« Celui qui pratique la miséricorde, qu’il ait le sourire » : catéchèse de Mgr d’Ornellas à La Peinière

151005_catéchèse miséricordeLe dimanche 13 septembre 2015, Monseigneur Pierre d’Ornellas a prononcé une catéchèse au Sanctuaire de La Peinière dans le cadre du rassemblement de rentrée pastorale du diocèse de Rennes. Ce texte est une introduction au thème biblique de la miséricorde, qui sera développé à partir du 8 décembre 2015, date de l’ouverture de l’Année de la miséricorde voulue par le pape François.

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Celui qui pratique la miséricorde, qu’il ait le sourire

Chers amis,

En 2014-2015, nous avons vécu l’Année de l’Espérance. Et voici que le pape François nous fait le cadeau d’une Année sainte exceptionnelle de la Miséricorde, qui commencera le 8 décembre 2015. Cela nous invite à continuer à grandir dans l’Espérance, car la « miséricorde » de Dieu est certainement le fondement le plus solide de l’Espérance.

Que veut dire le mot « miséricorde » ? En cherchant à comprendre ce qu’il signifie, nous approfondirons notre méditation sur l’Espérance.

Gardons en mémoire l’exemple de Zélie Martin (1831-1877), mère de famille et épouse de Louis Martin (1823-1894) – qui vécut à Rennes en 1842-1843 pour apprendre le métier d’horloger –. Ils sont tous les deux canonisés ce 18 octobre 2015. Zélie a écrit : « j’ai toujours espéré » car elle sait que Dieu est miséricordieux. Ils sont une lumière pour tous les parents, les époux, les veufs car Louis fut veuf pendant 18 ans, et aussi pour les malades car tous les deux connurent l’épreuve de la maladie[1].

L’Espérance est tellement indispensable pour vivre ! Elle est un trésor avec de si grandes richesses qu’elle s’adapte à toutes les situations de détresses. Elle a été comparée dans la Bible à une « ancre solide et sûre » (Hébreux 6,19) à laquelle le chrétien est paisiblement amarré au milieu des tempêtes, petites et grandes, qui prennent mille formes dans nos vies quotidiennes. Elle permet à l’Église de mieux comprendre sa mission et d’y être fidèle : être témoins de l’Espérance que donne le Christ ressuscité auprès de ceux et celles qui la cherchent.

Pour mieux comprendre l’espérance, Benoît XVI nous a fait davantage connaître sainte Joséphine Bakhita (1869-1947), une sainte africaine du Soudan[2]. L’Espérance est née au plus profond de son cœur quand elle a fait la rencontre avec un amour qui dure fidèlement et toujours, celui de Dieu pleinement dévoilé par le Seigneur Jésus. Sainte Joséphine a fait cette rencontre et, comme beaucoup de catéchumènes, a demandé le Baptême.

 

Le témoignage de Jean-Paul II

Le saint pape Jean-Paul II, le 17 août 2002, lors de son dernier voyage en Pologne, a rappelé l’importance vitale de la miséricorde dans notre monde. Écoutons-le : « Comme le monde d’aujourd’hui a besoin de la Miséricorde de Dieu ! Sur tous les Continents, du plus profond de la souffrance humaine, semble s’élever l’invocation de la Miséricorde. Là où dominent la haine et la soif de vengeance, là où la guerre sème la douleur et la mort des innocents, la grâce de la Miséricorde est nécessaire pour apaiser les esprits et les cœurs et faire jaillir la paix. Là où manque le respect pour la vie et pour la dignité de l’homme, l’amour miséricordieux de Dieu est nécessaire car à sa lumière se manifeste la valeur inestimable de chaque être humain. La Miséricorde est nécessaire pour faire en sorte que chaque injustice du monde trouve son terme dans la splendeur de la vérité. »

Durant ce voyage de 2002, Jean-Paul II a confié que « la miséricorde dessine l’image de [son] pontificat ». Dans ses notes intimes, le 2 septembre 1964, il avait déjà noté : « la miséricorde = l’essence du christianisme. » Dès le début de son pontificat, il attira l’attention sur la miséricorde : élu Pape en octobre 1978, il publia le 30 novembre 1980 sa deuxième encyclique qui est intitulée « Dieu riche en miséricorde ».

Pourquoi une telle insistance sur la « miséricorde » ? Souvenons-nous qu’avant d’être Pape, Jean-Paul II – Mgr Karol Wojtyla – fut archevêque de Cracovie, diocèse sur lequel il y avait le camp d’Auschwitz-Birkenau, symbole de la « Shoah » qui est l’extermination des Juifs pour l’unique raison qu’ils étaient juifs. Devant ce mal – appelé « le crime infini » –, il est difficile de relever la tête en vérité, dans la paix et la confiance. Seule la miséricorde de Dieu le permet vraiment.

Dieu aime l’homme, d’un amour inconditionnel. Quoi qu’il ait fait, Dieu est toujours là pour le sauver, pour lui pardonner avec amour, le relever avec amour et le remettre en marche dans l’espérance. La miséricorde, c’est l’amour qui se dévoile plus puissant que le mal pour l’éradiquer et sauver l’homme.

