S’adapter en période de COVID-19 – Un accompagnement au CHU de Rennes

Rendre la rencontre possible… :

C’est par une amie de la famille de Mr L, puis du curé de leur paroisse, que j’ai su son hospitalisation suite à un AVC, à l’âge de 87 ans (le 2ème, un premier datait de deux ans, dont il n’était pas encore remis). Je m’informe à Pontchaillou du service où il se trouve. Nous sommes en situation de COVID-19 et bien qu’il ne soit pas infecté par ce virus, les visites des familles sont interdites dans tous les services.
          J’obtiens de l’amie le téléphone de l’épouse du patient avec qui je m’entretiens longuement. Elle est atteinte de cécité et l’absence de son mari malade la met elle aussi en grande difficulté, déstabilisée par son impuissance quant à accompagner son mari, et par rapport à sa propre situation. Sa fille vient auprès d’elle chaque jour. Croyants, pratiquants, investis sur leur paroisse (faisant partie de la chorale), après l’avoir écoutée, je lui demande ce qu’elle attend de nous : que nous allions lui faire la visite qu’elle ne peut pas faire et lui porter la Communion qu’il souhaitera probablement, et puis nous parlons du Sacrement des malades. Je lui propose, s’il m’est permis de prendre mon téléphone dans la chambre de son mari (ce qui n’est pas permis lors des visites aux patients infectés par le COVID), de mettre le haut-parleur afin qu’ils soient plus présents l’un à l’autre lors de ma visite et de l’Onction des malades s’il désire ce Sacrement. Elle s’en réjouit, nous portons cela dans la prière. Comme il est tard, la cadre de santé n’est plus dans le service pour donner l’accord nécessaire à ma venue, l’infirmier me dit qu’il me rappellera le lendemain matin.
Le lendemain je suis rappelée, très tôt, par l’interne pour me demander de venir. Je lui parle d’une probable 2nde visite avec le prêtre, il me donne son accord. J’attends qu’il soit un peu moins tôt dans la matinée pour informer Mme L de la permission obtenue, elle attendait mon appel. Quand j’arrive dans le service, c’est encore le matin, mais Mr L est déjà prêt pour la visite, la toilette faite et le tout petit-déjeuner avalé. Les infirmières me rappellent les précautions à prendre, m’indiquent la chambre me redisent le caractère exceptionnel de cette rencontre possible parce que nous faisons partie du personnel, me disent que cette situation est dure pour tous et qu’ils se réjouissent pour Mr L. Je passe un long moment avec lui qui m’accueille chaleureusement. Il me parle, m’explique sa situation, sa tristesse d’être séparé de son épouse, sa crainte de ne pas remonter la pente… Nous prions un instant ensemble et comme il désire recevoir les Sacrements, après les échanges nécessaires avec toutes les personnes concernées (famille, personnel soignant, fr Gilles) on fixe le RV au début de l’après-midi, en duplex téléphonique avec son épouse et sa fille (le personnel me donne l’accord pour cela aussi), ce dont il se réjouit aux larmes.
Le temps de prière est expliqué ci-dessous par fr Gilles. A l’issue, tous remercient de ce moment. Le personnel soignant accorde de plus à la fille de venir déposer dans le service un poste de radio pour son père, sans pouvoir le visiter ; pour qu’il continue de vivre la fin du carême, la semaine Sainte et s’il est encore hospitalisé, les fêtes Pascales sur RCF Alpha, comme il le faisait avec son épouse à la maison.
Finalement l’état de santé de Mr L s’est dégradé juste après l’assouplissement des directives du Gouvernement concernant les visites en Ehpad où il était arrivé, à La Tauvrais, un des sites du CHU. Sa fille a pu le rencontrer très brièvement et ensuite l’aumônier de permanence pour une Prière de Recommandation auprès de lui, encore conscient. Il est décédé dans la nuit. Il y a eu encore quelques échanges téléphoniques pour accompagner la famille et passer le relai à l’amie et la paroisse où le curé a pu célébrer les obsèques, avec une assemblée restreinte. Quelques jours après, l’épouse rappelait ainsi que l’amie de la famille pour dire leur reconnaissance, remercier encore. Nous continuons de les accompagner de notre prière.

          Fr Gilles note ci-dessous que c’est une responsabilité, elle est multiple, j’en retiens une fondamentale : celle de répondre à l’attente de l’Eglise quand Elle nous envoie, de servir humblement pour qu’on puisse nous reconnaître à Son amour (Jn 13, 35), et le laisser se répandre (Rm 5, 5), avec sa grâce.

 Laetitia GUIBLIN aumônier, et l’équipe du CHU Anne, Jennifer, Isabelle, Marie-Armelle.

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Ne pas laisser nos frères et sœurs mourir seuls fr. Gilles Férant

Privilège et responsabilité, telle est notre expérience dans l’accompagnement d’un patient, en période de COVID-19, pour lui donner le sacrement des malades, en relation téléphonique avec son épouse et sa fille.

C’est bien un privilège de pouvoir rencontrer un malade, bien plus quand il est coupé de toute visite de sa famille et de ses proches. Nous sommes attendus et estimés comme si nous étions des proches au moment de cette rencontre unique lors d’un sacrement en particulier celui des malades. Très vite nous nous sentons pris de compassion et de miséricorde devant celui qui attend un geste et une parole de réconfort de la part de Dieu et de ses représentants.

L’émotion ne peut-être absente même si nous essayons de rester le plus respectueux et le plus discret devant celui qui sollicite dans sa vulnérabilité un regard, une parole et un geste qui expriment qu’aux yeux de Dieu et des hommes il a du prix.

La présence téléphonique de la famille lors d’un sacrement des malades est une expérience riche de lien qui unit les membres d’une famille qui ne peuvent se voir mais se soutiennent. Les larmes sont aussi celles qui traduisent l’intensité de l’amour vécu entre le patient et les autres membres de la famille. L’évocation des prénoms des enfants et du désir profond par l’intention particulière du patient donnent une reconnaissance des proches chers au patient.

C’est bien une responsabilité ecclésiale que de se rendre auprès des patients et plus particulièrement ceux qui sont en fin de vie. Car comme le disait une infirmière : « Ce qui fait le plus peur au patient ce n’est pas la mort mais c’est de mourir seul. » C’est un grand réconfort que le sacrement des malades pour celui qui a la foi mais aussi cette présence familiale et ecclésiale. Sans se connaître, l’aumônier et le prêtre accompagnateur sont signe de l’Église mais aussi font Eglise avec le patient et sa famille. Sans se connaître le patient avec sa famille et l’aumônier et le prêtre accompagnateur vivent lors du sacrement des malades une communion qui nous faire dire que toute vie a du prix et qu’elle est digne d’être accompagnée jusqu’au bout.

Si nous avons une conviction, c’est qu’il ne faut pas laisser nos frères et sœurs malades mourir seuls. Ils ont droit à la dignité jusqu’au bout par la présence aimante et spirituelle des proches et des représentants du culte.

Aumôneries des établissements de Santé

Mme Anne Renou
02.99.14.35.41
par mail

La question du sens de la vie au cœur de la maladie

« J’étais nu, et vous m’avez habillé ; J’étais malade, et vous m’avez visité ; J’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !” Mathieu 25,36

Charte-benevoles-diocese-rennes
Circulaire 2006 relative aux aumôniers des établissements de la fonction publique hospitalière
Charte nationale des aumôneries- 2011