Jean de Gibon 1873 – 1952

Redon, 14.10.1873 – Redon, 09.01.1952 (79 ans)

Naissance, parents

Jean Paul Marie de Gibon est né à Redon le 14 octobre 1873 de son père, Léonce Marie de Gibon, propriétaire, et de sa mère, Marie Suzanne de Bourmeister Radoszkwski.

Formation

Sa formation musicale initiale est essentiellement familiale.

Son premier professeur de piano a été son grand-père Auguste de Bourmeister Radoskowski, polonais exilé en France en 1830 après avoir participé au soulèvement de la Pologne contre l’envahisseur russe.

En 1880 Jean de Gibon entre à l’école St Joseph à Redon, puis en 1882 au Collège St Sauveur en classe de huitième. Il est membre de la  » musique » du Collège, il le rappelle d’ailleurs dans ses articles « Souvenirs d’école et de collège » parus dans le journal « Le Redonnais » en 1928.

En 1903 il entre au conservatoire de Nantes où il étudie l’harmonie, le contrepoint et la fugue avec Paul Ladmirault (1877-1944). Il y obtient un 1er prix en 1906.

Mariage

Il épouse Agnès Adrienne Rambaud (1866-1941)

Fonction

Jean de Gibon a été membre du jury du conservatoire de Nantes.

Il a eu en 1918 comme jeune élève (âgé de 10 ans) Olivier Messiaen à qui il fait découvrir Pelléas et Mélisande de Claude Debussy.

Œuvres

Quelques œuvres de Jean de Gibon sont conservées à la Bibliothèque Nationale de France

https://data.bnf.fr/fr/documents-by-rdt/16357415/220/page1

Elles se partagent entre pièces pour piano, mélodies et pièces pour orgue.

Décès, inhumation

Le 9 janvier 1952 Jean de Gibon est retrouvé noyé au lieu-dit la Baignade de Redon.

Au moment de son décès il était domicilié 8 Grande Cour à Redon.

Il est inhumé au Cimetière de Galerne à Redon, Section 4 – Emplacement 1090 avec son épouse.

Hommage

Dans un texte émouvant paru dans la presse Olivier Messiaen rend son « Hommage à un Maître disparu »

Jean de Gibon avec Olivier Messiaen

« La mort brutale de mon cher et vieux maître : Jean de Gibon, tombé accidentellement dans le canal de Redon au cours d’une promenade solitaire, fera certainement une peine immense à tous ses anciens élèves. C’était un homme bon, honnête, généreux, plein de tact, d’une sensibilité profonde, un homme « comme on en fait plus ! » Et quel musicien ardent, enthousiaste ! Ses discours passionnés sur la musique tintent encore à mes oreilles !

Après une longue carrière de professeur d’harmonie au Conservatoire de Nantes, il avait eu la douleur de perdre sa femme qu’il aimait par dessus tout, et s’était retiré à Redon, sa ville natale. Il y vivait dans son monde de souvenirs, parlant souvent de son ami le pianiste Gontran Arcouët1, de ses anciens élèves : Louis Martin2, chef d’orchestre ; Maurice Bagot3, chef d’orchestre ; Maurice Poté4, organiste ; Gilette Justice, pianiste, et du signataire de ces lignes. Chaque jour, panama sur la tête (et sabots aux pieds par temps de pluie), il allait fleurir la tombe de sa femme. Puis, rentré dans sa petite chambre de la Grande Cour, il écrivait pour « L’Écho du Pays de Redon » des articles de critique musicale.

Il nous laisse de nombreuses pièces pour piano, deux pianos, orgue. Notamment un « Cimetière breton » pour piano dédié à Gontran Arcouët, écrit en 1919, dont les effets de cloches en quintes superposées, les harmonies recherchées, les emprunts à la gamme par tons et aux modes du plain-chant, devaient sonner étrangement « moderne » à l’époque.

Je m’en voudrais de ne pas citer aussi une ravissante « Pastorale » pour orgue, à moi dédiée, qui présente les mêmes audaces harmoniques (on y trouve même des neuvièmes avec sixte ajoutées !) auxquelles s’ajoutent la finesse des timbres et une fraîcheur mélodique naïve et douce qui témoigne de la spontanéité, de la sincérité exquise de l’auteur. J’ai souvent joué cette « Pastorale » sur mon orgue de la Trinité et la rejouerai encore souvent, ainsi que ses autres œuvres, en mémoire de mon vieux maître …

Pour terminer, une merveilleuse histoire que j’ai souvent contée à mes élèves du Conservatoire de Paris : c’est l’histoire d’un petit garçon de 9 ans ½, qui témoigne depuis l’âge de 8 ans d’une irrésistible passion pour la musique, joue du piano et compose assez gauchement, comme il se doit. Il vient à Nantes en 1918, avec sa famille, y rencontre son premier professeur d’harmonie, qui le prend en affection dès le premier instant et refuse toute rémunération pour les leçons données. Au bout de six mois, élève et professeur doivent se séparer car le petit garçon suit sa famille à Paris. Que laisse le professeur à l’enfant en souvenir des belles leçons ? Un ouvrage classique, un traité d’harmonie ? Non : il lui donna une partition qui passait à l’époque pour le comble de l’audace (un peu comme la « musique sérielle », la « musique concrète », ou la sonate de Pierre Boulez actuellement), il lui donne « Pelléas et Mélisande » de Claude Debussy ! Ce cadeau devait définitivement affermir et orienter la vocation du jeune élève. L’élève : c’était moi ; le maître : c’était Jean de Gibon. »
L’Écho du Pays de Redon du 26 janvier 1952

Olivier MESSIAEN.

 

1 pianiste et professeur au Conservatoire de Nantes (1883-1950)

2 chef d’orchestre et chef de chœur (1907-1978). – Chef de l’orchestre symphonique de Nantes puis de l’orchestre radio-symphonique de Strasbourg. – Directeur du conservatoire de Strasbourg (1960-1973)

3 compositeur et chef d’orchestre 1896-1982

4 compositeur, organiste et maître de chapelle de Notre-Dame de Bon Port à Nantes 1909-1996

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Réalisations

Le Chœur diocésain (Fabien Barxell, chef de chœur) et Stéphanie Mainard (organiste) ont proposé :

Variations sur « O Filii » (1928) pour orgue

lors des concerts : 08/05/2019 à Domloup, 12/05/2019 à Irodouër, 30/05/2019 à Fougères, 02/06/2019 à Bain-de-Bretagne

Contributions

Vous souhaitez enrichir et compléter cette notice par des témoignages, des renseignements biographiques, des partitions ; merci de prendre contact avec le délégué diocésain 06 74 85 14 35 musique.liturgique@diocese35.fr