 

Le concile Vatican II

Jean-Paul II est certainement le pape de la miséricorde. Le pape François recueille donc l’héritage de ce Pape en offrant à toute l’Église une Année sainte extraordinaire de la Miséricorde. Cette Année commencera à Rome le 8 décembre 2015, parce que c’est le jour du cinquantième anniversaire de la clôture du concile Vatican II.

Il y a là une intuition très profonde. Jean-Paul II, dans son encyclique sur la miséricorde, commence par revenir sur le concile Vatican II en soulignant que ce Concile met en lumière la figure du Père. Comme si ce grand événement qui guide aujourd’hui la vie de l’Église et de notre diocèse faisait entendre la voix du Père miséricordieux.

En méditant sur l’Église, le concile Vatican II contemple en effet le « Père », c’est-à-dire de « l’amour dans sa source », comme le souligne le n. 2 du Décret sur l’activité missionnaire de l’Église, Ad gentes. On peut aussi lire le n. 2 de la grande constitution sur l’Église, Lumen gentium, où il est question du « Père éternel », « de sa sagesse et de sa bonté ».

En réfléchissant à la question « qu’est-ce que l’homme ? », le Concile évoque aussi le Père. Tant et tant de personnes dans le monde se posent cette question. Le Concile répond en écoutant les pensées des hommes sur eux-mêmes et en scrutant la Bible. Au terme de son exposé – c’est le chapitre I de la Constitution sur l’Église dans le monde de ce temps, Gaudium et spes – le Concile fait entendre le cri qui jaillit du plus profond du cœur de l’homme : celui-ci, sous l’action de l’Esprit Saint, « clame dans l’Esprit : Abba, Père ! ».

Jean-Paul II écrit : « On lit dans la constitution Gaudium et Spes : « Nouvel Adam, le Christ … manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation » : il le fait précisément « dans la révélation même du mystère du Père et de son amour ». Ces paroles attestent très clairement que la manifestation de l’homme, dans la pleine dignité de sa nature, ne peut avoir lieu sans la référence non seulement conceptuelle mais pleinement existentielle à Dieu. L’homme et sa vocation suprême se dévoilent dans le Christ par la révélation du mystère du Père et de son amour[3]. »

Eh bien, ce Père est « riche en miséricorde » (Éphésiens 2,4), comme le souligne saint Paul. Celui-ci commence sa deuxième lettre aux Corinthiens en bénissant « le Père des miséricordes » (2 Corinthiens 1,3). Comme il est important de le savoir, nous qui, si souvent, prions le « Notre Père » ! Notre dignité, comme la dignité de tout homme, c’est d’être un enfant bien-aimé de Dieu, un fils ou une fille aimé avec une infinie tendresse par notre grand Dieu. Qu’il est beau de savoir regarder chacun de ses proches, de ses amis, de ses voisins, de ses collègues de travail – et aussi ceux qui nous sont montrés par les médias – comme des enfants bien-aimés de Dieu ! Hélas beaucoup ne le savent pas et se comportent à l’inverse de cette réalité si belle. L’Année de la Miséricorde nous est offerte pour grandir dans ce regard.

Sans doute le mot « miséricorde » est-il difficile à comprendre. Le pape Jean-Paul II, le grand prophète de la « miséricorde », a bien perçu que la « miséricorde » avait du mal à être reçue aujourd’hui dans notre monde rempli de techniques qui veulent tout maîtriser, tout dominer. C’est pourquoi le Pape a voulu en donner toute la signification en scrutant l’Écriture Sainte, la Bible.

Il est bien vrai que la « miséricorde » est éminemment une notion biblique. Je vous propose donc une promenade dans l’Écriture sainte. Nous y verrons que la miséricorde est un souffle d’air pur et vivifiant sur chacun de nous et sur le monde. C’est à une promenade et non à une étude que je vous invite. N’ayez crainte, laissez-vous donc conduire et avancez avec moi dans ce beau paysage que nous découvre l’Écriture Sainte. Je vous donne des références. Si vous le voulez, allez dans votre Bible pour retrouver ces passages.

Allons d’abord à Jésus.

 

Jésus, tel que nous le connaissons

Il marchait sur les routes de Palestine, il y rencontrait des personnes, juives, samaritaines ou païennes. Il appela certaines de façon particulière : « suis-moi ! » (Jean 1,43 ; 21,19).

Il opérait des signes si étonnants que la foule s’est mise à « rendre gloire au Dieu d’Israël » (Matthieu 15,31).

