Envoi en mission de Marie-Hélène Degrés à Redon

  Envoi en mission de Marie-Hélène Degrés,
Dimanche 19 mai dernier  à St Sauveur de Redon

Toute mission donnée et reçue est signe, pour la communauté qui en est le témoin, de la mission universelle de chaque baptisé, c’est-à-dire de chacun…

C’est pourquoi nous vous partageons l’homélie de son envoi en mission, prononcée par Jean-Michel Audureau-diacre, délégué diocésain de la pastorale de la santé.

« Quelle chance vous avez, Marie-Hélène, et quelle chance nous avons avec vous, en ce jour de votre envoi en mission pour la pastorale de la santé, que d’entendre cet Evangile de Jean !
« …Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »

Ce message fondamental, constitutif de notre condition de disciples missionnaires du Christ : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres ».

Alors, il faudrait sans doute qu’avant de vous envoyer en mission auprès des malades et des personnes âgées, je vous pose cette question : « Avez-vous de l’amour, un amour semblable à celui du Christ, pour ces hommes, vos frères, vers qui nous vous demandons d’aller ? ».

Vous voyez, nous sommes assez loin de la question du rituel de l’ordination, lorsqu’au début de la célébration l’évêque demande si le futur ordonné a « toutes les aptitudes requises » ! Quelle question ! Il me semble (et je l’ai vécu comme cela pour moi-même) que la réponse devrait toujours être non… Mais nos manques d’aptitudes sont heureusement comblés par la grâce. En revanche, demander : « A-t-il, a-t-elle de l’amour pour ses frères ? » me semblerait plus juste.

Je ne vous poserai pas la question, Marie-Hélène, car je suis sûr que la réponse est ‘oui’! Les stages et le discernement qui ont eu lieu en attestent.

Pourtant, chacun de nous peut aujourd’hui se laisser interpeller personnellement par cette question essentielle : « Est-ce que j’aime mes frères ? Est-ce que je les aime comme Jésus lui-même les aime ? ». Mais alors, qu’est-ce à dire que d’aimer comme Lui ?

Il me semble que le psaume et la deuxième lecture répondent à cette interrogation :
« Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour » … Comme il est beau de manifester par notre présence humble, discrète, silencieuse parfois, mais fidèle, fraternelle et priante, l’amour infini, inimaginable et inconditionnel du Père pour chacun de ses enfants en situation de fragilité !

« Sa bonté est pour tous » Nous visitons toute personne qui demande ou accueille notre démarche. Aucun a priori, aucun jugement, chaque personne est respectée dans son chemin de vie et de foi. C’est elle qui est première, qui a du prix aux yeux de Dieu et qui est aimée de Lui.

« Il demeure avec eux, ils sont son peuple et lui-même est leur Dieu » Recevoir l’autre que nous visitons comme « temple de l’Esprit », car toute notre foi et toute la vie de notre Eglise reposent sur ce postulat sur l’Homme : Avoir foi en l’Homme = croire que Dieu veut faire en chacun sa demeure et se manifester par lui. Source d’amour, il nous montre comment vivre de cet amour. Il nous le montre en Jésus-Christ et celui-ci nous laisse l’Esprit, pour vivre de sa vie.

« Il essuiera toute larme de leurs yeux, réduira la victoire de la mort à néant, apaisera tout deuil, tout cri, toute douleur » C’est bien sûr la promesse apocalyptique que retranscrit Jean et qui vaut pour la fin des temps… Mais c’est aussi la grande espérance que nous avons à annoncer, en tout temps et en toute circonstance, même au plus creux de l’épreuve (c’est là qu’elle prend tout son sens). Et nous savons que cette promesse, cette grande espérance ont deux dimensions : le déjà-là et l’à venir. C’est ce que l’on appelle dans l’Evangile faire advenir le Royaume de Dieu : Non seulement annoncer, mais réaliser par toutes nos paroles de compassion, de pardon, par tous nos gestes d’amour, par tous nos actes de charité ce déjà-là du Royaume. Quelle belle responsabilité… Avec la grâce de Dieu !

« Il fait toute chose nouvelle » C’est pourquoi, il nous faut tenir fermes dans la foi (nous allons proclamer ensemble notre foi et c’est suite à cette proclamation qu’aura lieu l’envoi en mission). Croyant en l’amour et la miséricorde du Père. Croyant que tout être humain, si fragile et si diminué qu’il nous apparaisse est un être en croissance, jusqu’au bout de sa vie terrestre. Croyant que, s’il se confie à Dieu, il peut témoigner des trésors de vie et de beauté qui le font vraiment homme, à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Toute mission donnée et reçue est signe, pour la communauté qui en est le témoin, de la mission universelle de chaque baptisé, c’est-à-dire de chacun d’entre nous ce matin.

Alors, laissons-nous interpeller sur la façon de vivre cette vocation à l’amour. Et, comme dans la première lecture, les apôtres priaient et jeûnaient pour confier au Seigneur ceux qu’ils avaient appelés, prions, nous aussi, de tout notre cœur, les uns pour les autres, pour qu’ensemble et chacun nous relevions le défi de l’amour, dans le service de nos frères.