Homélie 25-26 mai 2019 – 6ème Dimanche de Pâques – Année C

Père Alain Ferré

Curé de la paroisse Saint-Jean XXIII de Rennes (35)

Évangile : «L’Esprit Saint vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit» (Jean 14, 23-29)

L’Esprit-Saint que le Père enverra en mon nom vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.

A deux semaines de la Pentecôte, nous avons aujourd’hui la promesse que le Père enverra l’Esprit-Saint, le défenseur, qui accompagnera son Église à travers les tourments de l’histoire

L’Église est née du souffle de l’Esprit… alors qu’un petit groupe de personnes terrifiées et paralysées par la peur étaient enfermées derrière des portes verrouillées. L’Esprit-Saint a ouvert ces portes et a envoyé les disciples à travers le monde. L’Esprit-Saint, c’est toujours ce nouveau souffle qui redonne vie à notre foi, à notre espérance, enfouie sous les cendres de nos doutes, de nos désillusions, de nos questions.

Nous vivons aujourd’hui dans une période de grandes turbulences dans le monde et dans l’Église : l’assistante dominicale est plus restreinte, les paroisses gèrent la décroissante avec difficulté, le personnel sacerdotal diminue de façon alarmante… Mais l’Esprit-Saint, notre défenseur, nous aidera à traverser ce temps d’incertitude et à trouver des solutions nouvelles aux besoins d’aujourd’hui. Il nous conseillera sur ce qu’il y a à conserver dans la tradition et nous donnera le courage de laisser tomber ce qui ne correspond plus aux besoins de notre temps.

L’Église n’en est pas à sa première crise. Le texte des Actes des Apôtres, dans la première lecture, raconte la crise de la circoncision, qui a provoqué un changement majeur chez les chrétiens de la première génération. Les conservateurs de la communauté voulaient obliger tous les nouveaux baptisés à suivre les règles de la religion juive et à se faire circoncire. Paul et Barnabé n’étaient pas d’accord. Et l’Esprit-Saint a permis que l’on en arrive à un compromis : l’Esprit-Saint et nous avons décidé…

On sait que Pierre et la plupart des apôtres étaient mariés. Ce n’est que beaucoup plus tard que le célibat ecclésiastique s’est imposé. On sait que, dans les premières communautés chrétiennes, l’eucharistie avait lieu autour de la table de la famille. Lorsque le christianisme est devenu la religion officielle, les chrétiens ont commencé à la célébrer dans des églises. Au fil des ans, on est venu à célébrer dos au peuple. Et le concile Vatican II a fait déplacer les autels face au peuple. On pourrait mentionner les changements dans la loi du jeûne, du calendrier liturgique, de la préparation aux sacrements… Oui, L’Église a connu des centaines de changements à travers les siècles. C’est là un signe de vitalité et de capacité à s’adapter aux besoins du temps.

Alors quels sont les changements que nous croyons importants aujourd’hui ? On peut penser à des hommes mariés qui deviendraient prêtres, surtout pour nos petites communautés du rural complètement abandonnées. On peut penser aux aumôniers laïcs en hôpital ou en maison de retraite qui pourraient donner le sacrement des malades… L’Esprit-Saint nous guidera surement vers les changements qui répondent aux besoins de notre temps, aux besoins de nos communautés, tout en assurant la permanence des valeurs chrétiennes fondamentales.

Mais la parole de Dieu aujourd’hui semble nous dire encore quelque chose d’important : il ne s’agit pas seulement d’aménager nos structures d’église, nos fonctionnements, il ne s’agit pas seulement de savoir s’il y aura un curé dans 3 mois à la paroisse Saint Jean XXIII !… Il s’agit avant tout de travailler avec Jésus-Christ qui veut sauver le monde. Et nous sommes tous appelés à cette mission. Nous sommes tous invités à revenir au cœur de notre foi et à en être les témoins dans le monde d’aujourd’hui. C’est l’Esprit-Saint qui nous y pousse. C’est pourquoi les paroisses, les communautés qui ne seront pas missionnaires disparaitront d’elles-mêmes.

Ce ne sont pas nos églises de pierre qui sont importantes, c’est que, par notre baptême, nous sommes le temple de l’Esprit-Saint, nous sommes les pierres vivantes de l’Esprit-Saint, appelés à la mission universelle pour notre monde. Comme le suggérait la seconde lecture de l’apocalypse : la Jérusalem ancienne n’est plus, il n’y a plus de temple. Désormais, c’est le Christ ressuscité qui vient faire de nous un peuple de témoins, un peuple ouvert aux quatre points de l’horizon.

Nous chrétiens baptisés et confirmés, nous sommes envoyés dans le monde pour transmettre ce flambeau de la bonne nouvelle de l’Évangile. Dans ce monde, il y a beaucoup de choses merveilleuses, des gestes de générosité extraordinaires. Il y a aussi beaucoup de souffrances : des violences, des haines, des chrétiens persécutés. Mais nous ne devons pas désespérer : ce monde malade, le Christ l’aime ; il a donné sa vie pour tous. Avec lui, nous apprenons à voir les autres comme il les voit et à les aimer comme il les aime. Il nous envoie pour être les signes vivants de son amour par nos paroles, nos actes et toute notre vie.

Pour cela, nous avons l’assurance que le Christ et son Esprit-Saint nous accompagnent, puisqu’il vient de nous dire dans l’évangile : si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure.

En ce mois de Marie, la Vierge continue à nous dire, comme à Cana : faites tout ce qu’il vous dira. Elle était avec les apôtres qui se préparaient à recevoir l’Esprit-Saint en vue de la mission. Elle est aussi avec nous pour raviver notre foi en son fils Jésus-Christ et pour nous aider à vivre courageusement et fidèlement notre mission de chrétiens.