Isidore (dit Dori) Chauvin 1899 – 1979

Le Grand-Fougeray, 23.03.1899 – Rennes, 11.08.1979 (80 ans)

Naissance, famille

Dori Chauvin est né au Grand-Fougeray, rue du Château, le 23 mars 1899 de son père Isidore Chauvin, horloger, et de sa mère Anne Marie Laumaillé, commerçante en tissus.
Dori Chauvin est l’aîné de six enfants.

Il épouse à Saint-Malo, le 19 avril 1927, Marcelle Ernestine Gillot, née le 7 août 1903 à Dinard, commerçante. Ils ont 8 enfants nés entre 1928 et 1939 (trois sont décédés en bas âge).
Seul son fils André, ordonné prêtre, missionnaire en Afrique, a pratiqué la musique.

Formation

Sa formation initiale s’effectue auprès de Frédéric Steiger au Collège Saint-Sauveur de Redon.

Il a travaillé l’orgue à Rennes avec Charles-Augustin Collin, Joseph Béesau et Constant Bricout, ainsi que l’écriture auprès de Thérèse Vigot.

Nominations

Il est nommé titulaire du grand orgue de l’église Notre-Dame de Rennes le 15 juillet 1953, succédant à l’abbé Louis Divet décédé quelques jours auparavant le 7 juillet.

Son activité de compositeur ne cessera pas ; de 1929 à 1978 Dori Chauvin est l’auteur de 97 opus.

Grâce à un catalogue soigneusement tenu nous pouvons avoir une vue synthétique de son œuvre de compositeur.

Régulièrement publié dans la revue L’organiste les œuvres de Dori Chauvin ont sans doute bien circulé dans le monde des organistes.

Des noëls variés (Entre le bœuf et l’âne gris, Variations sur un noël champenois), des thèmes grégoriens (Ave Maria, Prélude marial, Prélude eucharistique, Prélude pascal, Fantaisie pour la fête de Pentecôte, Prélude funèbre, Prélude sur Attende Domine) sont les piliers du répertoire écrit par Dori Chauvin.

Dans la lignée de la réforme liturgique le compositeur livrera des pièces sur des nouvelles mélodies (Seigneur, rassemble-nous, Postlude sur Allez dans la paix du Christ).

Certaines pièces ont une résonance locale (Invocation à Saint Yves) mais le compositeur ne s’est pas engagé davantage dans cette voie.

De 1971 à 1972 Dori Chauvi, sera sollicité pour la livraison de quatre pièces par une revue outre-Atlantique Consoliere éditée à Cincinnati. Cette expérience lui permettra de traiter des thèmes typiques comme la chanson patriotique My country, Tis of Thee.

Toutefois sa production déborde largement des limites de l’organiste liturgique. La Suite de valses « Lily » pour orchestre jazz ou brasserie composée à l’occasion de la naissance de sa fille en 1931 précède une tentative sans lendemain d’un poème symphonique-ballet créé à Saint-Malo en 1946 « Danse de David ». Des chansons évoquant l’histoire malouine (La cité corsaire, Chanson des marins de Terre-Neuve, Les marins de Groix, Chanson malouine) nous donnent des indications sur l’intérêt de Dori Chauvin pour la culture populaire et locale.
De la musique de scène et de la musique de chambre viennent compléter ce tableau.

Pour compléter notre présentation, nous avons sollicité le regard de Guillaume Le Dréau, professeur d’analyse au conservatoire de Rennes et organiste. Nous le remercions de ses propos :
« La production de Dori Chauvin, pour la partie publiée notamment dans des revues comme l’Organiste du Chanoine Courtonne, ne semble guère s’éloigner du canon de l’orgue symphonique et néo-classique de l’époque : variations sur des noëls, pièces liturgiques s’inscrivent dans la lignée des réalisations de ses prédécesseurs et contemporains comme Claussmann, Camonin, Carol, Doyen voire Fleury. Les Variations sur Adeste Fideles de 1948 sont une copie démarquée des Variations sur un Noël de Marcel Dupré : simple exposé harmonisé, puis fileuse, canons, trio en fugue, avant une toccata s’inspirant du Final de la Première Symphonie de Vierne (les formules manuelles sont identiques !).
Des pièces inédites de la dernière période montrent un souhait de s’échapper des cadres tonaux établis : harmonie élargie, utilisation de certains agrégats colorant le discours, jeu épisodique de polytonalité. Ceci n’est pas sans maladresses d’écriture : par exemple, un défaut de maîtrise contrapunctique visible dans les rencontres harmoniques du Prélude on « Joy to the World », avec sa fausse basse sonnant presque comme du Stravinsky néo-classique, ou le Carillon de Saint-Nicolas se perdant dans un discours parfois filandreux : la modernité est un style dans lequel on le sent moins à l’aise.