Il allait dans les Synagogues, celle de Nazareth puis celle de Capharnaüm, ou au Temple de Jérusalem. Il y enseignait en commentant l’Écriture Sainte. Il exhortait les foules ou parlait en privé à ses proches disciples, mais sa parole était à la fois tellement dans la continuité avec la Loi d’Israël et tellement dans la nouveauté par l’approfondissement qu’il en faisait, que la foule s’exclama : « jamais on a entendu un enseignement donné avec une telle autorité ! » (Matthieu 8,29)

Certes le Peuple juif prie les Psaumes qui sont ponctués de béatitudes (Psaumes 1,1 ; 2,12 ; 32,1.2 ; 41,2 ; …). Elles résonnent dans bien des cœurs un peu comme résonnent dans les cœurs d’adultes les prières chantées quand ils étaient jeunes. Mais personne avant lui n’avait proclamé avec tant de force les Béatitudes des pauvres, des doux, des endeuillés, des affamés et assoiffés de justice, des miséricordieux, des artisans de paix (Matthieu 5,3-10) !

Il priait souvent (Luc 3,21 ; 5,16 ; 9,28), mais avec un tel recueillement que ses disciples, un jour qu’il eut fini de prier seul à l’écart, lui demandèrent : « apprends-nous à prier ! » (Luc 11,1) D’ailleurs, à un moment extrêmement douloureux de sa vie – Gethsémani – , les disciples préférés, Pierre, Jacques et Jean l’entendront gémir en priant. Et dans sa prière sort de ses lèvres l’appellation si surprenante adressée à Dieu : « Abba » (Marc 14,36) Quelle intimité entre Jésus et Dieu, le Père d’Israël ! Il est Fils éternel de Dieu.

Le voilà notre Seigneur et Maître ! Le voilà notre Jésus, le fils de Marie, auquel nous croyons. Lui, le Fils de Dieu, Dieu lui-même, s’est fait homme en devenant juif, fils d’Israël. Il est pétri de la tradition d’Israël, son peuple, et pourtant il ne s’est pas senti compris des siens. « Jamais un prophète n’est bien accueilli chez les siens ! » (Matthieu 13,57), lâche-t-il en Galilée d’où il est originaire à ce qu’on croyait. Il est même critiqué car il va manger chez les pécheurs et les publicains (Matthieu 9,10). Certains vont jusqu’à penser qu’il a perdu la tête.

Ses propos dans la bouche d’un juif fidèle, même zélé, sont tellement surprenants qu’un « Maître en Israël », du nom de Nicodème, viendra le visiter « de nuit » afin de l’interroger. Quelle surprise pour lui d’entendre ce Jésus de Nazareth lui dire : « nous parlons de ce que nous savons, nous témoignons de ce que nous avons vu. » (Jean 3,11)

Le secret de Jésus

Mais que sait-il, ce Jésus ? Qu’a-t-il vu ? Quel est donc son secret ? Il le dévoile quand, à Capharnaüm, après avoir appelé Matthieu à le suivre, il laisse échapper ce qui l’habite au fond du cœur : « allez donc comprendre ce que signifie : c’est la miséricorde que je veux ! » (Matthieu 9,13) Spontanément, il cite le prophète Osée (6,6) qui invite Israël à se détourner des idoles et des pratiques mauvaises en revenant à Dieu : « ayons la connaissance de Dieu. » (Osée 6,3) Jésus sait du plus profond de son cœur que Dieu « veut » la miséricorde.

Pétri de la tradition d’Israël qu’il a reçue de son éducation, à la synagogue où il allait prier de sabbat en sabbat, et du Temple où il allait tous les ans en pèlerinage à Jérusalem, Jésus a sans doute été touché par ce propos du prophète Osée. C’est cela qui sort de ses lèvres lorsqu’on le critique d’avoir appelé ce Matthieu qui, en étant collecteurs d’impôts, semble n’être qu’un voleur !

Quelques jours plus tard, Jésus marche avec ses disciples à travers les champs de blé. Le blé est mûr et les épis, magnifiques sous le soleil de Palestine. Voilà que ses disciples qui ont faim arrachent des épis et les mangent. Or, c’est le jour du sabbat où tout travail doit cesser afin que les fils d’Israël louent le Créateur et lui rendent grâce pour la Providence avec laquelle il guide ses enfants. N’a-t-il pas fait alliance avec eux de faon tout particulière ? Oui, il est un Père pour Israël ! Israël se doit donc d’observer la Loi de Moïse afin d’être lumière pour tous les hommes. La Loi est une orientation de vie si lumineuse ! Elle est lumière des yeux. C’est pourquoi les pharisiens lui font une observation : « tes disciples font ce qu’il n’est pas permis de faire le jour du sabbat. » (Matthieu 12,2) Ils ont raison.

Cependant, Jésus leur répond en donnant l’exemple du roi David à partir d’un passage de l’Écriture sainte tiré du Premier livre de Samuel. Comme font les pharisiens, Jésus discute avec eux en se référant à l’Écriture et en la commentant. Mais il termine sa réponse en ajoutant à nouveau : « si vous aviez compris ce que signifie : c’est la miséricorde que je veux. » (Matthieu 12,7)

Le voilà donc notre Jésus ! Le voilà son secret ! Il est habité par une parole de l’Écriture qui fait résonner la miséricorde. Ce mot lui est si cher ! Il sort spontanément de son cœur. Où donc l’a-t-il appris ? Bien sûr, comme Fils éternel de Dieu, il sait ce qui habite le cœur de Dieu. Mais, en tant qu’homme, il l’a appris dans les Écritures d’Israël.

