul peut nous donner « l’intelligence du cœur » de ce que nous vivons, qui peut nous donner le désir de l’accueillir et de lui faire de la place dans notre vie, qui peut nous donner le courage et l’espérance.Alors, frères et sœurs, pour conclure, osons accueillir en vérité ces paroles magnifiques du prophète Baruc dans la première lecture : quitte ta robe de tristesse et de misère, enveloppe-toi dans le manteau de la justice de Dieu, mets sur ta tête le diadème de la gloire de l’Eternel… Dieu, pour toujours, te donnera ces noms : paix-de-la-justice, gloire-de-la-piété-envers-Dieu.A la fin de cette célébration, vous les enfants et nous tous, puissions-nous repartir avec ce prénom renouvelé de notre baptême : paix de la justice, gloire de la piété envers Dieu. Et puissions-nous le proclamer : oui, grâce à Dieu, je m’appelle : paix de la justice, gloire de la piété envers Dieu ! Amen (Alain FERRE)