Mais à l’évidence, Dori Chauvin se tenait informé des innovations de ses contemporains : Bergers et Mages (des années 1960), de par son caractère choral, ses valeurs ajoutées et son harmonie modulante cherchant la couleur mais ici erratique, doit beaucoup à la Nativité d’Olivier Messiaen – sans réussir toutefois à supplanter le modèle.

En somme, il s’agit du langage d’un organiste formé à l’école symphonique d’une grande métropole de province, mais qui lisait volontiers de la musique de ses contemporains parisiens pour se tenir informé d’une certaine évolution du langage musical et trouver lui-même à se renouveler stylistiquement. » (06.11.2018)

L’interprète et l’organiste liturgique

Nous pouvons avoir une idée précise des goûts de Dori Chauvin comme interprète grâce à ses trois cahiers minutieusement remplis, liturgie après liturgie. La première mention date du 19 juin 1948 et la dernière du 24 juin 1979 quelques semaines avant son décès, le 11 août de la même année.

D’après le contenu de ces cahiers Bach arrive bien entendu en bonne place. Il jouait régulièrement l’École française classique (Lebègue, Dandrieu, Clérambault, Grigny, les Couperin, Daquin, …), et aussi Buxtehude, Frescobaldi, Haendel, Mozart, Mendelssohn, Boëly. Franck et l’École française des XIXe et XXe siècles constitue la « nourriture » du compositeur (Saint-Saëns, Dubois, Widor, Gigout, Vierne, Boëllmann, Guilmant, Dupré, Litaize, Alain, Tournemire, Ropartz) avec, visiblement, une affection particulière pour Henri Nibelle (1883-1967).

Quelques mentions de compositeurs tels que Jacques Charpentier (1933-2017) ou Jean-Pierre Leguay (né en 1939) montrent que Dori Chauvin pouvait s’aventurer sur des sentiers nouveaux et audacieux.

Dans le paysage départemental et diocésain les œuvres de Louis Lepage (1852-1906), Charles-Augustin Collin (1865-1938), Jean de Gibon (1873-1952), Jean Inry (1879-1953), Jean Langlais (1907-1991) et son prédécesseur Louis Divet (1875-1953) figurent régulièrement dans ses programmes.

Décès, inhumation

Dori Chauvin est décédé à Rennes le 11 août 1979.

Il est inhumé au Cimetière de l’Est, Section 9 Rang 2 Tombe 6, avec son épouse Marcelle Chauvin née Gillot (1903-2001).

Fabien Barxell, délégué diocésain

Avis de recherche

Dori Chauvin avait, semble-t-il, une affection particulière pour une œuvre de son prédécesseur Louis Divet dont il inscrivait très régulièrement l’Épithalame pour chant et orgue aux nombreux mariages qu’il a joué. La partition de cette œuvre est aujourd’hui introuvable.
Un lecteur aurait-il cette partition ? Dans ce cas merci de bien vouloir contacter Fabien Barxell délégué diocésain musique.liturgique@diocese35.fr ou au 06 74 85 14 35

Réalisations

« Psallite » Atelier Vocal Diocésain (Fabien Barxell, chef de chœur) et Guillaume Le Dréau (organiste) ont proposé :

  • Noël champenois sur « Joseph est bien marié » pour orgue (1949)
  • Noël dans la ville sur « Nous voici dans la ville » pour orgue (1978)
  • Dors ma colombe, noël alsacien (harmonisation et arrangement) pour chœur (1948)
  • Noël d’après l’hymne « Sur la Nativité de notre Seigneur » de Mathurin Régnier pour chœur (1949)
  • Joy to the world, postlude pour orgue (1971)
  • Bergers et mages pour orgue (1958)

Lors des concerts : 02.12.2018 à Saint-Jean-sur-Couesnon, 16.12.2018 à Piré-sur-Seiche, 06.01.2019 à Saint-Méen-le-Grand

Annonce des concerts

 

Le Chœur diocésain (Fabien Barxell, chef de chœur) et Stéphanie Mainard (organiste) ont proposé :

  • Prélude pascal opus 52 (1949) pour orgue

lors des concerts : 08/05/2019 à Domloup, 12/05/2019 à Irodouër, 30/05/2019 à Fougères, 02/06/2019 à Bain-de-Bretagne

Contributions

Vous souhaitez enrichir et compléter cette notice par des témoignages, des renseignements biographiques, des partitions ; merci de prendre contact avec le délégué diocésain 06 74 85 14 35 musique.liturgique@diocese35.fr