À ce sujet, il nous donne une indication pour les lire. Ressuscité, Jésus apparaît aux Onze apôtres. Il les instruit sur lui-même : « il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. » (Luc 24,44) Ici nous est indiquée la division de la Bible d’Israël en trois parties : la Loi, ce qui correspond aux cinq premiers livres de la Bible ; les Prophètes ; et les Psaumes avec d’autres Écrits. Allons donc successivement à ces trois parties.

 

La Loi que Jésus, fils d’Israël, scrute

Jésus connaît la Loi de Moïse, qui est le pilier de la vie d’Israël et du Peuple juif aujourd’hui. Elle est la sienne. Jésus, considéré comme un Maître, commente la Loi et en dévoile le sens plénier (Matthieu 5,17-48). Mais surtout, il la vit. Il l’a reçue fidèlement et confie humblement qu’il est « fidèle aux commandements de son Père » (Jean 15,10). Il en a d’ailleurs une grande joie (Jean 15,11) !

Il a scruté cette Loi, que l’on appelle la Torah et qu’on lit dans les cinq premiers livres de la Bible. Il s’agit de la Loi que Moïse a reçue de Dieu et qu’il a transmise au Peuple afin qu’il la mette en pratique. Jésus se réfère plusieurs fois à Moïse. Comme tout juif, Jésus est attaché à la Loi de Moïse.

Or, cette Loi d’Israël commence par révéler qui est Dieu. Il est celui qui « a libéré Israël du pays de servitude » (Exode 20,2). Chacun de nous a son « pays de servitude », son monde intérieur qui nous rend esclave de tant et tant de choses, de sentiments, d’idées, d’attitudes, de faire-semblants, de nos péchés … Mais Dieu est le Libérateur ! L’avoir reconnu, en avoir fait l’expérience, c’est sentir au fond de soi l’obligation intérieure de reconnaître Dieu de plus en plus comme l’unique et vrai Dieu, de le remercier, de l’aimer.

C’est pourquoi Israël est invité à l’adorer lui, et lui seul, sans pouvoir se faire des images de lui, c’est-à-dire sans retourner à l’idolâtrie. Dans l’histoire de l’humanité, Israël a apporté le monothéisme, c’est-à-dire la connaissance de Dieu qui est l’Unique et qui est Un. Voilà Israël choisi par Dieu pour révéler son Nom au monde ! Sa vocation est de sanctifier son Nom au milieu du monde. Les chrétiens qui prient le « Notre Père » disent aussi : « que ton Nom soit sanctifié » (Matthieu 6,9) ! Sanctifier le Nom divin, c’est vivre selon la sainte Loi de Dieu par amour et pour l’amour.

Hélas, Israël devient idolâtre, révélation de toutes nos « idolâtries ». C’est l’épisode du « veau d’or » (Exode 32,1-4) qui symbolise tous les péchés, tous nos péchés. Chaque péché est en quelque sorte une « idolâtrie », c’est-à-dire la préférence consciente et délibérée de soi-même, de quelqu’un, ou d’une chose par rapport à Dieu qui devrait être le premier servi et aimé, en toutes situations.

Moïse est effarouché par le péché du « veau d’or ». On le comprend : Israël choisit d’adorer ce veau en métal précieux, au lieu d’adorer le Seigneur, le Dieu unique qui l’a libéré du pays de servitude. Alors Moïse se met en colère. Il se plaint auprès de Dieu. Il Le supplie de ne pas rompre son alliance et de demeurer auprès de son Peuple. Si Dieu a libéré Israël d’Égypte, ce n’est pas pour l’abandonner maintenant en plein désert ! Excédé, Moïse supplie le Seigneur : « fais-moi de grâce voir ta gloire ! » (Exode 33,18) Comme si Moïse suppliait Dieu de lui dire qui Il est afin d’avoir la garantie qu’Il sera fidèle à son alliance avec le Peuple et qu’Il restera présent au milieu des hébreux.

Alors Dieu répond à Moïse : « Je ferai passer sur toi tous mes bienfaits et je proclamerai devant toi le Nom du Seigneur. » (Exode 33,19) Alors Moïse se blottit dans le rocher et attendit le passage de Dieu. Le texte biblique poursuit comme s’il se produisait un événement exceptionnel, qui est préparé par une mise en scène soignée. « Le Seigneur descendit dans la nuée, se tint là avec lui, et Moïse proclama le nom de « Seigneur ». Le Seigneur passa devant lui et proclama : « Le Seigneur, le Seigneur, Dieu miséricordieux et bienveillant, lent à la colère, plein de fidélité et de loyauté, qui reste fidèle à des milliers de générations… » (Exode 34,5-7)

