« Espérer contre toute espérance » à la suite d’Abraham, face à la pandémie

«Espérant contre toute espérance, Abraham crut » (Romain 4,18).
La prière de Mère Teresa « La vie est une chance » nous invite aussi à affronter sa « tragédie ».
C’est l’appel du Deutéronome : « choisir la vie » est  un appel à choisir son combat. « La vie est un combat, accepte-le » . 

Dieu crée ce monde à  « main forte et à bras étendu » (Jérémie, 32,17), ce n’est pas un coup de baguette magique. Il y a une implication de Dieu dans sa Création. Il se donne Lui-même dans sa création. Il se donne à la croix « ma vie nul ne la prend, c’est moi qui la donne » Jean 10,18, Il se donne  à la Pentecôte— vous allez recevoir une force et serez mes témoins. Il nous faut sans cesse revenir à ce don trinitaire. C’est « l’aujourd’hui » du don de Dieu. Le risque, c’est de fermer notre « cœur ».

« Et nous qui espérions que 15 jours de confinement – devenus 2 mois – nous « délivreraient » du mal,  voilà que le chemin est plus long que prévu. Comme un vrai marathon ! » Philippe Boissonat (adjoint rédacteur en chef de Ouest France) compare cette pandémie au marathon du Mont Saint Michel (ÉDITORIAL. Le syndrome du marathonien (ouest-france.fr). Le départ se fait avec entrain. Le mont est superbe de Cancale…. Et plus on approche du Mont, plus celui-ci semble s’éloigner. Le corps lâche et est près de s’effondrer. Seule la volonté tient comme mécaniquement, il appelle cela le syndrome du marathonien. « Au final, c’est une épreuve psychologique. Il faut surmonter la tentation de l’abandon et dénicher au fond de soi la ressource pour les dix derniers kilomètres, les plus éprouvants.

Pour la plupart d’entre nous, il s’agit de notre première grande épreuve collective. Par bonheur, il ne s’agit pas d’une « guerre » : pas d’envahisseurs à nos portes, pas de combats dans nos rues. En revanche, la période voit réapparaître certains marqueurs des années d’occupation : couvre-feux, autorisation de sorties, files d’attente… Et s’installer ce sentiment épuisant d’avenir empêché, de temps « gâché ».

L’invisible virus se fait légion de mutants potentiellement plus agressifs les uns que les autres. Les discours qui pourraient nous guider ressemblent parfois au discours de  Babel, où les langages brouillés empêchent les hommes de comprendre et de se comprendre : médecins de villes dépossédés du soin, spécialistes relayés par les médias, laboratoires en recherche concurrente, sans oublier le trublion virus de la zizanie qui nous affecte tous. Oui cette pandémie, au-delà de ses méfaits, nous fait penser à Babel. Les hommes bâtissent des tours pour atteindre le ciel, décider ce qu’est  l’avenir et se réveillent fragiles.

« Mais méfions-nous de cette incessante foire aux polémiques, où les préoccupations sanitaires pèsent souvent moins lourd que les calculs politiques ou la simple envie d’exister dans les médias. Quitte à exploiter toutes les détresses » … « À court terme, les imprécations soulagent les nerfs. À la longue, elles fissurent notre capacité d’action commune dans l’intérêt général et ne laissent prospérer que le cynisme et la violence».

L’évangile, c’est toujours « la semence de Dieu » qui donne du fruit en abondance dans la bonne terre. Peu importe les ronces, les pierres le dessèchement, les époques. Il nous faut semer « Le matin, sème ton grain et le soir, ne reste pas inactif. Car tu ne sais pas de deux choses celle qui réussira ; et peut-être qu’elles sont aussi bonnes toutes les deux » (Ecclésiaste 11,6). C’est pour cela que la pandémie ne nous dissuade pas de réfléchir. La Visitation doit se faire mission sous peine de se renier. Nous nous sommes formés à la mission, les 1, 2 et 3 février pour ne pas rester inactif.

Une fraternité missionnaire. Mgr de Moulins Beaufort, Evêque de Reims et Président de la Conférence des Evêques de France, a appelé 2 prêtres, un diacre et son épouse, une religieuse et un couple à vivre une fraternité missionnaire qui éveille les communautés à la « mission ». C’est passer de disciple à missionnaire, c’est sentir avec le cœur de Dieu : visiter, aimer, écouter, porter, annoncer. Quelques-uns ont eu la joie de faire cette expérience début février, lors de la venue de 4 missionnaires de Reims. Ils sont partis en binôme à la rencontre de l’autre et nous livrent quelques témoignages, à lire dans le dernier Infos Paroissiales
INFOS PAR janvier-Février 2021