Feuille d’assemblée, viens vite à mon secours !

La célébration n’a pas commencé. Nous arrivons à l’église. Avant même de choisir notre place, la feuille de chant ou feuille d’assemblée est le premier objet qui nous met en contact avec le temps qui va se dérouler.

Le soin apporté à cet objet peut paraître secondaire. Il n’en est rien.

On peut attribuer à cette feuille plusieurs fonctions :

  • l‘image de la communauté qui accueille
  • les informations relatives à la vie de la communauté
  • les chants de la célébration
  • des indications sur le sens de ce qui est célébré

Un outil pour chanter

Nous nous limiterons à l’utilisation de cette feuille comme outil pour chanter, pour bien chanter.

Pour bien chanter il nous faut comprendre intuitivement et rapidement la structure du chant avec des questions qui s’imposent : Que devons-nous chanter ? Que chante le prêtre-célébrant ? Que chante l’animateur ? Que chante la chorale ou le groupe de chant ?

En résumé : quelle est la répartition des rôles ?

On s’aperçoit que nos assemblées ont de plus en plus tendance à tout chanter, même parfois ce qui est de la responsabilité du prêtre ! On peut se réjouir de cette faim, de cette participation active enfin obtenue sans devoir la réclamer. Cependant, l’harmonie dans une société est le résultat d’une juste répartition des rôles et des fonctions. La Constitution sur la sainte liturgie souligne dans son article 28 que « Dans les célébrations liturgiques, chacun, ministre ou fidèle, en s’acquittant de sa fonction, fera seulement et totalement ce qui lui revient en vertu de la nature de la chose et des normes liturgiques. »

Tentons de repérer les codes communément admis qui pourraient faciliter la lecture de la feuille de chants :

  • les caractères gras : tous chantent
  • les caractères fins : tous ne chantent pas
  • les MAJUSCULES, l’écriture en italique, les syllabes soulignées pour la psalmodie et la taille de la police peuvent renforcer la compréhension spontanée du rôle de chacun

Prenons un exemple avec le chant bien connu Si le Père vous appelle O 154-1 [T 154-1]. Dans la colonne de gauche nous avons une mise en page qui ne rend pas justice aux détails du chant. Dans la colonne de droite une mise en page qui sera fidèle aux intentions de l’auteur et du compositeur et qui soulignera la structure interne du chant.

1.
Si le Père vous appelle à aimer comme il vous aime dans le feu de son Esprit, Bienheureux êtes-vous !
Si le monde vous appelle à lui rendre une espérance, à lui dire son salut, Bienheureux êtes-vous !
Si l’Église vous appelle à peiner pour le Royaume, aux travaux de la moisson, Bienheureux êtes-vous !
R/
Tressaillez de joie ! Tressaillez de joie ! Car vos noms sont inscrits pour toujours dans les cieux !
Tressaillez de joie ! Tressaillez de joie, car vos noms sont inscrits dans le cœur de Dieu !
1.
Si le Père vous appelle à aimer comme il vous aime dans le feu de son Esprit,
BIENHEUREUX ÊTES-VOUS !
Si le monde vous appelle à lui rendre une espérance, à lui dire son salut,
BIENHEUREUX ÊTES-VOUS !
Si l’Église vous appelle à peiner pour le Royaume, aux travaux de la moisson,
BIENHEUREUX ÊTES-VOUS !
R/
TRESSAILLEZ DE JOIE ! TRESSAILLEZ DE JOIE ! CAR VOS NOMS SONT INSCRITS POUR TOUJOURS DANS LES CIEUX !TRESSAILLEZ DE JOIE ! TRESSAILLEZ DE JOIE, CAR VOS NOMS SONT INSCRITS DANS LE CŒUR DE DIEU !

Dans la présentation à notre gauche la structure dialogale est singulièrement gommée. Hélas, l’on entend de plus en plus souvent ce chant exécuté d’une façon uniforme.

Prenons un autre exemple avec le psaume responsorial 115 que nous avons chanté le Jeudi saint.
Ce soir-là nous avons retenu la forme responsoriale avec les lignes A et B chantées par le psalmiste, et les lignes C et D chantées par l’assemblée entière. Nous avons également choisi de chanter l’antienne au début et à la fin.

R/ La coupe de bénédiction
est communion au sang du Christ.
Comment rendrai-je au Seigneur
tout le bien qu’il m’a fait ?
J’élèverai la coupe du salut,
j’invoquerai le nom du Seigneur.

Il en coûte au Seigneur
de voir mourir les siens !
Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur,
moi, dont tu brisas les chaînes ?

Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce,
j’invoquerai le nom du Seigneur.
Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
oui, devant tout son peuple.

R/ La coupe de bénédiction
est communion au sang du Christ.
Comment rendrai-je au Seigneur
tout le bien qu’il m’a fait ?

J’élèverai la coupe du salut,
j’invoquerai le nom du Seigneur.

Il en coûte au Seigneur
de voir mourir les siens !

Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur,
moi, dont tu brisas les chaînes ?

Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce,
j’invoquerai le nom du Seigneur.

Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
oui, devant tout son peuple.

R/ La coupe de bénédiction
est communion au sang du Christ.

À notre gauche la mise en page ne donne quasiment aucune indication pratique. À droite, intuitivement, nous devinons ce que l’on attend de nous.

Prenons un dernier exemple qui se présente lors de toutes les célébrations eucharistiques, celui de l’acclamation du Sanctus dont la PGMR (n°79b) nous rappelle que « toute l’assemblée, s’unissant aux puissances d’en haut, chante le Sanctus. Cette acclamation, qui fait partie de la Prière eucharistique, est prononcée par tout le peuple avec le prêtre. »
La présentation à notre droite devrait donc s’imposer.

Saint ! Saint ! Saint,
le Seigneur, Dieu de l’univers !
Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire.
Hosanna au plus haut des cieux.

Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.
Hosanna au plus haut des cieux.

Saint ! Saint ! Saint,
le Seigneur, Dieu de l’univers !
Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire.
Hosanna au plus haut des cieux.
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.
Hosanna au plus haut des cieux.

À gauche nous pouvons comprendre qu’il s’agit d’une forme refrain-couplets qui ne correspond pas à la logique d’une acclamation unanime.

Faut-il tout noter sur la feuille de chants ?

Voilà une question où les avis divergent. La tendance majoritaire est de mettre toutes les paroles sur la feuille, même celles que l’on ne chante pas. Cette pratique n’est sans doute pas étrangère à l’habitude prise par nos assemblées de tout chanter. Certains fidèles sont restés à l’ancienne pratique d’assister à la messe, et subissent le déroulé sans avoir pleine conscience des rites et des rôles de chacun.

Ceux qui favorisent cette pratique affirment que l’on ne comprend pas forcément les chantres et qu’il est donc utile d’avoir la totalité des paroles sous les yeux. Mais on ne comprend pas mieux certains lecteurs et l’on ne met pas d’emblée les lectures sur la feuille d’assemblée.

Nous touchons là une difficulté où la formation des chantres et des lecteurs pourrait apporter des réponses et des améliorations dans un grand nombre de cas. Rendre une parole compréhensible, qu’elle soit dite ou chantée, s’apprend rationnellement.

La solution consiste-t-elle à surcharger la feuille de chants et ne plus savoir ce que nous devons chanter ? Et ce que nous pouvons écouter ? Qu’en est-il à ce moment-là de la spécificité du chantre ou de la chorale ?

Des indications sur le sens de ce qui est célébré

Dans certains endroits la feuille de chants est aussi un outil pédagogique au service de la liturgie et de sa compréhension. Ces indications, à condition d’être concises, sont autant de rappels pour les « habitués » et de renseignements précieux pour ceux qui découvrent la liturgie. Ces indications du sens de chaque rite permettront aussi aux fidèles occasionnels, aux néophytes et aux visiteurs de passage, d’entrer dans l’intelligence de la liturgie.

Exemple pour le CHANT D’OUVERTURE
Sens :
Le chant d’ouverture a un triple but :
Ouvrir la célébration en offrant à ceux qui se rassemblent d’entrer dans l’action commune.
Tourner les esprits et les cœurs, par la musique et les mots, vers le mystère du temps, du jour de la fête.
Accompagner l’entrée processionnelle de la croix, du prêtre célébrant, des autres ministres.

Cela peut paraître long. Mais les fidèles ont-ils conscience de tout cela ?

Un autre exemple avec la PRÉPARATION PÉNITENTIELLE
Sens :
« Confesser » dans un même acte à la fois l’amour miséricordieux de Dieu pour les hommes et notre condition de pécheurs qui espèrent son pardon.

Ou encore avec le GLOIRE À DIEU
Sens :
Amplifier les rites d’ouverture, lorsque cela est prévu et opportun, avec l’hymne vénérable, dite « Hymne des Anges ». la tradition nous l’a transmise comme un modèle de prière chrétienne, qui loue le Père, supplie l’Agneau, dans l’Esprit Saint.

Bien entendu, on pourrait ne mettre qu’une de ces « bornes » par dimanche et par feuille.

À qui peut-on confier la mise en page de la feuille de chants ?

De toute évidence la mise en page de la feuille de chants suppose une lecture avisée en connaissance de cause des mises en œuvre qui seront appliquées lors des célébrations.
Il est donc à souhaiter que cette personne sache se repérer sur une partition, ou encore puisse recueillir des indications claires sur les mises en œuvre retenues de la part de ceux qui seront de service
La simple reproduction des paroles ne suffit pas pour que l’assemblée comprenne intuitivement le rôle qu’elle aura à jouer.
Enfin, on pourrait ajouter, en petits caractères, à côté du titre la cote liturgique attribuée par la Conférence des évêques. Cela permettrait aux chantres, chefs de chœur, choristes de passage, de retrouver plus facilement un chant grâce à sa référence, surtout lorsqu’il existe plusieurs versions musicales d’un même texte.