Voilà la révélation ultime de Dieu, de son Nom. Il n’est pas seulement le Libérateur, il est le « Miséricordieux » ! Ce terme est unique dans tout le livre de l’Exode. On le retrouve au début du livre du Deutéronome, le dernier des cinq livres de la Torah. Mais cette fois-ci, c’est avant que Dieu soit nommé comme celui qui libère Israël du pays de servitude : « Alors, de là-bas, vous rechercherez le Seigneur ton Dieu ; tu Le trouveras si tu Le cherches de tout ton cœur, de tout ton être. Quand tu seras dans la détresse, quand tout cela t’arrivera, dans les jours à venir, tu reviendras jusqu’au Seigneur ton Dieu, et tu écouteras Sa voix. Car le Seigneur ton Dieu est un Dieu miséricordieux : il ne te délaissera pas. » (Deutéronome 4,29-31)

À la fin du livre du Deutéronome, avant le grand chant d’adieu de Moïse à la fin des cinq livres de la Torah, la même exhortation est adressée à Israël : « Et quand arriveront sur toi toutes ces choses, la bénédiction et la malédiction que j’avais mises devant toi, alors tu les méditeras dans ton cœur parmi toutes les nations où le Seigneur t’aura emmené ; tu reviendras jusqu’au Seigneur ton Dieu, et tu écouteras sa voix, toi et tes fils, de tout ton cœur, de tout ton être, suivant tout ce que je t’ordonne aujourd’hui. Le Seigneur ton Dieu changera ta destinée, il te montrera sa miséricorde, il te rassemblera de nouveau. » (Deutéronome 30,1-3)

Que signifie ce mot « miséricorde » ? Ce terme hébreu désigne le bouleversement des entrailles d’une femme devenue mère, le tressaillement de tout son cœur dû à l’amour pour son enfant quand celui-ci affronte une fragilité, tombe dans le mal. Le Peuple hébreu a l’audace magnifique d’attribuer à Dieu ce qui caractérise le plus intimement une femme devenue mère : son lien avec son enfant, lien qui se manifeste en un bouleversement d’amour au plus profond d’elle-même quand son enfant va vers sa perdition.

 

Les prophètes que Jésus écoute

C’est pourquoi les prophètes feront parler Dieu comme parle une mère : « la femme oublie-t-elle son nourrisson, oublie-t-elle de montrer sa miséricorde à l’enfant de sa chair ? Même si celles-là oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas. Vois, ton nom est gravé sur les paumes de mes mains. » (Isaïe 49,15) En effet, les prophètes ne font que rappeler la mission d’Israël de sanctifier le Nom de Dieu par une fidélité pleine d’amour à la Loi de Moïse. Ils dévoilent donc la grandeur et la beauté de la Loi. Ils rappellent Israël à la conversion pour qu’il adore Dieu et l’aime de tout son cœur, et pour qu’il aime son prochain comme lui-même.

Les prophètes exhortent donc Israël – et nous aussi – pour qu’il se souvienne de Celui qui l’a libéré du pays de servitude. Qui donc est Dieu qui choisit Israël pour que toutes les nations de la terre découvrent la vérité de son Nom ? Qui donc est Dieu qui édifie son Église pour qu’elle soit son témoin ? Il est celui qui « manifeste sa miséricorde », ce qui est souvent traduit par « tendresse » (Isaïe 54,8.10 ; 55,7 ; 60,10).

Le prophète Michée s’achève par cette affirmation pleine d’espérance : « De nouveau, il nous manifestera sa miséricorde. » (Michée 7,19) Comment imaginer que Jésus ignore cette affirmation alors qu’il cite le prophète Michée en faisant mentiond’une de ses phrases qui se trouve toute proche de cette finale (Matthieu 10,35) ?

Jésus connaît les prophètes. Il les a écoutés et lus dans la synagogue de Nazareth puis de Capharnaüm, et dans d’autres synagogues vraisemblablement.

Le prophète Joël rappelle que Dieu est « miséricordieux et bienveillant, lent à la colère, plein de fidélité et de loyauté, qui reste fidèle à des milliers de générations… » (Joël 2,13) Nous l’entendons chaque année pendant la Messe du Mercredi des Cendres pour entrer dans le temps béni du Carême. Jésus cite le prophète Joël dans une de ses paraboles sur le Royaume de Dieu (Marc 4,29). Les Apôtres le citeront pour expliquer la Pentecôte (Actes 2,17.21).

Et nous l’avons entendu, Jésus laisse monter de son cœur une parole du prophète Osée : « c’est la miséricorde que je veux » (Osée 6,6).

Il nous est bon de nous laisser réveiller par les prophètes qui nous rappellent qui est Dieu, quel est son amour et sa fidélité. À son amour, doit répondre notre amour. Par le Baptême, le chrétien est pris dans l’alliance d’amour que Dieu a scellée avec lui. Il répond à l’amour de Dieu pour lui et pour tous les hommes en disant avec amour le « notre Père ».

 

Les Psaumes que Jésus prie

Jésus prie comme tout juif, car la Loi de Moïse ordonne la pratique du sabbat et le culte du Temple. Prier est essentiel à la vie du Peuple juif, aujourd’hui comme hier. Quand Jésus prie, il rumine les Psaumes comme tout juif. Par exemple, « après avoir chanté les psaumes avec ses disciples, ils sortirent pour aller au jardin des Oliviers » (Marc 14,26), où il aimait se rendre à Jérusalem et où il avait une vue splendide sur le Temple.

