Homélie 8 septembre 2019 – 23ème dimanche du Temps Ordinaire – Année C

Père Alain Ferré - Curé de la paroisse Saint-Jean XXIII de Rennes (35)

Père Alain Ferré

Curé de la paroisse Saint-Jean XXIII de Rennes (35)

Évangile : «Celui qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple» (Lc 14, 25-33)

 

Depuis 3 semaines nous sommes dans le contexte de paroles dures de l’Évangile. Après la porte étroite il y a 15 jours, la dernière place à prendre Dimanche dernier, aujourd’hui, renoncer à sa famille et porter sa croix.

Nous sommes à l’heure de la rentrée : rentrée du travail professionnel, rentrée des classes, reprise de nos activités diverses. Qui ose douter, dans ce contexte de reprise des responsabilités, du rôle primordial de la famille : «père, mère, femme, ajoutons mari que l’évangile ne mentionne pas, enfants, frères, sœurs» ? Moi, je suis très heureux que ma famille soit là aujourd’hui…

Faut-il faire un tour de force pour expliquer cet Évangile ?

Non, nous avons simplement besoin de bien comprendre cette parole de Jésus pour en vivre. Alors quoi dire ?

Église Saint-Martin (Rennes)

Jésus est en marche vers Jérusalem, la ville où il va souffrir et mourir. Pour ceux qui l’accompagnent et le suivent, c’est la route de la mort. Mais lui, Jésus, sait que c’est la route du grand passage vers la vie. Et pour franchir ce passage, Jésus a conscience qu’il faut tout laisser, et qu’il faut une bonne dose d’amour pour tout laisser, qu’il faut la folie de l’amour. Ça a été son expérience d’homme et de fils de Dieu : la folie de la croix a été la folie de l’amour. L’évangile de ce dimanche est à situer dans ce contexte. Jésus nous dit clairement : ceux et celles qui choisissent de suivre le Christ ne peuvent plus se situer simplement dans le registre du raisonnable mais dans celui de l’amour, dans le registre de l’amour préférentiel du Christ et pour le Christ, dans le registre de la folie de l’amour. C’est dans ce sens qu’il nous faut entendre cet appel du Christ : «Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple».

Cet amour préférentiel que nous portons au Christ n’exclut pas évidemment celui que nous portons à nos proches, bien au contraire. Mais il s’agit de croire qu’au cœur de nos amours humains, un autre amour nous précède : l’amour du Christ. Il s’agit de croire que le Christ est source de nos amours, que l’amour du Christ est au cœur de nos amours. C’est cela l’amour préférentiel du Christ au cœur de nos amours humains… Alors ça change tout : Oui, mon conjoint, je ne vais pas le posséder pour moi, mais je vais le respecter profondément dans sa différence fondamentale voulue par le Créateur, je ne vais pas l’aimer pour moi mais pour lui-même. Et c’est cette manière d’aimer à la manière du Christ dans le couple qui peut devenir sacrement, sacrement de mariage… Mes enfants, mes petits-enfants, je ne vais pas les idolâtrer ni en faire des petits dieux. Mes proches, tous ceux que je rencontre, je vais les aimer à la manière du Christ.

Il nous faut donner la première place au Christ : c’est-à-dire très concrètement, il nous faut le préférer à notre télé, notre ordinateur ou notre smartphone qui nous colle sans cesse aux oreilles… En donnant la première place au Christ, il n’est plus question alors de dire : je ne vais pas à la messe parce que j’ai un repas de famille, j’ai mes enfants ou encore : mon enfant ne peut pas aller au caté parce qu’il a des activités sportives.

Église Saint-Paul (Rennes)

En mettant au cœur de nos vies l’amour préférentiel du Christ, ça change beaucoup de choses : ça change notre relation à l’autre en particulier, car nous sommes alors invités à accueillir l’autre, chaque personne, comme si son visage se présentait à moi pour la première fois. L’autre me concerne toujours pour la première fois, même après des années de relation, d’amitié, de vie ensemble. Et je suis responsable de l’autre sans attendre la réciproque… L’amour préférentiel du Christ m’invite à aimer l’autre, pas parce qu’il est aimable, mais bien qu’il ne soit pas toujours très aimable, bien qu’il me déçoive souvent. C’est cela vivre l’amour préférentiel du Christ au cœur de nos vies : non pas aimer parce que, parce que l’autre me comble… mais aimer bien que, bien que l’autre me déçoive parfois, et même souvent quelquefois… C’est cela la folie de l’amour à la manière du Christ. C’est cela la vraie sagesse dont nous parlait la première lecture.

Suivre le Christ, être son disciple, c’est marcher à contre-courant des pratiques de notre temps. L’amour préférentiel du Christ peut bousculer nos habitudes, notre confort. C’est le cas des personnes, qui, en cette rentrée acceptent de donner de leur temps pour la catéchèse, pour la liturgie, pour les services paroissiaux, pour le service des autres dans la société, les associations… alors qu’on serait tenté de rester bien tranquille chez soi, ou peut-être même de démissionner.

Être disciple du Christ, aimer le Christ, c’est suivre le chemin de son amour passionné pour l’humanité. Si nous aimons trop le Christ, nous ne prenons qu’un risque, celui d’être comblés. Accueillir sa présence et en vivre est une lumière qui vient habiter notre vie et la transformer de l’intérieur.

En célébrant l’Eucharistie, nous puisons à la source pour continuer notre marche à la suite du Christ. Prions-le les uns pour les autres, pour qu’il nous donne la force d’être les disciples passionnés, les témoins passionnés de son amour dans notre vie de tous les jours.

C’est la dernière messe que je célèbre avec vous. Je demande au Seigneur de m’aider à continuer à ne pas être un prêtre de surface, mais un prêtre amoureux du Christ et de son Évangile à annoncer. C’est ce que je demande dans mon ministère qui va être un peu plus libre, mais non moins actif, puisque que l’Évêque me nomme délégué épiscopal pour la vie consacrée… Alors continuons à nous porter dans la prière.

Amen

galet

Paroisse Saint-Jean XXIII
35 rue de Brest 35000 Rennes
Téléphone : 02.99.59.01.04
Courriel :
accueilsaintjean23@gmail.com

Curé : Père Guénael Figarol
Auxiliaire pastoral : Père John Britto Amalraj
Résident : Père Bernard Heudré

Diacres
André Poullain – Jean-Michel Audureau

Accueil (7 rue du Père Lebret)
Lundi et mercredi 15h30-18h
Mardi, jeudi, vendredi et samedi 10h-12h

Site internet : rennes.catholique.fr/paroissejean23
Newsletter : jeanxxiiirennes@gmail.com

Retrouvez tous les horaires des célébrations sur www.messes.info

Les autres paroisses

> Toutes les paroisses