Parole de Mgr d’Ornellas : Le prêtre est don de la miséricorde de Dieu

« Bouleversé de miséricorde », nous dit l’évangile, Jésus appelle ses disciples. Dans la continuité, les apôtres sont aujourd’hui les prêtres et les évêques.

Paru dans Église en Ille-et-Vilaine n°276, juin 2016

À la fin du chapitre 9 de son Évangile, Matthieu nous montre Jésus qui parcourt villes et villages. Il voit les foules : « elles sont harassées et prostrées comme des brebis qui n’ont pas de berger » (Matthieu 9,36). Alors, l’évangéliste nous dévoile l’attitude intérieure de Jésus : devant ce spectacle, il est « bouleversé de miséricorde » ! Que fait-il alors ? Il demande de prier : « priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson » (Matthieu 9,38). Cela ne suffit pas. Il fait venir « ses douze disciples » et « leur donna autorité » (Matthieu 10,1). Suit alors le nom de chacun des Douze. Donner autorité et dévoiler le nom, c’est instituer le Collège des douze Apôtres.

Qui sont ces Apôtres ? Ils sont envoyés par Jésus, « comme » Jésus a été envoyé par le Père (Jean 20,21). À la Pentecôte, ils reçoivent l’Esprit Saint et dévoilent alors pleinement le mystère de Jésus, mort et ressuscité (Actes 2,14-36). Avec eux, la foi de l’Église naît (Jean 20,8). Ils agissent en lieu et place de Jésus ressuscité (Actes 3,6). À ce Collège des Apôtres, succède le Collège des Évêques. Les Apôtres ont choisi leurs successeurs. Leur foi est celle des Apôtres. Certes, au long des siècles, selon les problèmes rencontrés, cette même foi a été explicitée, un peu comme les pétales d’une fleur apparaissent peu à peu.

Assumant le rôle du Bon Pasteur, ils trouveront dans l’exercice de la charité pastorale
le lien de la perfection sacerdotale
qui assure l’unité de leur vie et de leur action. (Concile Vatican II)

Ces évêques ont la plénitude du sacerdoce. Ils ont reçu la mission de « paître » les brebis de Jésus, comme cela est magnifiquement dit à propos de l’Apôtre Pierre (Jean 21,15.16.17). Ils sont des pasteurs, à cause du sacerdoce reçu qui les fait serviteur agissant au nom de Jésus ressuscité, fidèlement présent à son Église (Matthieu 28,20). Ils sont appelés à aimer les brebis, comme Jésus les a aimées (Jean 10,11-18). « On donne une preuve de son amour en paissant le troupeau du Seigneur », écrit saint Augustin.

Les évêques transmettent le sacerdoce par l’imposition des mains et le don de l’Esprit. C’est ce que je ferai le dimanche 26 juin à 15h30, pour Guillaume Camillerapp. Grâce  au  sacerdoce reçu, le prêtre est lui aussi appelé à « paître » les brebis du Christ, en les nourrissant du « pain de vie » (Jean 6,35.51.58).

Ce « pain » est tout autant la Parole de Dieu que les sacrements, en particulier l’Eucharistie. Se référant à cette phrase d’Augustin, le concile Vatican II précise : « Assumant le rôle du Bon Pasteur, ils trouveront dans l’exercice de la charité pastorale le lien de la perfection sacerdotale qui assure l’unité de leur vie et de leur action. Or, cette charité pastorale découle avant tout du sacrifice eucharistique  ; celui-ci est donc le centre et la racine de toute la vie du prêtre, dont l’esprit sacerdotal s’efforce d’intérioriser ce qui se fait sur l’autel du sacrifice. Cela n’est possible que si les prêtres, par la prière, pénètrent de plus en plus profondément dans le mystère du Christ. […] Ainsi, ils s’uniront à leur Seigneur, et par lui, au Père, dans l’Esprit Saint ; ainsi ils pourront être tout remplis de consolation et surabonder de joie », comme saint Paul (2 Corinthiens 7,4).