Jésus est imprégné de ces prières d’Israël. Son cœur s’est élevé vers Dieu quand il a chanté les psaumes qui s’adressent à Dieu « miséricordieux et bienveillant, lent à la colère, plein de fidélité et de loyauté, qui reste fidèle à des milliers de générations… » (Psaume 86,5 ; 103,8 ; 111,4 ; 145,8) Tout petit, enfant et adolescent, il a entendu cette invocation et l’a priée lui-même. Jeune et adulte, il l’a chantée avec encore plus de ferveur, comme fils d’Israël. Elle s’est imprimée en son cœur et a rejoint l’expérience de son Père qu’il a comme Fils éternel fait chair. Qui plus que Jésus connaît l’insondable miséricorde de Dieu ? Qui plus que lui a l’expérience de la tendresse pleine d’amour de son Père pour l’humanité ?

Nous aussi, nous prions les Psaumes. Chaque dimanche – et chaque jour de la semaine – à la Messe, nous élevons vers Dieu notre prière en écoutant ou en chantant le psaume après la première lecture. Les prêtres et les diacres, mais aussi les religieuses, religieux et les Vierges consacrées, avec des laïcs, prient chaque jour les psaumes, matin et soir. Ils nous instruisent sur Dieu, son alliance, sa fidélité, sur notre manière de vivre en enfant de Dieu. Ils nous invitent à le louer, à Lui rendre grâce, à le supplier avec confiance, à vivre dans la paix.

Nous venons de regarder la Loi, les Prophètes et les Psaumes, exactement comme le fait Jésus avec les Onze apôtres. Nous comprenons que Jésus est comme imbibé de la miséricorde de Dieu. Plus que cela, Jésus se révèle lui-même comme le miséricordieux. Lisons rapidement deux évangiles, celui de saint Matthieu et celui de saint Luc.

 

Jésus, dans l’évangile de saint Matthieu

Dans son enseignement et dans sa vie, nous voyons Jésus qui est rempli de miséricorde. En effet, plusieurs fois, l’évangéliste Matthieu – l’évangéliste saint Marc fera de même – nous le montre avec un cœur bouleversé d’amour d’où jaillissent les dons de l’Église et de l’Eucharistie. Cela est souvent traduit par : « il fut pris de pitié », ou encore : « j’ai pitié de cette foule. »

Quand Jésus voit que les foules sont « harassées et prostrées comme des brebis qui n’ont pas de berger », il tressaille d’amour (Matthieu 9,36). Il fonde alors l’Église, ce qui est signifié par l’institution des « Douze » (Matthieu 10,1-5). L’Église est le fruit de la miséricorde de Jésus, pour qu’elle soit témoin de son amour pour toutes les brebis harassées et prostrées qui, à travers le monde et à chaque période de l’histoire, cherchent.

En continuant à lire l’évangile de saint Matthieu, on voit Jésus à nouveau pris de compassion au plus profond de lui-même car « il vit une grande foule et il guérit leurs infirmes » (Matthieu 14,14). Alors, pour nourrir cette foule, il fait la multiplication des pains après avoir « levé les yeux vers le ciel et prononcé la bénédiction » (Matthieu 14,19). L’Eucharistie est le don de la miséricorde. Elle est le sacrement de l’amour qui nous guérit de toutes nos infirmités nous empêchant d’aimer en vérité, jusqu’au bout, jusqu’à aimer ses ennemis (Matthieu 5,44).

L’Eucharistie est au cœur de l’Église de telle sorte que celle-ci soit animée par l’amour et brille de la lumière de l’amour pour que tous les hommes en soient éclairés et découvrent qu’ils sont aimés d’un amour fidèle, comme l’a découvert sainte Joséphine Bakhita et comme en font l’expérience de nombreux catéchumènes à sa suite.

Plus loin dans l’évangile de saint Matthieu, nous voyons encore Jésus qui tressaille d’amour devant la « grande foule » dont il « guérit » les malades (Matthieu 15,30). La guérison dont il est question ici, comme à chaque fois dans les évangiles où nous entendons que Jésus guérit, signifie le salut. Elle ne signifie pas la guérison spirituelle que certains cherchent de façon effrénée. Elle est le signe annoncé par les prophètes que Jésus est le Messie, c’est-à-dire l’envoyé de Dieu sur qui reposera l’Esprit pour nous apporter le salut. Simon-Pierre reconnaîtra Jésus : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. » (Matthieu 16,16)

Devant cette foule qui n’a pas de quoi manger, encore une fois, « après avoir rendu grâce », il multiplie les pains pour nourrir tout le monde (Matthieu 15,36). Oui, l’Eucharistie est un don de son immense amour afin que nous soyons « rassasiés » (Matthieu 14,20 ; 15,37) pour aimer comme Jésus aime. L’Eucharistie est « le sacrement de l’amour ». Y participer, c’est venir boire à la source de l’amour afin de grandir dans l’amour pour aimer davantage au sein de sa famille, de sa Paroisse, de son travail, de son école, de son mouvement ou de son association.

 

Jésus dans l’évangile de saint Luc

L’évangéliste saint Luc nous montre Jésus rempli de compassion en face de situations douloureuses où la mort est toujours présente. Cette mort symbolise les morts intérieures de nos cœurs que sont nos péchés, d’une manière ou d’une autre.

Jésus arrive à la ville de Naïm (Luc 7,11-16). Ce mot signifie « consolation ». Dans l’Ancien Testament, Dieu est le consolateur en apportant la libération, le salut (Isaïe 40,1 ; 66,13). Ce n’est évidemment pas un hasard si saint Luc nous montre Jésus bouleversé dans ses entrailles quand il est à Naïm. Le voilà notre Dieu qui console : il est miséricordieux.

À Naïm, Jésus rencontre une « veuve », symbole de l’humanité qui a perdu son Dieu, son Époux qui a tissé une alliance avec elle. Quel drame pour l’humanité qui avance « sans Dieu », comme l’écrit saint Paul : elle est alors « sans espérance » (Éphésiens 2,12). Cette « veuve » vient de « porter tout juste en terre un mort, un fils unique ». Symbole du mal dont le pire est la mort du fils unique, c’est-à-dire la fin de la vie qui ne se transmet plus.

Devant le mal mortel, celui qui est commis par la méchanceté de l’homme, où trouver de l’espérance si on ne rencontre pas quelqu’un qui fait miséricorde, qui pardonne par amour ? Voilà Jésus, plein de miséricorde qui redonne vie : « Tous rendaient gloire à Dieu. » (Luc 7,16)

Jésus est un Maître reconnu. C’est pourquoi un scribe, c’est-à-dire un érudit, vient l’interroger sur ce qu’il faut faire pour avoir « la vie éternelle ». Jésus lui répond : « Dans la Loi qu’est-il écrit ? » Ce scribe répond en donnant les deux commandements : aimer Dieu de tout son cœur et aimer son prochain comme soi-même. Jésus lui dit alors qu’il a bien répondu. Mais le scribe l’interroge : « Et qui est mon prochain ? » Voilà une belle question. En effet, ce prochain, est-ce le membre de ma famille, l’étranger, celui qui est de la même religion, la personne au travail, l’enfant de la catéchèse, le malade, etc. ? Alors Jésus lui répond par la parabole du bon Samaritain (Luc 10,29-37).

Un homme, roué de coups par les bandits est laissé « à demi-mort ». Le prêtre puis le lévite qui passent par là veulent sans doute être fidèles aux règles de pureté rituelle qui leur interdisent de s’approcher d’un mort afin d’être apte au service du Temple. Le Samaritain, lui, est « pris de pitié », c’est-à-dire bouleversé dans son cœur. Il s’approcha et fit tout ce qui était nécessaire pour que cet homme retrouve la vie et la santé. Voilà le Samaritain qui « s’est montré le prochain de l’homme qui était tombé aux mains des bandits ».

Ce Samaritain peut représenter Dieu lui-même qui, par son incarnation, s’est approché de l’homme malade du péché. Il évoque l’attitude pleine de miséricorde de Jésus lui-même dont l’amour pour les hommes est sans limite pour les sauver. Mais Jésus achève ainsi : « Va et, toi aussi, fais de même. » Il nous demande d’être nous-mêmes pleins de miséricorde.

Enfin, Jésus enseigne la miséricorde dans la parabole dite de l’enfant prodigue (Luc 15,11-32). Le Père de ces deux fils voit le cadet partir au loin et vivre en dilapidant les biens qu’il lui a donnés. Quand il le voit revenir, « il fut pris de pitié : il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers ». Ce Père est débordant d’amour, bouleversé en voyant son fils revenir de la mort, retrouvé après sa perdition. Sans doute Jésus évoque-t-il ainsi son Père. Mais l’amour plein de tendresse de son Père est aussi l’amour plein de tendresse du Fils qui s’est fait chair. Jésus est habité par le même amour que son Père : face au mal, cet amour se transforme en miséricorde, c’est-à-dire en tendresse qui pardonne.

 

Joie d’aimer

Ajoutons un mot. L’évangile de saint Luc nous rapporte la joie de la miséricorde. La parabole de l’enfant prodigue est précédée de deux petites paraboles où, à chaque fois, il est question de « la joie au ciel » (Luc 15,7), de « la joie chez les anges de Dieu » (Luc 15,10) pour « un seul pécheur qui se convertit ». Penser à la miséricorde de Dieu, c’est penser à sa joie de nous aimer, d’aimer l’humanité en lui pardonnant.

Le sacrement de réconciliation est le sacrement du pardon. Dieu, avec joie, vient nous pardonner, nous relever et nous donner sa grâce pour recommencer à aimer en vérité, davantage. Il est beau de penser au sacrement de réconciliation comme le sacrement de la joie. Le Seigneur Jésus prend sur lui notre péché (Jean 1,29) et nous donne sa joie (Jean 15,11). Aller vers le lieu où nous recevons le sacrement de réconciliation, où nous vivons le sacrement du pardon, c’est faire le pèlerinage de la joie, le pèlerinage vers la joie.

 

Le témoignage de l’Église : la miséricorde

Jésus a fondé son Église comme un fruit de sa miséricorde pour le monde. Il l’invite à vivre de sa miséricorde pour être elle-même remplie de miséricorde pour le monde. Voilà la mission la plus essentielle de l’Église !

Nous entendons l’invitation de Jésus : « soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. » (Luc 6,36) Nous aussi, nous avons à vivre comme le bon Samaritain. Comme chrétiens baptisés, nous avons été choisis pour être « miséricordieux » comme le Père l’est avec nous. Voilà le chrétien : celui qui a le cœur bouleversé pour aimer celui qui souffre, qui s’enferme dans le mal, qui va vers sa perdition.

Jésus le dit : « aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. » (Jean 13,34) Ce « comme » dit avec netteté la manière d’aimer du chrétien. Jésus précise que c’est « son » commandement, car personne n’a aimé à sa manière à lui : il est « le Miséricordieux » fait chair. Ce qui est au cœur de Dieu et qui a été révélé dans la Loi de Moïse, annoncé par les prophètes et les Psaumes, Jésus l’a vécu parfaitement et entièrement pour nous sauver.

Aimer avec miséricorde, c’est être joyeux. Jésus est rempli de joie (Luc 10,21). Il nous invite nous aussi à la joie : « heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde. » (Matthieu 5,7)

Que nos oreilles sachent donc écouter avec amour, que nos yeux sachent regarder avec amour, que nos lèvres sachent prononcer des paroles avec amour, que nos mains sachent agir avec amour, que nos pieds conduisent nos marches avec amour, que notre visage manifeste l’amour par le sourire. Saint Paul nous indique cette attitude qui manifeste notre amour rempli de tendresse : « que celui qui pratique la miséricorde, qu’il ait le sourire. » (Romains 12,8)

Sainte Faustine, née le 25 août 1905, cette religieuse polonaise morte jeune, le 5 octobre 1938, a très tôt inspiré au séminariste Karol Wojtyla la grandeur de la miséricorde de Dieu pour le monde. Jean-Paul II l’a canonisée le 30 avril 2000. C’est elle qui a cette invitation magnifique sur l’amour par nos oreilles, nos yeux, nos lèvres, nos mains, nos pieds, nos cœurs[4].

En France, nous connaissons sainte Thérèse de Lisieux, née le 2 janvier 1873 et décédée le 30 septembre 1897, qui fit une découverte lumineuse de la miséricorde de Dieu. Il est bon que nous la redécouvrions ou que nous l’a découvrions au cours de cette Année de la Miséricorde. Habitée par l’amour qui fait grâce, qui pardonne avec joie, Thérèse laissera jaillir sa pensée profonde : « ma folie à moi, c’est d’espérer ! »

En l’Année de la vie consacrée qui s’achève ce 2 février 2016, il est bon de faire mémoire de tant et tant de consacré(e)s qui furent – et qui sont – d’humbles témoins de la tendresse de Dieu. Sainte Thérèse d’Avila, née il y a 500 ans, a voulu chanter les miséricordes de Dieu en pensant que ce chant était le résumé toute sa vie.

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L’Année sainte de la miséricorde s’ouvrira dans le diocèse, comme dans tous les diocèses du monde, le dimanche 13 décembre. Ce sera le matin dans les paroisses et les communautés religieuses où l’Eucharistie dominicale est célébrée. Ce sera l’après-midi à 16h à la Cathédrale de Rennes où j’ouvrirai la Porte Sainte de la Miséricorde. Alors chacun, chaque famille, chaque mouvement, chaque Paroisse, chaque communauté pourra faire un pèlerinage en venant franchir la Porte Sainte.

Recevons cette Année sainte comme une chance à saisir. Allons méditer en groupe la Parole de Dieu pour découvrir le trésor de la miséricorde. Faisons un examen de conscience sur nos attitudes de miséricorde les uns vis-à-vis des autres, et envers le monde. Ayons à cœur de transformer notre communauté chrétienne, notre famille en un « oasis de miséricorde[5] » comme nous y invite le pape François. Pour cela le « Guide pour entrer dans la miséricorde » est un précieux document afin que chacun vive avec joie cette Année que le Seigneur Jésus nous offre. « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation. »


[1] Voir la conférence « Époux et parents, une éminente mission », https://rennes.catholique.fr/epouxmartin

[2] Voir sur le site du Vatican son encyclique « Sauvés en espérance », Spe salvi, 30 novembre 2007, n. 3.

[3] Voir l’encyclique « Dieu riche en miséricorde », Dives in misericordia, 30 novembre 1980, n. 4.

[4] Cf. Sœur M. Faustine Kowalska, Petit Journal. La Miséricorde Divine dans mon âme, Éditions du Dialogue, Paris 1997, p. 98-99.

[5] Pape François, Le Visage de la Miséricorde, 11 avril 2015, n. 15-16.